Dauphinews - Le magazine de la #D-Family - N°3 - Octobre 2020 - 37

université

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Djalil Chafaï
Vice-président
en charge du
numérique

Julien Poisat
(21)
Maître de
conférences en
mathématiques

pratique, à condition de garder l'œil
dessus et de suivre ce qu'il s'y
passe", raconte-t-il, plutôt satisfait
de l'expérience, compte tenu des
circonstances.
Globalement, le bilan est donc assez
positif. De quoi constater que
l'apprentissage à distance n'a pas
que des désavantages. "Nous avons
assuré la continuité pédagogique
pour tous les enseignements, puis
une évaluation des élèves. Les
personnels administratifs et la
communauté enseignante se sont
mobilisés de façon remarquable, les
étudiants nous l'ont dit et l'ont
apprécié. Les cours en ligne ont
aussi des avantages : beaucoup
d'enseignements par l'intermédiaire
des outils numériques étaient
enregistrés. Les étudiants nous ont
déclaré avoir apprécié le fait de
pouvoir revenir en arrière dans le
cours, de visionner certains passages plusieurs fois, pour prendre le
temps de décortiquer des points un
peu plus difficiles. Et bien entendu,
cette période a permis d'acquérir en
très peu de temps une grande
expérience dans l'utilisation de ces
outils. Certains professeurs avaient
déjà cette appétence, mais, par la
force des choses, nous avons fait un
énorme saut dans leur maîtrise",
explique Sabine Mage, vice-présidente formation et vie étudiante.
Même les professeurs moins attirés
par le numérique ont dû s'y mettre.
Dauphinews

Sabine Mage
Vice-présidente
formation et vie
étudiante

GLOBALEMENT, LES ÉLÈVES ET PROFESSEURS
ÉTAIENT ASSEZ BIEN ÉQUIPÉS, MAIS LA FRACTURE
NUMÉRIQUE EXISTE, QUOI QU'IL ARRIVE.

EXAMENS ET TRANSITIONS
Évidemment, certaines parties du
semestre étaient plus aisées que
d'autres. L'examen à distance est
par exemple compliqué, notamment
pour éviter la triche. "Nous n'avons
pas de solution pour l'instant en
dehors de l'examen oral, qui a aussi
ses limites. Nous envisageons des
examens terminaux en présentiel,
quoi qu'il arrive, et un contrôle
continu partiellement en ligne. À
distance, il n'est pas vraiment
possible d'éviter la triche", estime
Djalil Chafaï. Dès que possible,
l'université envisage donc de revenir
à de bons vieux examens, en
présentiel.
Tous sont d'accord sur les limites du
tout distanciel. En particulier avec
une transition si rapide. "Ce
caractère non anticipé a posé des
problèmes, car concevoir un
enseignement avec une séquence
de cours pensée pour être faite à
distance et basculer un cours
présentiel en distanciel est complètement différent. Les professeurs
ont eu très peu de temps pour
modifier leurs modalités d'enseignement", confie Sabine Mage. Elle
relève un autre point à adapter si la
situation venait un jour à se
reproduire : les enseignants ont eu
tendance à faire beaucoup travailler
les étudiants durant le confinement,
une charge de travail supplémentaire imprévue, parfois un peu trop
importante.

L'ÉQUIPEMENT, SUJET CLÉ
La question de l'équipement a
également été un défi. Globalement,
les élèves et professeurs étaient
assez bien équipés, mais la fracture
numérique existe, quoi qu'il arrive.
"Pour les collègues n'ayant pas le
matériel, cela n'était pas évident. Et
certains étudiants n'avaient pas un
bon accès à Internet", confirme
Julien Poisat. L'université en avait
bien conscience et a fait son
possible pour rester en contact avec
le maximum d'élèves. "Certains n'ont
pas de bonnes conditions de travail
ou de connectivité, accèdent à
Internet uniquement à travers un
forfait mobile limité en data. Nous
essayons de repérer ces étudiants
en difficulté pour leur proposer
de l'aide", ajoute Djalil Chafaï,
expliquant qu'un sondage sur
l'équipement et les conditions de
travail pour la rentrée a été mené
durant l'été.
Si le bilan de la période demeure
très positif malgré les difficultés
listées, tous semblent avoir hâte de
retrouver les bancs de l'université.
Car si le numérique peut beaucoup,
il a aussi des limites, confirme Djalil
Chafaï : "L'engagement moral des
étudiants dans le distanciel est
moindre, la socialisation entre
étudiants également, et le risque de
décrochage est du coup plus élevé.
Beaucoup de choses peuvent se
faire à distance, mais rien ne vaut
les relations humaines et sociales." *

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