Dauphinews - Le magazine des Alumni - N°6 / Novembre 2021 - 38

FOCUS
Dans l'imaginaire collectif, la finance
est guidée par des personnes
puissantes, qui écraseraient les
faibles. Heureusement, il existe aussi
une force claire qui émerge.
financées ! D'ailleurs, dans le cadre des évolutions
sociétales, il existe un fort besoin de financement sur
tous les sujets sociaux et environnementaux. La
question à mon sens est surtout de se demander
comment investir dans des entreprises et des projets
plus vertueux, simples et inclusifs. " Ces deux notions
peuvent donc aller main dans la main, sans forcément
s'opposer.

mentaux et sociaux dans leurs décisions de placement "
(voir encadré). Néanmoins, à côté de ces déclarations
d'intention, le paradoxe est déjà là : 62 % des répondants
n'ont jamais entendu parler du concept d'ISR, " investissement
socialement responsable " . Ils ne sont que 7 % à
avoir déjà investi dans un tel fonds...
Maëlle Caravaca
(11)
fondatrice du
cabinet En Privé
Julien Moussavi
(16)
responsable de
la recherche
ESG, London
Stock Exchange
Group
DEUX NOTIONS QUI NE S'OPPOSENT PAS
Face à ces évolutions sociétales profondes, la finance
évolue elle aussi, malgré une image parfois peu
reluisante. " Dans l'imaginaire collectif, elle est guidée par
des personnes puissantes, qui écraseraient les faibles,
capables de tout au nom de l'argent. Cela peut être
encore vrai, une finance vorace, spéculative, qui cherche
avant tout la rentabilité. Heureusement, il existe aussi
une force claire qui émerge, de plus en plus d'acteurs
qui voient que leurs décisions d'investissement ont un
impact et des externalités positives. Ils voient que
l'entreprise s'inscrit dans un environnement plus large,
qu'ils ne peuvent ignorer " , estime Maëlle Caravaca (11),
fondatrice du cabinet En Privé, spécialisé dans le conseil
en gestion privée et en investissement responsable. Il
serait en effet dommage de tirer un trait sur l'ensemble
du secteur en tombant dans un " tous pourris " réducteur.
D'autant que cela reviendrait à nier l'origine même de la
finance, relève Julien Moussavi (16), responsable de la
recherche ESG souverain pour le London Stock
Exchange Group : " Il n'est pas du tout antinomique
d'associer l'éthique et la finance, au contraire. La finance
est systémique : toutes les activités doivent être
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Numéro 06 // novembre 2021
LA CRISE DES SUBPRIMES,
MOTEUR DE RÉFLEXIONS
Une certitude : ce rapprochement et l'attrait pour une
finance plus responsable n'auraient probablement
jamais eu lieu sans la crise des subprimes qui a secoué
le monde à partir de 2007. À compter de ce moment,
deux grands mouvements se mettent en marche,
comme l'explique Serge Darolles, directeur du Master 1
finance, enseignant-chercheur à l'Université Paris
Dauphine - PSL : " La première réflexion porte sur la
réglementation des marchés : comment la faire évoluer
pour éviter les fraudes ? Nous sommes là sur un aspect
parfaitement légal et juridique. Au-delà de cela, les
acteurs du secteur ont enclenché une réflexion sur ce
qu'est un comportement éthique, sur la façon de se
comporter dans une salle de marché ou une institution
financière. "
/
SE PRÉVALOIR D'UN COMPORTEMENT
ÉTHIQUE EN PERMANENCE,
C'EST UN OXYMORE.
Pierre-Olivier Monteil, Dauphine - PSL
À l'issue de ces treize dernières années, on observe d'un
côté une remise en question d'une partie des acteurs,
aussi liée aux évolutions de la société, et de l'autre une
réponse réglementaire de la part des États. En effet, au
niveau européen et international, plusieurs initiatives et
dispositifs se sont mis en place, afin de réfléchir à de
nouvelles façons de faire vivre la finance. " Je pense par
exemple au TCFD, une task force pour la transparence
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