Arts&MétiersMag - N°436 - Mai 2022 - 40

DOSSIER HYDROGÈNE
La production d'hydrogène vert
concentrée dans 7 bassins industriels
pompe. Selon Xavier Sauge (Xydrogen),
«l'augmentation du prix de l'essence à cause de
la guerre en Ukraine est un tremplin pour la
mobilité hydrogène. Six litres de Diesel permettent
de parcourir en moyenne 100 kilomètres.
En comparaison, un kilo d'hydrogène
permet à un véhicule léger de rouler 100 kilomètres
aussi. Pour le consommateur, à
1,85 euro par litre le Diesel contre 9 euros le
kilo d'hydrogène, ce dernier devient compétitif.
Neuf euros, c'est le prix à atteindre dans les
appels à projets " écosystèmes " territoriaux».
LE RÔLE CLÉ DES TERRITOIRES
Il semble que certains investisseurs appliquent
à l'hydrogène vert le modèle économique des
énergies renouvelables. Selon Pascal Louvet,
«nous nous retrouvons plutôt dans le modèle
économique du gaz», d'où l'importance du
déploiement de stations de recharge à travers
le territoire national.
Ce n'est donc pas un hasard si le pan industriel
du gouvernement a été renforcé par un pan
territorial. L'objectif de ce dernier est la création
de partenariats forts entre collectivités et industriels
afin de synchroniser au mieux la distribution
de l'hydrogène et le développement des
usages sur les territoires concernés. L'Auvergne-Rhône-Alpes
a été précurseur, en lançant
dès 2018, le chantier «zéro émission valley».
L'appel à projets «hubs territoriaux
d'hydrogène», lancé en 2020 par l'Ademe et
doté de 275 millions d'euros, encourage donc
le déploiement de tissus économiques territoriaux
de grande envergure pour favoriser au
maximum les économies d'échelle.
Il a été complété, un an plus tard, par l'appel à
projets européen «mécanismes pour l'interconnexion
en Europe, volet transport», dont
l'objectif est la création de corridors routiers
transfrontaliers. Le déploiement simultané des
infrastructures de production et de stockage
(lire p. 41), de distribution d'hydrogène (lire
p. 42) et de véhicules à hydrogène (lire p. 44)
conditionnera la pérennité du marché de la
mobilité «lourde» fonctionnant à l'hydrogène.
On se souvient tous du problème de l'œuf et
de la poule qui a longtemps handicapé le développement
du marché des véhicules électriques.
«Aujourd'hui, la problématique n'est ni technique
ni financière. C'est plutôt la lenteur du
déploiement de l' " écosystème " [tissu économique,
NDLR]. Nous pouvons passer à l'échelle
industrielle d'autant plus facilement que le
montant des subventions publiques est très
élevé», alerte Xavier Sauge.
Djamel Khamès
40 Arts&MétiersMAG
N°436 / mai 2022
Besoin H2
kilotonne/an
> 10 kt/an
5,0
0,0
SUD
OUEST
Départements concentrant un besoin
important de H2 pour l'industrie en 2030
MÉDITERRANÉEN
Départements concentrant un besoin
important de H2 pour la mobilité en 2030
Les chiffres clés de la mobilité lourde
selon France Hydrogène
L'association professionnelle France Hydrogène a imaginé deux scénarios :
«Ambition 2030» et «Ambition+ 2030», ce dernier à la suite de la
réévaluation des objectifs européens de décarbonation (plan Fit+55).
Pour rappel, dans sa dernière programmation pluriannuelle de l'énergie, l'État s'est donné
pour objectif, d'ici à 2028, la réalisation de 20 000 à 50 000 voitures ou véhicules utilitaires
légers ; de 2 000 à 5 000 véhicules lourds (poids lourds, bus, autocars, bennes à ordures
ménagères, trains, navires).
AMBITION 2030
23,5 % pour le secteur de la mobilité,
soit l'équivalent de :
160
kilotonnes/an
300 000
véhicules légers
5 000
poids lourds
65
bateaux et navires
100 trains
325
kilotonnes/an
AMBITION+ 2030
30 % pour le secteur de la mobilité,
soit l'équivalent de :
450 000
véhicules légers
10 000
poids lourds
135
bateaux et navires
250 trains
Dans un communiqué du 30 septembre 2021, le Conseil national de l'hydrogène écrit que
l'argent du plan national hydrogène va notamment accélérer l'installation de méga-usines de
production d'électrolyseurs, en concentrant leur déploiement dans sept bassins industriels majeurs en
France, leur interconnexion n'étant pas une priorité immédiate. Sur les 700 000 tonnes d'hydrogène
décarboné qui devraient être produites en 2030 (soit 52 % du total de l'hydrogène fabriqué en
France), environ 342 000 tonnes seraient consommées par les usages de mobilité.
NORD
VALLÉE
GRAND
OUEST
DE LA SEINE
MOSELLE-RHIN
RHÔNALPIN
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