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prise de pressoirs, à présent leader de son secteur. Son frère
cadet, Pierre, le suit aux Arts et Métiers d'Aix en 1887, Louis
et Victor déposeront de nombreux brevets. Quant à Petrus,
il emprunte une autre voie : à 24 ans, prêtre missionnaire,
il part pour le Japon évangéliser et développer un orphelinat
avec l'aide discrète de sa famille. Il y mourra en 1933.
LA TRENTAINE PROLIFIQUE
Habitué depuis toujours à gérer seul l'entreprise, Félix laisse
du temps à son fils pour développer ses passions variées :
Marius apprécie le secteur automobile naissant comme le
théâtre basé sur la mythologie ! Passionné de voitures et de
vitesse, il acquiert les véhicules les plus puissants de
l'époque : en 1901, ce sera une Darracq 12 CV, qu'il remplace
l'année suivante par une De Dietrich, version course.
Plus rapide, celle-ci roule à la vitesse folle de 80 km/h !
«Déçu» de ce qu'il trouve sur le marché, il entreprend de
concevoir une voiture qu'il réalise en 1920 et utilise comme
En 1899, Marius
Marmonier (Ai. 1883)
déposa un brevet
avant-gardiste. Son
moteur à explosion à
taux de compression
variable sera analysé
dans le «Bulletin des
Arts et Métiers» paru
en février 1900.
voiture familiale. Mais, avide de vitesse, il ne résiste pas à la
mythique Bugatti type 35 frôlant les 200 km/h, qu'il achète
à 56 ans, dès sa sortie en 1924 !
Il dépose des brevets avant-gardistes pour moteurs à explosion.
En 1899, à 31 ans, il conçoit un moteur à explosion à
taux de compression variable, analysé dans le «Bulletin des
Arts et Métiers» de février 1900. La variation du taux de
compression était obtenue par un contre-piston monté sur
la culasse. Plus d'un siècle plus tard, les motoristes de Volvo
et PSA auraient développé des moteurs expérimentaux sur
cette idée (2)
! Puis, en 1905, à 37 ans, il imagine le moteur à
explosion à détente complète : les gaz d'échappement des
deux cylindres latéraux sont injectés dans les deux cylindres
centraux d'un diamètre supérieur pour en assurer la détente
totale, améliorant ainsi le rendement du moteur et sa souplesse.
La société Illmor, qui a œuvré pour la F1, aurait
expérimenté un moteur au concept proche (2)
.
JULIEN MALRIC, AUTEUR DE THÉÂTRE
Le passionné Marius est aussi un littéraire. Marmonier étant
devenu le nom d'une marque réputée de pressoirs et celui
de toute une famille, il écrit sous noms d'emprunt.
Avant-gardiste à la Bertolt Brecht, dans sa conception sobre
et violente, il imagine, sous le pseudonyme de Julien Malric,
des spectacles d'inspiration biblique ou de la mythologie
grecque, avec des tableaux où s'entrechoquent des débris
de mondes et des acteurs hantés par l'âme soucieuse des
générations futures. À 30 ans, il rédige sa première pièce de
théâtre, «la Nuit». Dans son avant-propos, l'auteur écrit :
«De tout le temps, l'imagination humaine, guidée par de
suprêmes pressentiments, s'est attachée à devancer l'avenir.
On doit attendre beaucoup de curiosité qu'éveillera parmi
les spectateurs un théâtre de vision aux lumières peuplées
La tribu Marmonier sur la De Dietrich en 1902. Marius est assis au fond, au centre, entouré
de ses trois frères, avec Gabrielle à ses côtés. Ses parents sont à l'arrière et ses filles devant.
(1) Selon l'état civil, le grand‑père se prénommait en réalité Félix Norbert et
siècle de se choisir un prénom d'usage : ce sera Norbert pour
le grand‑père ; Félix et Maria pour les parents.
(2)
Selon Jean Marmonier, petit‑neveu de Marius.
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N°437 / juin-juillet 2022
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les parents Jacques Félix et Marie Joséphine Pierrette. Mais il était courant
au XIXe
PHOTO ARCHIVES FAMILIALES J. MARMONIER
PHOTO M. MIGNOT / «BULLETIN DES ARTS ET MÉTIERS»

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