Arts&MétiersMag - N°441 - Décembre 2022/Janvier 2023 - 22

EXPERTISE ASSURANCES
LES PRIMES
GRIMPENT
ENCORE
C'est la fin de l'année, l'heure de faire le point sur l'état du marché
des assurances des entreprises et ses perspectives pour 2023.
L'horizon est globalement sombre, révèle Daniel Azarian (Ai. 199), avec une
nouvelle hausse des tarifs, conduite principalement par les réassureurs.
A
lors que le monde sortait tant bien que mal de
la crise de la Covid-19, la guerre en Ukraine et
les autres tensions géopolitiques, la vague d'inflation,
la crise énergétique, etc. touchent à leur
tour fortement les conditions de renouvellement
des contrats d'assurance. À ces facteurs conjoncturels
s'ajoutent des événements associés à des tendances de fond,
notamment l'augmentation de la fréquence et de l'intensité
des catastrophes climatiques.
LA CRISE CLIMATIQUE A UN COÛT
Si depuis 2021, le retournement du marché de l'assurance
des entreprises (1)
redresser leurs résultats, le mouvement haussier prévu en
2023 est principalement conduit par les réassureurs(2)
- ce
qui ne laisse que peu de marge de manœuvre à la négociation.
En effet, le pack anti-inflation des assureurs négocié avec
était porté par les assureurs directs pour
DANIEL AZARIAN
(Ai. 199) est associé
chez AFA, agent
exclusif MMA et
courtier pour les
autres compagnies.
Conseils aux entreprises
Au-delà des investissements dans la prévention des risques - une nécessité absolue
désormais pour toute entreprise -, des ajustements contractuels peuvent être envisagés.
* L'acceptation, voire la demande de franchises plus élevées. Pour certaines entreprises
sinistrées, la négociation de franchises «aggregate» (1)
ou de participation aux bénéfices
du contrat d'assurance (2)
peut s'avérer payante : soit pour réduire les primes d'assurance,
soit pour convaincre son assureur d'accepter ou de conserver un risque.
* La vague d'inflation est susceptible de rendre les montants des capitaux assurés ou
les limites contractuelles trop faibles pour couvrir le coût réel des sinistres. Réévaluer
ces montants peut éviter de fortes déconvenues en cas de sinistre.
(1) La franchise «aggregate» est l'équivalent d'une franchise annuelle : tous les sinistres inférieurs à cette franchise sont pris
La participation aux bénéfices, courante en assurance des marchandises transportées, peut être déclinée dans les contrats
de dommages aux biens. L'assureur récompense l'entreprise «bonne élève» qui maîtrise ses sinistres en lui restituant une partie
de ses primes si la sinistralité est inférieure à un certain seuil.
en charge par l'entreprise ; dès que le montant total des sinistres atteint la franchise, l'assureur prend le relais.
(2)
Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, des Finances et de
la Souveraineté industrielle et numérique, vise à soutenir le
pouvoir d'achat des Français (3)
- celui des particuliers.
C'est sur le marché des dommages aux biens et des pertes
d'exploitation que la crise climatique pèse le plus. Et ses
effets sont durables et croissants. Ces risques touchent
désormais tous les types d'entreprise, qu'ils soient accidentels
(tempêtes, grêle, etc.) ou graduels comme la sécheresse,
directement ou indirectement (via l'énergie par exemple).
Les perspectives ne sont à la baisse ni pour les contrats en
cours ni pour les affaires nouvelles, d'une part du fait de
cette sinistralité climatique sans précédent, d'autre part parce
que les cotisations des contrats d'assurance dommages sont
souvent indexées sur des indices qui ont subi - et subissent
encore - une progression importante. C'est le cas notamment
de l'indice risques industriels qui a bondi de
6 513 points en janvier 2022 à 7 069 points au 1er
octobre
2022 - soit plus de 8,5 % de hausse en neuf
mois. Il en est de même pour les indices bris de
machine, bris de glace (4)
, indices sécurité et
réparation automobiles (SRA), etc.
CONSÉQUENCES DE LA FLAMBÉE
DU PRIX DES MATÉRIAUX
Bien que de nouveaux acteurs arrivent sur le
marché de l'assurance des grandes entreprises (5)
,
il y a tout lieu de penser que les engagements
vont être fortement réduits sur les risques
perçus comme aggravés - que ce soit par
manque de prévention et de protection, ou
parce qu'ils sont déjà très sinistrés.
Ne rêvons pas, les secteurs déjà identifiés
comme sensibles seront pénalisés par une
réduction des capacités : traitement de surface,
traitement des déchets, agroalimentaire (selon
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N°441 / décembre 2022 - janvier 2023
PHOTO L. LENEPVEU / MMA

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