Arts&MétiersMag - N°434 - Mars 2022 - 29

L'automatisation inspire toujours de véritables craintes chez
ces derniers. Pour beaucoup, elle est synonyme de destruction
d'emplois. Des sentiments qui, au quotidien, s'avèrent
contre-productifs et qui freinent les projets et la performance
des installations robotiques. Les services des ressources
humaines doivent dédramatiser l'automatisation en cours,
accompagner les équipes en soutien des manageurs (1)
, lever
les résistances au changement. Le but visé étant une juste
répartition des tâches entre humains et robots, et cette question
est particulièrement essentielle avec les fameux cobots,
ces robots collaboratifs qui œuvrent au côté de l'être humain.
ATTIRER DES COMPÉTENCES ET LES GARDER
Les changements technologiques liés à la robotisation entraînent
de nombreux besoins en compétences auxquels les
ressources humaines doivent répondre. Comme toute machine,
un robot n'est performant qu'accompagné des compétences
pour le piloter. Cependant, les entreprises peinent
à recruter des professionnels de l'automatisme et de la robotique.
Une pénurie de compétences qui se creuse avec le
nombre croissant d'usines qui empruntent la voie de la robotisation
dans de nombreuses fonctions - méthodes,
maintenance, production, etc.
Un rôle essentiel des RH est, bien sûr, d'attirer ces talents.
Mais il s'agit aussi de les garder dans l'entreprise, et ce n'est
pas le plus facile : on parle aujourd'hui d'acquisition des
talents mais aussi de fidélisation des salariés (2)
. Dans ce
contexte de guerre des talents, les entreprises s'arrachent les
meilleurs. Et celles qui gagnent sont celles qui auront travaillé
activement leurs atouts au préalable (salaire, avantages,
conditions de travail, perspectives, image de marque, etc.).
Une fois ces processus de recrutement menés à bien, la formation
continue des salariés demeure un enjeu majeur.
Certaines formations se déconnectent des besoins du terrain
et adaptent mal leurs contenus. Pire, il n'est pas rare d'entendre
des a priori négatifs sur la robotisation ou la maintenance
dès la cour des collèges - un désastre lorsqu'il s'agit
d'attirer de jeunes talents dans les formations initiales de ce
domaine. C'est pourquoi les ressources humaines doivent
entretenir un lien fort avec le système éducatif et les organismes
de formation, notamment pour que ces derniers
puissent anticiper au mieux les évolutions des compétences.
ACCOMPAGNER LES ALTERNANTS
Par ailleurs, les RH sont directement impliquées dans la
formation au travers de l'accueil des alternants ou de l'encadrement
de thèses de doctorat, par exemple. L'accueil de
l'alternant et son accompagnement nécessitent des ressources
internes réellement disponibles car celui-ci devra progressivement
délaisser son rôle d'exécutant pour devenir autonome
et force de proposition. Cet accompagnement, basé
sur le partage de compétences, a prouvé son intérêt tant
pour l'entreprise que pour le marché de l'emploi.
Si les compétences techniques évoluent vite, les aptitudes
utiles en environnement fortement automatisé, ne sont pas
exactement les mêmes que dans les usines plus traditionnelles.
Adaptation, esprit collaboratif, rigueur et engagement,
ces qualités sont recherchées et doivent être développées au
sein des effectifs.
Recruter, former, motiver : finalement, les RH se positionnent
comme de véritables copilotes des démarches d'automatisation.
Vecteurs essentiels des performances des professionnels,
ils sont le lien essentiel entre robots et talents.
Grégoire Buffet (Bo. 191)
(1)
Les Anglo-Saxons parlent de «HR business partners» (en français «partenaires
d'affaires en RH»). Ce sont des relais en ressources humaines au sein
des différents services de l'entreprise.
(2)
Les Anglo-Saxons disent «talent acquisition» et «talent retention».
Arts&MétiersMAG
N°434 / mars 2022
29
Pour que les robots
s'inscrivent
au mieux dans
la dynamique
actuelle d'usine du
futur, les ressources
humaines doivent
ouvrir le dialogue
avec les salariés de
tous les services de
l'entreprise et avec
les organismes
de formation.
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