Dauphinews - Le magazine des Alumni - N°7 / Mai 2022 - 54

ENTREPRISES
fintech
Il est plus que jamais essentiel
de sécuriser les paiements
Le paiement électronique connaît un essor rapide au niveau mondial, mais se heurte à certains obstacles.
L'un des principaux freins est lié à la sécurité des transactions et la résilience des systèmes. Il existe aujourd'hui
une solution pour répondre à cette problématique et à l'évolution rapide de la cryptographie.
Rencontre avec Bruno Sanglé-Ferrière, président de Marbeuf Conseil et Recherche.
Bruno SangléFerrière,
ingénieur de
l'école Centrale des Arts
et Manufacture de Paris,
a commencé sa carrière
au sein de la Société
Générale en tant que
trader. Aujourd'hui, il est
président de Marbeuf
Conseil et Recherche et
directeur de Carrousel
Digital Limited.
Depuis 2018, vous concevez des systèmes
de sécurité permettant d'améliorer la
sécurité des systèmes de paiement dans
une ère post-informatique quantique.
Qu'en est-il ?
Comme en témoignent les nombreuses attaques
sur les sites informatiques, les dispositifs utilisés
pour sécuriser internet ne sont plus aussi sûrs
qu'ils l'étaient et le seront de moins en moins. Par
exemple, le système de signature électronique
repose sur des algorithmes dits de hash, tels que
MD5 ou SHA1, qui sont désormais réputés
obsolètes. L'algorithme qui leur succède, SHA2 est
encore considéré comme sûr... mais pour combien
de temps ?
Par ailleurs, la venue des ordinateurs quantiques
sur lesquels de nombreux Etats et sociétés
travaillent d'arrache-pied, pourront cracker non
seulement ces algorithmes de hash mais aussi les
systèmes de cryptages, notamment les systèmes
de clés asymétriques, encore une fois nécessaires
à la sécurité d'internet.
Dans l'intention de créer un moyen de porter sur
des dispositifs digitaux une monnaie, nous avons
conçu un système permettant de garantir
l'authenticité de fichiers inscrits dans des cartes
de crédit et de transférer ces fichiers de carte à
carte directement, sans ou à travers internet, résistant
ainsi aux faiblesses et pannes des réseaux de
communication. Souhaitant que la sécurité d'un tel
système survive aux ordinateurs quantiques et
aux progrès venant du travail des chercheurs en
cryptographie, nous avons développé des
techniques permettant de ne pas se reposer sur
l'utilisation telle que nous la connaissons des
signatures de type SHA, ni sur les systèmes de
cryptages.
Cette technologie peut être portée sur des
dispositifs ou des puces indépendantes, donc
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Numéro 07 // mai 2022
insensible aux problèmes de sécurité des autres
ordinateurs. Elle est aussi conçue pour pouvoir
fonctionner en mode hors réseau, et donc être
résiliente à une panne généralisée des ordinateurs
ou des systèmes de communication.
À quelles problématiques répondez-vous ?
La sécurité cryptographique est une véritable
problématique. Elle est attaquée sur deux fronts :
la possibilité de forger des données similaires
ayant une même signature électronique et la
capacité qu'ont les ordinateurs quantiques de
défier les ordinateurs classiques pour inverser en
un temps bref des fonctions utilisées en cryptographie
que l'on croyait quasiment impossibles à
inverser. Notre système est capable d'utiliser des
signatures électroniques modifiées qui permettent
d'éviter le premier problème, et d'utiliser des clés à
usages uniques pour éviter le second problème,
une telle clé cryptant une signature une seule fois
avant de pouvoir être effacée, et ne nécessitant
pas de fonctions soi-disant " non inversible " . Il est
conçu pour qu'une carte qui aurait utilisé toutes
ses clés à usage unique pour communiquer avec
une autre carte puisse obtenir en toute sécurité
une réserve de nouvelles clés pour communiquer
avec cette carte, en se connectant à une borne
publique ou à un appareil connecté à internet, et
ce sans qu'aucune autre carte n'aie à faire de
même. Par ailleurs ces clés étant plus petites que
les clés asymétriques de chiffrement, elles
permettent d'émettre des milliards de cartes
pouvant s'échanger entre elles des documents ou
de l'argent de façon sécurisée. Si par exemple on
utilise des clés de 116 bits pour sécuriser les
fichiers, un fichier frauduleux transféré n'aurait
qu'une chance sur 2,8 1017
de ne pas être rejeté !
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