Annuaire 2021 - ASSOCIATION DES ALUMNI DE L’ENSAE - 23

NOTRE SÉLECTION
DES EFFETS ÉCONOMIQUES ET FINANCIERS DU CORONAVIRUS 2019 [1]
Publié par Jérôme HENRY, ENSAE 1984 | 14/10/2021 | ENSAE Alumni
L
a crise du Covid - aussi appelée Covid-19 ou Corona par nos voisins - dure
depuis maintenant près de deux ans. L'économie mondiale semble
dorénavant fermement repartir, en dépit des vagues successives de
l'épidémie. Des vaccins innovants ont été rapidement découverts et utilisés à
grande échelle, de sorte que le recours à un confinement complet paraît désormais
exclu par la plupart des autorités. Sans chercher à dresser un bilan prématuré, à
titre de rapport d'étape plutôt, quels effets économiques et financiers avons-nous
observés jusqu'alors à la suite de ce choc tout à fait exceptionnel et quels sont
les risques qui pèsent encore en particulier sur la stabilité financière ?
La pandémie restera quoiqu'il arrive un événement historique majeur. Cette
épidémie globale aura eu un coût sanitaire extrêmement élevé - comparable de
ce point de vue à la fameuse grippe espagnole au lendemain de la première guerre
mondiale, dont le souvenir a toutefois été dominé dans la mémoire collective par
celui de la Grande Guerre. Au-delà des drames humains, ce fut aussi un coup
extrêmement sévère porté à l'économie mondiale, non pas tant, comme on l'avait
craint initialement, du fait d'un taux élevé de malades dans l'incapacité de travailler,
mais plutôt du fait des diverses stratégies employées contre la contagion - à base
de confinement et autres restrictions des contacts sociaux au coût économique
inévitablement très élevé.
Comme la pandémie est une fonction croissante des activités sociales et donc
économiques alors que le confinement est dommageable à l'économie, les
politiques visant à préserver respectivement la santé publique et l'activité
économique ont potentiellement des objectifs divergents. La difficulté pratique,
voire l'impossibilité d'atteindre conjointement les deux objectifs explique et même
rationalise les cycles de confinement. Une fois que ce dernier a permis de soulager
les dispositifs de soin, il peut être levé et les activités reprennent... ainsi que les
contagions. Lorsque la pression sanitaire est à nouveau trop forte, un nouveau
confinement se profile. Hormis après acquisition d'une immunité suffisante de la
population ou lorsque celle-ci est quasiment intégralement vaccinée, ce cycle
continue de se répéter, vague après vague.
Contrairement à la Grande Crise Financière (GCF), lors de la fin des années 2000,
ou à d'autres crises économiques majeures comme la crise dite de 1929, la présente
crise n'a manifestement pas commencé par un krach financier causé par des prises
de risque excessives. Le secteur financier n'est pas pour autant complètement
protégé des effets de la pandémie, et cela d'autant moins que ces derniers se
propagent entre agents, secteurs et pays interagissant avec les banques.
L'aspect exceptionnel de cette crise du Covid va toutefois bien au-delà de son
origine purement épidémique. La réduction obligée des contacts sociaux, y compris
en dehors des périodes de confinement proprement dites, a entraîné une limitation
drastique voire une interruption quasi-totale des échanges, en particulier marchands,
de sorte que l'essence même de l'économie a par moment disparu - au
niveau international comme domestique.
Cette crise a ainsi affecté des secteurs généralement perçus comme moins
directement exposés à des crises de nature financière ou touchant le commerce
international. Les activités domestiques de services ont cette fois au contraire
particulièrement souffert des restrictions à la mobilité et aux interactions sociales.
Les petites et moyennes entreprises et les entrepreneurs individuels, par nature
très actifs localement, ont été aussi tout spécialement affectés par les cycles de
confinements successifs - a fortiori les agents déjà significativement endettés.
De surcroît, toujours en comparaison avec la GCF, cette crise est réellement mondiale,
car tous les pays ont été finalement touchés à un moment ou à un autre, au gré des
transmissions essentiellement par des voyages internationaux. Certes, de nombreux
variants locaux spécifiques ont émergé, mais ils ont ensuite été le plus souvent transmis
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au reste du monde, quand bien même avec retard. Les impacts économiques ont
toutefois été très variables selon les pays. En Europe, alors que les effets de la crise
de la dette publique, épigone de la GCF, se faisaient encore sentir dans certains pays
ayant bénéficié d'un programme de soutien, ceux dépendants des activités touristiques
ont été plus sévèrement exposés et affectés.
1000000
1200000
1400000
1600000
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Cas hebdomadaires de Corona en Europe
10
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-5
5
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EU
US
FR
UK
Croissance annuelle, PIB, % (y compris prévisions pour 2021)
L'effet sur l'économie de cette crise au départ purement sanitaire a été aussi
exceptionnel - d'un ordre de grandeur, à son pic, de près du double de ce que la
GCF avait entraîné au tournant de 2009. À l'origine de la pandémie, la Chine fut
aussi le premier pays à mettre en place des restrictions affectant les activités, en
janvier 2020. Puis, dès la fin premier trimestre de 2020, un fort ralentissement de
l'économie mondiale, initialement dû au commerce international, se produisit. Au
cours du trimestre suivant, la récession brutale fut amplifiée dans de nombreux
pays par les mesures soudaines et drastiques de confinement. Le PIB recula fortement
- bien que ponctuellement - environ de 10% dans l'ensemble des grands pays.
En mars 2020, les anticipations des effets de cette crise se traduisirent sur les
marchés financiers par une forte chute du prix des actifs (en particulier des actions
mais aussi des obligations privées). Les ventes d'actifs concomitantes furent
accentuées par une défiance des investisseurs vis-à-vis de certains fonds, euxmêmes
contraints de vendre leurs actifs dans un contexte de liquidité contrainte.
À ce stade, cet épisode reste le fait majeur concernant le secteur financier [1].
L'effet sur la stabilité du système fut alors largement atténué par les interventions
de marché (par achats d'actifs et soutien à la liquidité) des banques centrales les
plus importantes.
Plus généralement, cette crise se singularise aussi par une réponse des politiques
économiques également sans précédent, à la mesure du choc subi. De surcroît, la
coopération comme la coordination entre les diverses politiques (budgétaire et
monétaire) mais aussi internationalement, ont été très importantes. Ce fut le cas en
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