Arts&MétiersMag - N°429 - Septembre 2021 - 20

ENTREPRISE USINE DU FUTUR
VINCENT EFFRAY
(An. 180), directeur
des opérations
de Demgy Group.
LA CHORÉGIE
DES FLUX
CHEZ DEMGY
En route vers l'industrie du futur, le groupe de
plasturgie Demgy a commencé à moderniser ses usines.
Parmi les actions qu'il a lancées, il y a notamment
l'optimisation des flux entre l'atelier injection et
le contrôle qualité sur le site Atlantique.
GUILLAUME
DUBOURG,
responsable qualité
de Demgy Atlantique.
YANN RODRIGUES,
consultant de Still.
incent Effray (An. 180) a été engagé il y a quatre
ans par le plasturgiste Demgy Group (ex-Dedienne
Multiplasturgy) pour faire prendre le virage 4.0
au modèle de production. «Les nouvelles technologies,
système d'information compris, ne sont
que des outils, affirme celui qui est à présent directeur des
opérations du groupe. Encore faut-il savoir ce qu'on veut en
faire.» Vincent Effray a donc insisté sur le besoin de disposer
d'informations fiables et de veiller à la maîtrise des données.
En effet, de la justesse des informations collectées dans les
ateliers dépend la qualité des produits finis. Les données erronées
à l'entrée le seront à la sortie - et, alors, adieu les
améliorations espérées ! Selon lui, «le déploiement de nouveaux
outils vient naturellement à partir du moment où les
utilisateurs en saisissent pleinement l'utilité - d'où l'intérêt
des chantiers pilotes», qui sont autant de preuves de concept.
Avec les responsables des opérations de chaque usine du
groupe, Vincent Effray a élaboré le Demgy Manufacturing
System (DMS). Six axes majeurs (1)
articulent le DMS, sorte
de bible des principes directeurs de la modernisation des
sites de production. Un des six axes, la «smart factory» (usine
du futur), met l'accent sur le management visuel (pilotage
Retour sur investissement
en moins d'un an
20 Arts&MétiersMAG
N°429 / Septembre 2021
V
de la production s'appuyant, entre autres, sur des codes
couleur), les machines connectées (suivi en temps réel des
paramètres clés), le zéro papier (gestion électronique des
données, GED) et les POC (preuves de concept).
Celui qui dit préférer «un outil rustique qui fonctionne au
super truc moderne mais inopérant» a déjà lancé plusieurs
chantiers, dont celui de la GED : «L'objectif est l'accès, où
qu'on soit et dans les limites de ses droits, au dernier document
validé. Tel que nous le déployons, le zéro papier
permettra également une mise à jour permanente.» C'en
sera fini des documents en plusieurs exemplaires, voire en
plusieurs versions, sources de confusions.
Parallèlement, différentes preuves de concept ont démarré
dans les usines du groupe. À Gétigné (Loire-Atlantique), sur
le site Demgy Atlantique, le chantier consistait à optimiser
les flux de l'usine en priorité.
En dépit de la crise sanitaire, qui a mis un coup de frein sur les budgets programmés en
2019, le retour sur investissement de l'automatisation des flux de l'atelier d'injection sera,
selon les intéressés, de moins de douze mois. «Le temps récupéré sur les tâches sans
haute valeur ajoutée sera réinvesti dans des projets d'amélioration, promet Guillaume
Dubourg, responsable qualité de Demgy Atlantique. C'est le moment idéal pour
enclencher un cercle vertueux qui remet l'humain au centre de la création de valeur.»
ANALYSER POUR MIEUX DOMPTER
«Identifier les tâches chronophages et non productives de
l'atelier injection et imaginer des solutions pour les automatiser»,
telle a été la mission de Guillaume Dubourg, responsable
qualité de Demgy Atlantique. C'est la raison d'être du
projet Optiflow qu'il dirige.
Lancée en janvier 2020, la première phase du projet a duré
toute l'année. Selon Guillaume Dubourg, «cette période,
consacrée à la cartographie de l'usine, a permis d'identifier
les différentes zones de travail. Un préalable indispensable
à la collecte et à l'analyse des flux, de la réception à l'expédition,
en passant par l'approvisionnement des
lignes et l'élimination des déchets de production...
jusqu'au déplacement des produits finis
vers leur zone de stockage». Le recueil des
données a été réalisé à l'aide de smartphones
fixés sur les chariots élévateurs, gerbeurs et
autres petits chariots (trolleys) - six machines
au total. Les informations recueillies par une
application créée sur mesure ont été enregistrées
dans une banque de données, à partir de laquelle
ont été tracés les différents flux, mesurées
les distances parcourues, évalués les volumes
transportés, etc. «Les résultats ont été sans
appel : la collecte et le transport des échantillons
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