Arts&MétiersMag - N°429 - Septembre 2021 - 70

CULTURE & LOISIRS À LIRE
par Henri Frier
(Ai. 163)
LES GADZARTS
publient
Fleurs de Marco Martella,
éd. Actes Sud, coll. Un endroit
où aller, avril 2021, 208 p.
Faire repousser
l'Éden
CONVERSATIONS Écrivain et jardinier,
Marco Martella se balade
depuis plus de dix ans entre massifs
fleuris et rayonnages de bibliothèques,
comme entre réel et
fiction. Parmi les «amis» qu'il rencontre
dans ces huit récits aux titres
floraux («Narcisses», «Églantines»,
etc.), on croise le paysagiste Gilles
Clément, sa consœur de l'écurie
Actes Sud, Pia Petersen, ou le douteux
Teodor Ceri´c - pseudonyme
de Martella. On peut écarter le récit
«Roses», où le canular s'essouffle.
Mais quêtes de la beauté et
fuites au plus profond des forêts
relancent le propos, et le récit
«Zagare», nom sicilien des fleurs
du citron de Palerme, parfume
l'impossible oubli du souvenir.
«Les livres sont un peu comme les
jardins, confie Pia Petersen, de jolis
rêves qui ne servent qu'à nous
faire nous sentir de temps en temps
moins seuls.» Et Saint-Exupéry,
fait pour être jardinier, est dans
l'arrière-texte de la page 88 attribuée
au poète Novalis : «Il faut réunir
tous les éclats d'éden éparpillés
dans le monde. Est-ce à cela que
servent l'art ou la poésie ? À refaire
de cette pauvre Terre des hommes
un paradis ? Peut-on faire repousser
l'Éden ?» Oui, si on a la main
verte comme Martella. H. F.
70 Arts&MétiersMAG
N°429 / Septembre 2021
Georges Brassens,
le libre poète
Hors-série du groupe la Dépêche
du Midi, décembre 2020, 178 p.
Il habite
en nous tous
COMMÉMORATION Sur la première
page de ce hors-série, on lit :
«Georges Brassens, né il y a 100 ans
à Sète»... Deux chiffres pour cet
amoureux des lettres !
Le 22 octobre 2021, pour l'anniversaire
de Brassens, fleuriront sans
doute des kyrielles de célébrations.
Mais l'auteur de la «Mauvaise réputation»
a fustigé par avance ces
«Trompettes de la renommée».
Cet ouvrage sans prétention est du
même intérêt pour l'amateur et le
collectionneur. C'est le mérite des
méthodes journalistiques : apporter
de l'inédit, de l'inattendu, des
avis contradictoires. Et des documents
photographiques, des plus
connus aux plus rares. «Dieu reconnaîtra
les siens», tant et tant de
«Copains d'abord !» ayant déjà,
depuis quarante ans (1)
, écrit sur
leur Brassens. Le modeste édito
d'Arnaud Boucomont, du «Midi
libre», rappelle : «Chacun a son
Brassens dans la tête. Mais il n'appartient
à personne. Il était libre.
Avec le lot de tourments que ce
type d'exigence impose. Il était touchant.
Il était celui qui ose.»
Venez à Sète visiter l'Espace Brassens
(lire page suivante) ! H. F.
(1)
La camarde a emporté Brassens
le 29 octobre 1981, à 60 ans. Une coquille
oubliée donne la date erronée du 29 mai !
Hippolyte Fontaine
(1833-1910), de la rue
des Godrans au château
de Monte-Cristo
de Bernard Quinnez, autoédition,
février 2021, 142 p.
Un Gadzarts
oublié
de la fée électricité
MONOGRAPHIE
Hippolyte Fontaine
(Ch. 1848), injustement absent
de la fresque de Dufy au musée
d'Art moderne de la ville de
Paris (1)
, a été un acteur majeur du
développement de l'électricité.
L'auteur en retrace l'itinéraire personnel
et professionnel, la réussite
exceptionnelle des trente ans de
l'association de Fontaine avec le
physicien belge Zénobie Gramme,
inventeur de la dynamo, la démonstration
du transport de l'énergie
électrique, son élan fédérateur
d'homme de communication, son
rôle de premier plan dans la création
de l'école attachée au laboratoire
central des Industries électriques
(future Supélec). Sans
omettre sa tocade pour l'extravagant
château de Monte-Cristo à
Port-Marly (Yvelines), racheté à
Dumas. Dans les dernières pages,
est présenté le musée de l'Électricité
de Bourgogne Hippolyte-Fontaine
(2)
, créé en 1992.
H. F.
(1) «La Fée électricité», de Raoul Dufy (1937).
(2) L'ouvrage est vendu 15 € au musée,
24, rue François-Mitterrand, à
Saint-Apollinaire (Côte-d'Or) ;
www.musee-electricite.fr ; 06 07 86 64 16.
Automobiles Peugeot
1888-1914, l'éclosion
de Bernard Derelle (Ch. 168),
Éditions BDLM, janvier 2021, 96 p.
Le visionnaire
et les créateurs
HISTOIRE Le visionnaire, c'est
Armand Peugeot, issu d'une dynastie
d'entrepreneurs. Durant
ses études en Angleterre, il se
prend de passion pour le bicycle.
À son retour, il persuade
les Fils de Peugeot Frères (FPF),
des quincailliers, de se lancer
dans cette voie. L'entreprise présente
un tricycle motorisé à vapeur
à l'exposition universelle
de 1889. Un des clients de FPF,
Émile Levassor, initie Armand
aux moteurs à gaz de pétrole.
Le quatuor de créateurs retenus
par l'auteur comprend deux
Gadzarts : Louis Rigoulot
(Ch. 1860) et Gratien Michaux
(Ch. 1887), pilotes de ces bolides.
Le premier participe à la
course Paris-Brest (aller-retour),
en 1891, aux commandes d'un
quadricycle Type 3. Il fonce à
13,5 km/h ! Il dirigera l'usine
d'Audincourt (Doubs). Le second
est recruté fin 1890 au
bureau de dessin des vélocipèdes
de FPF. Notre camarade
Derelle n'oublie pas les ouvriers
qui permirent la naissance des
Automobiles Peugeot dans le
Pays de Montbéliard. Lecteur,
en voiture (1)
!
(1) www.editions-bdlm.com, onglet
«Histoire et Ethnologie des techniques».
H. F.
PHOTO C. MOITIÉ / AMM
https://www.linkedin.com/in/henri-frier-b8670319/ http://www.editions-bdlm.com http://www.musee-electricite.fr
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