Dauphinews - Le magazine des Alumni - N°8 / Octobre 2022 - 37

jeux
Jeu et entreprise : combo gagnant ?
Alexandre
Salama (14)
Sébastien
Damart
en France, il commence à y en avoir
partout, pour tous les goûts. Pour
nous démarquer, nous avons
développé des licences fortes,
comme 'Fort Boyard' ou 'Koh Lanta',
ainsi que d'autres types de jeux,
quiz, parcours sportifs, ou encore
réalité augmentée " , précise Élisa.
En tout cas, elle croit elle aussi dur
comme fer en l'importance du jeu,
pour se divertir mais aussi pour
recréer du lien : " Nous avons tous
envie de penser à autre chose, de
nous déconnecter du réel, ainsi que
de nous reconnecter avec les autres.
Il n'y a rien de mieux que le jeu pour
cela, il favorise la cohésion. Dans
cette période trouble, les gens ont
besoin de s'évader. "
Alexandre Salama (14), quant à lui,
a fondé Cinevasion en parallèle
d'une carrière dans le conseil. Son
concept : des jeux d'évasion autour
du monde du cinéma, ouverts aux
particuliers comme aux entreprises.
Ces dernières sont d'ailleurs ses
premiers clients, attirées par la
promesse d'un team building tourné
vers la coopération : " L'escape game
est un excellent vecteur de travail
coopératif. Avec le télétravail, les
salariés se voient moins, ont moins
de cohésion. Un jeu comme le nôtre
permet justement de se retrouver,
de mieux se connaître et de recréer
ce lien. " *
Dauphinews
Trois questions à Sébastien Damart, enseignant-chercheur à Dauphine.
Ses recherches portent sur les thématiques liées à l'instrumentation
utilisée pour faciliter le travail en groupe dans les organisations.
Pourquoi utilise-t-on le jeu dans le monde de l'entreprise ?
Il est un formidable outil d'apprentissage : il permet de tester, d'expérimenter,
de commettre des erreurs, et de les comprendre. Les individus se
retrouvent dans un autre univers, où ils peuvent tenter : si je me trompe
dans la fabrication de ma maison en Lego, parce que je me suis mal
coordonné avec mes collègues, les autres joueurs, cela n'a aucun impact
grave. Les incidences et les conséquences ne sont pas sérieuses dans un
jeu ! En parallèle, il offre aussi la possibilité aux collaborateurs de travailler
sur des dynamiques de groupe, de créer de la coopération avec les autres
et d'en appréhender les bénéfices, tout en s'amusant. En se soustrayant à
la réalité, on apprend à mieux se coordonner et à travailler ensemble.
À l'inverse, est-ce toujours opportun de proposer un jeu à son équipe ?
N'y a-t-il pas un risque qu'il soit mal perçu, en particulier dans un climat
social difficile ?
Tout à fait. La proposition d'un jeu peut venir en dissonance par rapport à
une situation de travail vécue comme violente par les salariés. Il peut y
avoir un décalage cynique, voire indécent : d'un côté, on joue, on est censé
s'amuser, mais de l'autre on vit un quotidien brutal au travail avec,
par exemple, un management maladroit ou trop rigide. Ce risque de
dissonance profonde est bien sûr à prendre en compte. L'autre risque
est de créer une pression sociale pour ceux qui n'ont pas envie de jouer.
Celui qui ne participe pas se met alors en marge du reste de l'équipe.
Certains types de jeux sont-ils à éviter ou à privilégier ?
Pour le manager, il faut faire preuve de subtilité. Tous les jeux ne sont en
effet pas mobilisables dans l'univers du travail, les rôles que l'on souhaite
faire tenir aux collaborateurs doivent être acceptables. Par exemple, un
team building sous forme d'une compétition a priori ludique peut devenir
une façon d'en découdre, au-delà du simple jeu. De façon plus générale,
les jeux qui ne parient pas sur des dynamiques collectives me semblent
décalés et contre-productifs. Mieux vaut privilégier des activités
collectives, pariant sur la coordination, la concertation dans les prises
de décisions ensemble et la communication !
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https://cinevasion.fr/ https://dauphine.psl.eu/recherche/cvtheque/damart-sebastien
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