Arts&MétiersMag - N°439 - Octobre 2022 - 60

HISTOIRE & PATRIMOINE MÉMOIRE DE GADZARTS
La traversée
de Paris
Héritière de l'école Jean-Jaurès et d'une école pratique de commerce
et d'industrie, l'école nationale professionnelle de Saint-Ouen,
inaugurée en 1930, deviendra le lycée Raspail, à Paris 14e
, trente ans
plus tard. Récit d'un parcours d'une bonne dizaine de kilomètres,
du nord au sud de Paris.
A
u sortir de la Première Guerre mondiale, les élus
SFIO (1)
de Saint-Ouen (de nos jours en SeineSaint-Denis),
avec Émile Cordon à leur tête,
s'impliquèrent dans l'enseignement bien au-delà
de leurs obligations légales. Alexandre Bachelet,
à l'époque adjoint au maire et conseiller général, entouré de
la commission d'instruction, s'engagea fortement dans
plusieurs créations et améliorations des écoles de la ville.
La municipalité favorise notamment l'enseignement professionnel,
dispensé dès 1920 à l'école Jean-Jaurès. Ainsi, sont
créés un cours professionnel pour les filles de 13 à 16 ans
incluant coupe, couture et mode, dessin, enseignement
ménager, cours de préapprentissage et section commerciale ;
et un cours professionnel pour les garçons de 13 à 16 ans
incluant mécanique, machines-outils, dessin industriel et
enseignement général. D'une seule classe en 1920, l'effectif
atteint 95 apprentis répartis en trois classes en octobre 1923.
L'enseignement y est gratuit et la ville décerne des bourses
d'apprentissage de 150 ou 300 francs (2)
- pour compenser
un peu le salaire qu'aurait ramené l'enfant à ses parents s'il
n'avait pas suivi d'études. Chaque printemps, durant les
vacances, un voyage permet de visiter des usines en région.
En 1923, en vue de construire une école pratique de commerce
et d'industrie, l'État verse 3,6 millions de francs,
complétés de 1,8 million par le Conseil général. La mairie
fournit, elle, le terrain de 5 000 m² au cœur de l'ancien village
et verse 1,7 million. Trois ans après, les travaux sont
menés rapidement. L'école couvre environ 3 500 m² avec
les locaux scolaires au rez-de-chaussée. Sur trois étages, les
ateliers occupent près d'un tiers de la surface. Deux amphithéâtres,
deux salles de dessin industriel, une salle de dactylographie,
les laboratoires de physique et de chimie complètent
l'ensemble. L'école est organisée en sections :
commerce (trois ans d'études), industrie (trois ans) et spéciale
d'orientation vers les études professionnelles (un an).
L'ÉCOLE PRATIQUE DEVIENT UNE ENP
L'école pratique de commerce et d'industrie ouvre le 1er
octobre
1928. La première année, 20 classes de 42 élèves sont
formées. Les deux tiers se destinent aux métiers de l'industrie
(tourneurs, fraiseurs, forgerons, fondeurs, soudeurs...),
les autres sont dans la section commerciale (comptables,
dactylos, employés de maison de commerce...). À terme,
1 136 élèves sont attendus.
Mais nombre d'entre eux n'habitent pas la commune. Or,
les charges reposent sur les seuls Audoniens. La municipalité
dépose fin 1929 à la chambre des députés une proposition
de loi visant à transformer l'école en école nationale
professionnelle (ENP). Le 1er
octobre 1930, l'ENP de SaintOuen
est née. Sous forme de bourses, de fournitures de livres
Le Néo-Parnasse
Depuis 1930, le 233, boulevard Raspail, Paris 14e, était un lieu d'expositions. Sur
5 000 m², le palais du Néo-Parnasse, sorte de Beaubourg des années 30 fait de béton et structures
métalliques, était pourvu d'une grande cour intérieure entourée de trois étages de coursives et
de salles, le tout couvert par une immense verrière. Les critiques furent acerbes sur les bâtiments.
La première manifestation, le 7e
salon de la TSF, eut lieu du 26 septembre au 9 octobre 1930.
Les sculptures et peintures du salon des Tuileries y furent exposées chaque année de 1932 à
1937. Expositions, cinéma de plein air, réunions, ventes de charité se succédèrent jusqu'en 1939.
Cette année-là, le transfert du salon des Tuileries au palais de Chaillot, Paris 16e
, sonna le glas
du Néo-Parnasse. Durant l'Occupation, un centre de formation professionnelle s'y installa tant bien
que mal jusqu'en septembre 1944 et l'arrivée de l'ENP de Saint-Ouen. Le Néo-Parnasse fut détruit
en 1997. Le site resta en friche jusqu'à l'installation en 2006 du lycée hôtelier Guillaume-Tirel.
L'atelier de tournage
de l'ENP Saint-Ouen
en 1935, à Saint-Ouen,
dans la banlieue nord
de Paris. Issue
de l'école pratique
de commerce et
d'industrie, l'ENP
préparait aux Arts et
Métiers en quatre ans.
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N°439 / octobre 2022
PHOTO LDM RASPAIL VIDÉO
PHOTO MUSÉE DE L'ÉDUCATION-NATIONALE
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