Dauphinews - Le magazine des Alumni - N°7 / Mai 2022 - 17

interview
extrêmement actif et dynamique,
voyager dans tous ces pays. J'y ai vu
de très belles histoires entrepreneuriales,
dans des marchés en plein
développement ! Par exemple, une
de mes premières cessions s'est
faite lors d'une introduction en
Bourse à Riga, alors que la Lettonie
venait d'entrer dans l'Europe.
C'était un moment de transformation
passionnant.
Pourquoi avoir eu envie de
rentrer en France après cette
décennie bien remplie ?
Ces dix ans ont été rythmés par
de nombreux voyages. J'avais gardé
un pied-à-terre à Paris, je faisais
beaucoup d'allers et retours, c'était en
effet une vie très intense. Deux
grands éléments ont coïncidé : ma vie
personnelle et familiale, avec la
naissance de ma première fille, ainsi
que la transformation de ces marchés
des pays de l'Est. Avec leur entrée
dans l'Union européenne, l'industrie
du capital-investissement y était de
plus en plus sophistiquée. Il devenait
compliqué de rester en se projetant
sur le très long terme avec le mode
de fonctionnement qui avait été le
mien pendant ces années. C'était le
moment pour moi de me stabiliser et
de rentrer en France. Ce qui n'a
d'ailleurs pas été évident, car après
dix ans en Europe de l'Est, je n'avais
plus tellement de réseau auprès de
dirigeants d'entreprise, d'investisseurs
d'autres fonds ou de banquiers
d'affaires, ce qui est essentiel dans le
capital-investissement. J'étais sortie
de cet écosystème pendant une
décennie, il a fallu repartir de zéro !
J'ai pu rejoindre Amundi lorsque la
société s'est créée, à la suite du
rapprochement de Crédit Agricole
Asset Management et de Société
Générale Asset Management.
Dauphinews
Vous êtes aujourd'hui directrice
associée d'Amundi Private
Equity Funds. Quelle est votre
mission ?
J'accompagne des entreprises
françaises, souvent des sociétés
familiales, dans tous les secteurs,
aussi bien dans la santé que dans
l'industrie et les biens de consommation.
J'ai par exemple accompagné
des sociétés dans la logistique,
l'éducation... Notre métier est
d'identifier un projet entrepreneurial,
de l'analyser, de créer une relation
avec le dirigeant, le tout dans un
marché très concurrentiel. Il faut
réussir à convaincre les équipes de
management que l'on est le bon
partenaire, et les convaincre de
ce que l'on va pouvoir apporter,
financièrement et au-delà, en
accompagnement. Je continue à
faire des investissements, à siéger
au comité de surveillance des
entreprises, à les accompagner.
En 2018, vous êtes devenue
vice-présidente de France
Invest, puis présidente en juin
2021. Pouvez-vous nous en dire
un mot ? Pourquoi avez-vous
eu envie de vous y engager ?
France Invest est l'association du
capital-investissement en France,
elle regroupe aujourd'hui 400
membres actifs, du venture, du
capital développement et transmission,
de la dette privée et de
l'infrastructure... Nous avons des
acteurs mondiaux, d'autres régionaux,
des généralistes, d'autres
spécialisés sur l'agritech, la deeptech,
etc. Le capital-investissement
est aujourd'hui une industrie de 300
milliards d'euros, avec 8 900
entreprises accompagnées, ce qui
est colossal. N'importe quel
entrepreneur peut trouver chaussure
à son pied aujourd'hui en
cherchant un investisseur ! Le
marché a bien grandi, il est devenu
une industrie mature.
Je suis entrée au conseil d'administration
de l'association il y a quatre
ans. Cela m'a intéressée, car c'est un
formidable endroit pour avoir une
vision globale du secteur et agir
pour notre industrie, et j'avais envie
de donner un peu de mon temps à
cette communauté. On m'a alors
proposé de devenir vice-présidente,
une expérience très intéressante et
positive, ce qui m'a incitée à aller
plus loin. J'ai d'ailleurs pu voir
concrètement les actions,
notamment avec les engagements
que nous avons poussés sur la
parité dans notre métier et dans les
sociétés que nous accompagnons.
Au CA, nous étions trois femmes
sur quatorze personnes quand
je suis arrivée, ce qui reflète bien la
féminisation dans les métiers de
l'investissement : à peine 20 %.
Depuis mon arrivée, j'ai donc
participé à la création d'une charte
pour la parité dans le capitalinvestissement,
lancée en 2020.
Nous sommes aujourd'hui à parité
dans le conseil d'administration de
France Invest !
Comment avez-vous vécu la
crise Covid avec France Invest ?
France Invest s'est montrée très
proche de ses adhérents, nous leur
avons donné tous les outils
possibles et fait en sorte que les
entreprises des portefeuilles
puissent s'en emparer. Cela a été un
moment finalement positif pour la
profession, l'occasion de montrer
que, pour un entrepreneur, il est
plus facile d'être accompagné par
un acteur du capital-investissement
que d'être seul en temps de crise.

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