Arts&MétiersMag - N°436 - Mai 2022 - 59

Ces Gadzarts
rois des airs
Petite liste, non exhaustive, de Gadzarts et affiliés ayant
participé à l'aventure des aérostats entre le XVIIIe
siècle
et le début du XXe
siècle.
François-Emmanuel Molard fut élève aérostier en janvier 1795. Plus
tard, devenu ami du Duc, c'est lui qui créera l'école d'Arts et Métiers
de Beaupréau dont il organisera le transfert à Angers (1)
.
En août 1783, le premier ballon à hydrogène, sans être humain à
bord, atterrit à Gonesse où les paysans, surpris, le détruisirent.
de scientifiques confirma le succès de ses travaux, cette fois
en montant à bord : le 1er
et l'un des frères Robert s'envolèrent du jardin des Tuileries,
à Paris 1er
. Au-dessus d'eux, 380 m3
plus de deux heures, atteignant 3 000 m d'altitude, ils parcoururent
une quarantaine de kilomètres pour atterrir à
Nesles-la-Vallée (Val-d'Oise).
OBSERVATION SUR CHAMP DE BATAILLE
La compétition entre scientifiques, puis la première traversée
aérienne de la Manche deux ans plus tard amena l'idée
d'un usage militaire. Le 7 janvier 1785, en effet, Jean-Pierre
Blanchard et John Jeffries décollèrent de Douvres, au sud-est
de l'Angleterre, pour traverser la Manche à bord d'un ballon
gonflé à l'hydrogène. Ils atterrirent à Guînes (Pas-de-Calais)
après plus de deux heures de vol.
Avec la fine fleur scientifique de l'époque, le mathématicien
Gaspard Monge, membre de l'Académie des sciences de
Paris, obtint de la Convention la création de la 1re
comdécembre
1783, Jacques Charles
d'hydrogène. Pendant
Paul Rolier (An. 1860) était un aérostier, élevé au grade de
capitaine. Durant la guerre franco-prussienne de 1870,
Paris était assiégée depuis soixante-sept jours quand il
reçut l'ordre de se rendre à Tours en ballon pour apporter
à Gambetta, ministre de l'Intérieur, deux dépêches
du général Trochu, quatre sacs de courrier et six pigeons.
Le 24 novembre 1870, il décolla sur «La Ville d'Orléans»...
mais atterrit à Lifiell (2)
, en Norvège ! La Norvège
frappera une médaille, vendue au profit des blessés de la
guerre, et exposera la nacelle au Norsk Teknisk Museum
d'Oslo. Rolier deviendra industriel à Serquigny (Eure), commune dont
il sera maire en 1900 et qui conserve des liens avec l'État scandinave.
Charles Patrouilleau (An. 1870), sergent d'aérostat, participa avec
succès aux manœuvres de 1880 durant lesquelles fut utilisé un appareil
de production d'hydrogène pour le gonflement des ballons
d'observation (lire l'article sur la technique p. 61).
Gratien Michaux (Ch. 1887) conçut et fabriqua en 1915 des moteurs
250 et 325 HP pour la société de navigation aérienne Gayet avec lesquels
le dirigeable «Pilâtre de Rozier» accomplit un périple de 400 km
pour larguer 18 obus sur les usines Stumm-Halberg en Allemagne.
Louis Coatalen (Cl. 1895), directeur de Sunbeam, mit au
point et construisit les cinq moteurs du dirigeable Type 33
(ci-contre) de la William Beardmore & Co, avec lequel le
major George Herbert Scott a effectué la première traversée
aérienne de l'Atlantique Nord en juillet 1919.
Charles Cormont (An. 1895) dirigea Zodiac, société
créée en 1909, la première à concevoir et produire des
dirigeables.
Hilaire Guilbert (An. 109) fut un aérostier-observateur durant la
Première Guerre (ci-contre). Chaque jour, il couchait son histoire
dans quatre carnets de moleskine. De ce témoignage rare et
émouvant, sa fille, l'historienne Sylvette Guilbert, a tiré
un article (3)
qui montre que le profil généraliste des
Gadzarts est précieux pour «servir» un outil nécessitant
la maîtrise de la mécanique en conditions extrêmes, la
fabrication de l'hydrogène, la conduite du treuil et un
esprit ouvert à la science météorologique, entre autres
disciplines. Il mentionne ses camarades de promotion,
Charles Bénard et Henri Debregeas, ainsi que ceux des suivantes,
Léon Duverger et Raoul Quéré (An. 110) et Maurice
Subra (Pa. 112). Ayant commencé simple soldat deuxième classe à
pantalon garance, il est libéré en bleu horizon, sergent avec l'insigne
du mécanicien aérostier à la roue dentelée. Il aura été trois fois «descendu»
par les avions Taube. Le 11 novembre 1983, il recevra des
mains de son fils, le contre-amiral René Guilbert (Ch. 139), la médaille
de chevalier de la Légion d'honneur.
H. F. (Ai. 163)
Jean-Pierre Blanchard et John Jeffries furent les premiers
à traverser la Manche à bord d'un ballon gonflé à l'hydrogène
le 7 janvier 1785.
(1) Lire aussi notamment AMMag de novembre 2018, p. 66.
(2) Jules Verne a transposé cette mésaventure dans «l'Île mystérieuse» (1874).
(3)
«Un Gadzarts aérostier, 1914-1918», paru dans la revue «Études marnaises», tome CXXXIII
(2018), Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne.
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N°436 / mai 2022
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