Arts&MétiersMag - N°438 - Septembre 2022 - 53

poursuit pour de rares élèves de la rentrée 1914 jusqu'à
l'été 1915. À la mi-octobre 1914, après l'arrivée des troupes
britanniques, les quelque 300 lits de l'internat sont occupés
par des malades et des blessés, et 400 ouvriers produisent,
jour et nuit dans les ateliers, du matériel de guerre.
L'école et la ville d'Armentières sont de plus en plus lourdement
bombardées. Durant l'été 1915, les équipements
des ateliers sont transférés vers Hazebrouck, à une petite
trentaine de kilomètres à l'ouest, et le personnel évacué en
mars 1916. L'école est en ruines. Sa mobilisation lui vaudra
la croix de la Légion d'honneur en 1938.
RECONSTRUCTION DE L'ENTRE-DEUX-GUERRES
La reconstruction des bâtiments, conforme aux plans d'origine
de Chipiez, commence en août 1920. Les travaux étant
menés tambour battant, une promotion est accueillie dès la
rentrée 1921 : 110 élèves en 1re
année, 45 en section préparatoire
à l'entrée à l'ENP et 38 en section de préparation
aux Arts et Métiers. Devant le succès des recrutements, il
devient nécessaire de déplacer la section préparatoire au
collège d'Armentières dès 1923. En 1924, l'école repasse
sous l'égide du ministère de l'Instruction publique et de
nouveaux programmes remplacent ceux de 1914. La culture
générale, notamment, prend une plus grande place. Des
extensions permettent de créer un terrain de sport en 1934
et, en 1938, la superficie totale atteint 7 ha.
Après l'armistice de juin 1940, l'école ferme. Durant l'Occupation,
les élèves sont répartis dans les autres ENP, moins
exposées. La ville est bombardée en mai 1940 par les Allemands,
puis massivement à l'été 1944 par les Américains.
Intacte, l'école est pillée par les Nazis. À la Libération, elle
est rééquipée avant de rouvrir ses portes.
Comme toutes les ENP, Armentières change de statut. Au
fil des réformes, les appellations se succèdent : lycée technique
d'État en 1960, puis lycée technique régional, lycée
scientifique et technique et, enfin, lycée Gustave-Eiffel depuis
1998. Impossible d'évoquer une ENP sans parler de la disÉtude
des machinesoutils
en cours
de construction
mécanique.
Les neuf heures
quotidiennes de cours
allaient de 8 heures à
18 heures 30, avec une
pause pour déjeuner.
cipline qui y régnait. Certes, Armentières a les meilleurs
ré sultats : aucun échec au concours d'entrée aux Arts et
Métiers ! Mais le niveau d'exigence est très élevé.
UNE DISCIPLINE DE FER
Entrés sur concours, les élèves sont notés régulièrement et
les contrôles sont trimestriels. Leur moyenne ne doit pas
être inférieure à 12 sur 20 : en dessous, c'est le redoublement,
voire le renvoi pour inaptitude. Sans compter les exclusions
pour faute «grave» en cours de route. Seule la moitié des
élèves termine le cycle et ils sont encore moins nombreux à
être brevetés. Les plus studieux et doués préparent, en deux
ou trois ans, le concours d'entrée aux Arts et Métiers.
Les cours couvrent 43 heures par semaine réparties en : seize
heures de matières scientifiques, quinze d'enseignements
professionnels, dix heures de culture générale et deux heures
de sport. Levés avant 6 heures, les élèves ont une heure
d'étude avant le petit-déjeuner, puis cours de 8 heures à
18 heures 30, avec une pause d'une heure et demie le midi.
Précis, leur trousseau comporte un uniforme proche de
celui des Arts pour les sorties. En semaine, c'est galoches (2)
et blouse grise. À côté du sévère règlement intérieur, une
autre discipline s'impose : celle des traditions - commandements,
hymne, baptême, le Père Cent, la DKL... Comme
s'époumonent les élèves à la décale : «Armentières, nous te
quittons, Sans regret, sans amertume, Ensemble, nous chantons
Tes blondes et tes brunes.»
Philippe Bréchon-Cornéry (Ch. 172)
Un «babache», mot d'argot affectueux du Nord, est un imbécile.
(1)
18 ENP seront créées avant la Première Guerre mondiale.
(2)
Lire aussi AMMag de février 2017, p. 66, et de juin-juillet 2021, p. 53. En totalité,
Chaussures de cuir grossières à semelle de bois.
Sources et remerciements
Levés avant 6 heures, les élèves ont une heure d'étude avant le petit-déjeuner. Deux heures
de sport sont au programme chaque semaine, et, après 1924, dix heures de culture générale.
* Merci au lycée Gustave-Eiffel, https://www.lycee-gustave-eiffel.fr
* https://www.livet-histoire.fr
* https://www.anciens-enpa.123.fr
* http://michel.dumontier.free.fr/ENPAf.htm
Arts&MétiersMAG
N°438 / septembre 2022
53
PHOTO LIVET HISTOIRE
PHOTO LYCÉE GUSTAVE-EIFFEL

https://www.lycee-gustave-eiffel.fr https://www.livet-histoire.fr https://www.anciens-enpa.123.fr http://michel.dumontier.free.fr/ENPAf.htm

Arts&MétiersMag - N°438 - Septembre 2022

Table des matières de la publication Arts&MétiersMag - N°438 - Septembre 2022