Dauphinews - Le magazine de la #D-Family - N°3 - Octobre 2020 - 27

covid

système de santé. Mais à qui la
faute ? On entend régulièrement :
aux gouvernements successifs, qui
n'ont cessé de vouloir maîtriser,
sinon réduire, les dépenses de santé.
Mais sont-ils les véritables responsables ? La santé coûte terriblement
cher ; c'est l'un des postes de
dépenses publiques les plus
importants. Quel parti politique ou
candidat en campagne électorale
osera dire : "Je promets d'augmenter
fortement les moyens alloués au
système médical, et pour le
financement nous augmenterons les
cotisations sociales ou les impôts" ?
On peut certes améliorer l'efficacité
de l'organisation de notre système
de santé publique, tenter de
dépenser mieux, mais je doute que
cette optimisation fonctionnelle soit
suffisante. La répartition du budget
entre les différents postes (quel
budget faut-il consacrer à la santé,
vs l'éducation, la défense, la relance
de l'économie, etc. ?) peut être vue
comme un problème de choix
collectif. Il est possible de modéliser
la question comme un problème de
répartition. On peut laisser les
pouvoirs publics décider, ou
imaginer par exemple que les
citoyens s'expriment sur la façon
dont ils préfèrent que le budget de
l'État et des collectivités soit réparti
entre différents postes de dépenses,
une méthode d'agrégation permettant alors de calculer la répartition
collective qui en résulte. Au niveau
individuel, l'arbitrage peut s'illustrer
ainsi : achat d'un nouveau smartphone ou acceptation de l'augmentation de mes dépenses de santé ?
Ce sont deux options très différentes...
F.W. Je partage là encore le point de
vue de Jérôme. Les crises sont des
"moments" de vérité. Cette pandéDauphinews

LES ENJEUX GLOBAUX
ACTUELS, DE LA PANDÉMIE
AU CLIMAT, SONT CEUX DE LA
SANTÉ PUBLIQUE HUMAINE.
LE XXIE SIÈCLE SERA
LE SIÈCLE DE LA SANTÉ
PUBLIQUE OU NE SERA PAS !
F.W.

mie et ce virus nous apprennent
que la conception la plus réductrice
de la vie, le chacun pour soi et
l'individualisme forcené, est mortelle.
N'opposons pas, n'opposons plus
l'économie et la vie, ni les multiples
dimensions de nos vies, la nature et
la technique, le biologique et le
politique, etc. L'économie a besoin
des humains, de leur santé, de leurs
relations ! Le plus vital, pour les
humains, ce sont leurs relations.
Certains les imaginent encore
aujourd'hui prioritairement sous
forme de concurrence et même de
guerre, économique et politique. Je
crois au contraire que nous avons
besoin de la coopération et du
débat, pour bâtir un monde plus
humain. Les affrontements entre
humains doivent faire place au
combat des humains, unis, contre
des dangers communs : pandémie,
manipulation génétique, réchauffement climatique, mais aussi
injustices et violences. Nous n'avons,
pour le coup, plus le "choix".
Quelle méthode adopter pour
nous engager dans cette voie ?
F.W. Les enjeux globaux actuels, de
la pandémie au climat, sont ceux de
la santé publique humaine. Le
XXIe siècle sera le siècle de la santé

publique ou ne sera pas ! Économie
et politique devront être au service
de la santé publique et du vivant
dans notre monde, commun,
d'après. L'enjeu d'avenir est de
sauver les vies, la vie, le vivant, et
pas des vies - les malades - au
détriment d'autres, les victimes de la
crise économique. Il nous faut lancer
un grand débat citoyen, afin que
chacun puisse penser ce "monde
d'après" et y participer. Pourquoi ne
pas imaginer des états généraux
des relations humaines et de la
santé publique ? Je lance la
proposition.
J.L Je souscris totalement à cette
proposition, en ajoutant que nous
aurons besoin de la rationalité des
sciences, de toutes les sciences - et
pas seulement la médecine - dans
une approche pluridisciplinaire, pour
contrer les "fake news" et autres
théories du complot.
F.W. Oui, tout à fait : éclairer par la
connaissance des choix démocratiques en veillant à ne verser ni dans
le déni de la science ni dans sa
conception magique et toute-puissante ! Ces enjeux ont besoin du
concours de toutes les disciplines,
de la biologie aux sciences économiques et sociales en passant par le
numérique et la philosophie. Nos
débats entre nous, et nos projets,
aussi, au sein de PSL, sont à cet
égard essentiels.
Quelle sera la difficulté majeure
à surmonter ?
J.L. Frédéric l'a pointée du doigt :
jusqu'où suis-je prêt à sacrifier une
partie de mon bien-être individuel
pour le bien commun ?
F.W. Le respect des libertés
individuelles conjugué à une
nécessaire fraternité, désormais
planétaire. *

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