Arts&MétiersMag - N°424 - Février 2021 - 58

HISTOIRE & PATRIMOINE GRANDES FIGURES

Georges Gutman (Cl. 143)

PHOTO DR

Un ballon

NAISSANCE
Le 26 juillet 1925 à Paris.

CARRIÈRE
1946  Entre à la
Société nationale
des constructions
aéronautiques du
Sud-Ouest.
1949  Rejoint Dassault.
1951  Rejoint
Intertechnique,
émanation de Dassault.
1991  Départ à la
retraite.

HONNEURS

*M
 édaille du sauvetage
de l'Union soviétique.

* 1990  Prix de

l'aéronautique
de l'Association
aéronautique et
astronautique de
France.
* 1996  Prix NessimHabif.

DÉCÈS
Le 8 juin 2013 au PortMarly (Yvelines).

d'oxygène

Traqué parce que juif, Georges Gutman survécut à l'Occupation notamment
grâce à l'École, à Cluny. Dans l'industrie des équipements aéronautiques,
il deviendra un expert de renommée mondiale des régulateurs et masques
à oxygène : ceux de ce lauréat du prix Nessim-Habif 1996 sont toujours en
vigueur sur la station spatiale internationale.

O

nt-ils fui les pogroms antisémites de
leurs pays ou une situation économique précaire ? Mystère. Toujours
est-il que Jacob Mayer Gutman, un
Polonais, et Cheindel Vikniansky,
une Russe, se sont réfugiés à Paris. Il est tailleur
pour hommes, elle est sténodactylographe, ils
tombent amoureux et se marient en 1924. Un
an plus tard, naît leur fils, Georges Michel. La
famille s'installe au 36 de la rue Stephenson
dans le 18e. Le 14 mai 1941(1), convoqué par la
police française, Jacob Mayer Gutman se
présente au commissariat du quartier de la
Goutte-d'Or. Arrêté, il est immédiatement
emmené au camp de Pithiviers (Loiret). Le

25 juin 1942, déporté avec le convoi n° 4, il est
envoyé à Auschwitz où il arrive le 27, matricule 42.115. Georges, 16 ans, et sa mère n'auront plus jamais de nouvelles.

LES RECOINS DE CLUNY
Ils se réfugient à Lyon 5e, chez M. Akermann,
au 10 de la montée des Épies. Après le lycée
La Martinière, Georges Gutman intègre les Arts
et Métiers à Cluny. Il devient notamment l'ami
de Maurice Bardel (Cl. 142). Le fils de ce
dernier, Michel (Ch. 166), relate que lorsque
les Allemands, en 1943, recherchèrent trois
élèves juifs au sein de l'établissement, ses camarades cachèrent Georges dans un recoin de la

Les arrestations de février 1944
cours d'anglais à la Prat's (préparatoire aux Arts
et Métiers). Lagardelle sera libéré le lendemain,
grâce aux vigoureuses protestations du Gnass
(sous-directeur), Antoine Michel. Nouvelle
descente le 17 : treize officiers mécaniciens qui
suivent des cours à l'École depuis avril 1943 et
Francis Gelin, dit Cassis, aide-cuisinier, sont
arrêtés. L'intendant et le Gnass les
accompagnent jusqu'à la «Kommandantur»(2).
Michel et Gelin seront déportés.

Albert Giroux était employé chez Perraud, ferblantier.
Durant la perquisition, il resta suspendu à une poutre dans
les combles.
(2)
De nos jours, l'Hostellerie d'Héloïse, à l'entrée de la ville sur
la route de Mâcon.
(1)

PHOTO DR

Du 14 au 17 février 1944, sur dénonciations
notamment, la police de sûreté nazie
(Sipo-SD) procède à des arrestations dans
Cluny. Environ 80 personnes seront jetées dans
les prisons lyonnaises, puis dans les camps.
L'opération vise surtout l'École d'Arts et Métiers.
Le 15, quarante Allemands y recherchent un
certain Albert Giroux(1). Tous les élèves et le
personnel sont tenus en joue dans la cour des
heures durant, pendant que les Allemands
perquisitionnent. Les professeurs Mussetta
(Cl. 132) et Morlevat, l'agent technique Guillotin
et le directeur Lagardelle sont emmenés en
représailles. Marie-Louise Zimberlin, dite La Zim,
professeure et cofondatrice du mouvement
Franc-Tireur, est également arrêtée en plein

Georges Gutman en 1943.

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N°424 / Février 2021
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