Arts&MétiersMag - N°438 - Septembre 2022 - 47

Hélas, cette même tempérance et cette même
connaissance peuvent aussi servir des intérêts
égoïstes ou des âmes frileuses, leur permettant
de contester toute résistance en se retranchant
derrière une doctrine religieuse («tu ne tueras
point»), une philosophie sociale et politique
(«les peuples opprimés de la Terre, victimes du
capitalisme sauvage et des impérialismes»), ou
même un credo économique («ça coûte cher,
y compris en vies, ce n'est pas bon pour le
business, sauf pour l'armement»), etc. Nous ne
manquons pas d'arguments, se présentant tous
sous leur plus bel habit, qui soient propres à
attendrir les âmes les plus charitables ou les
plus influençables, pour masquer notre refus
de voir et d'entendre les nouveaux dictateurs
qui menacent nos démocraties et nos vies.
ILLUSION D'UNE PAIX IRRÉVOCABLE
C'est que nous sommes encore bercés dans
l'illusion qui avait fini par s'installer en Europe
qu'une guerre n'est tout simplement plus imaginable
aujourd'hui. Ne sommes-nous pas modernes
? démocrates ? outillés en systèmes d'information,
bref : plus «intelligents» que nos
aïeux «va-t-en-guerre» ? Le constat du contraire
est rude pour nos dirigeants et pour nos
peuples, en particulier le nôtre, relativement
éloigné du bruit des bottes. Aussi l'exemple
polonais cité ici, au travers de quelques mots
et du sursaut de toute une population qui allait
le payer très cher, devrait-il résonner d'autant
plus en ces temps troublés pour nous rappeler
cela : en dépit des recommandations de façade
des «sages» dissimulant les plus lâches, il n'y a
que l'honneur et l'entraide qui ont véritablement
du sens dans nos misérables existences d'humains
consommateurs.
Jean-Baptiste Micewicz (Cl. 177)
(1) Déclenchée le 1er
août 1944 à 17 h, elle dura soixante-trois
jours, au prix d'une destruction quasi complète de la ville et de
souffrances humaines. Dirigée par l'«Armia Krajowa», l'armée
de l'Intérieur sous l'égide du gouvernement polonais en exil à
Londres, elle n'eut aucun soutien des troupes soviétiques
présentes, qui reçurent l'ordre de Staline de ne pas bouger.
(2)
L'Europe s'était
installée dans l'illusion
qu'une guerre n'était plus
possible de nos jours.
Le constat du contraire est
rude depuis le 24 février et
l'attaque de l'Ukraine par
la Russie. Seuls l'honneur
et l'entraide ont du sens
dans nos misérables
existences d'humains.
La constitution polonaise fut votée le 3 mai 1791. Pendant la
période communiste d'après-guerre, la fête nationale fut
déplacée au 22 juillet, date de l'entrée de l'Armée rouge en
Pologne en 1944 (sa première incursion fut le 17 septembre
1939, pour se partager le pays avec les Allemands aux termes de
l'annexe secrète du pacte germano-soviétique).
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N°438 / septembre 2022
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