ESCP ALUMNI MAGAZINE - #192 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2020 - 15

LA PERSONNALITÉ DU MOIS  ❙ 

dans les Télécoms - comme pour ESCP
Business School, c'est de pouvoir
contribuer à la diffusion du progrès.

À l'heure où les frontières ont
tendance à se refermer avec
la pandémie de Covid 19,
les télécommunications
ont une mission encore
plus essentielle ?
Nous voyions à quel point
communication et internet permettent
de maintenir le  contact et l'activité
quand tout se referme. Il y a encore
5  ans la  visioconférence n'était
pas envisageable  à grande échelle.
Avec le  déploiement de capacités
additionnelles depuis, elle  est
accessible à tous.

Vous avez débuté votre
carrière professionnelle au
États-Unis, qu'en
retenez-vous ?
J'avais envie d'apprendre des choses
nouvelles. Après Paris et ESCP Business
School, Je voulais découvrir le pays et
l'entreprise américaine. Je suis donc parti
à Philadelphie pour ma coopération,
puis j'ai travaillé et étudié à New York.
Professionnellement, il y a deux choses
qui m'ont marqué. Une semblable en
France et une très différente. Ce qui est
similaire, c'est l'importance de la valeur
travail avec cette conviction que si l'on
travaille, on va s'en sortir. Ce qui est
différent, c'est qu'aux États-Unis, on
vous encourage systématiquement et
on commence par vous faire confiance,
là où en France on a tendance à vous
dire « tu peux faire mieux » et attendre
que vous fassiez vos preuves.

Concrètement, cela se
matérialise comment ?
Aux États-Unis, la prise de décision
est plus rapide et surtout si
quelqu'un entreprend quelque chose qui
fonctionne, c'est vers lui qu'on se tourne
quel que soit son rang dans l'entreprise.
Pour vous donner un  exemple,
mon premier poste à New York
était contrôleur de gestion au siège
d'une entreprise qui faisait du service
de maintenance et d'entretien pour
200 immeubles avec 17.000 personnes

dans tout le pays. Mon travail consistait
à suivre l'activité avec un tableur Excel.
Très vite, j'ai pu faire des comparaisons
utiles pour tous les directeurs au sein du
groupe sur la rentabilité des immeubles.
En France le rapport aurait suivi la voie
hiérarchique avant une éventuelle mise
en place. A NewYork, je me suis retrouvé
en moins de 6 mois avec 3 personnes
sous mes ordres pour accélérer l'analyse.

C'est ainsi que vous
envisagez l'entrepreneuriat,
le management
Tout à fait et cela n'a jamais cessé de
fonctionner ! Le rôle  primordial du
management consiste, selon moi, à
libérer les initiatives et à encourager
l'utilisation des innovations, puis à
déployer largement les succès obtenus.
Cette ouverture et ce volontarisme
ont permis aux Américains de se
développer plus vite que les autres dans
les technologies numériques.

Au fur et à mesure de
votre carrière, votre
management a-t-il évolué ?
Plusieurs fois. C'est ce qui est
intéressant quand on a une  longue
expérience. Chaque étape est riche
en enseignements. Tout l'enjeu
est de retenir le  plus possible, de
reproduire et amplifier ce qui a bien
fonctionné, et de savoir reconnaitre et
corriger ce qui n'a pas marché. Mon
management a beaucoup évolué aussi
avec des formations professionnelles
complémentaires comme le «MyersBriggs Type Indicator».

Avez-vous été confronté au
doute à certains moments
charnières de votre carrière ?
Il y a évidemment des moments de
doute quand vous quittez un travail, où
vous étiez le patron de votre business,
dans un  grand groupe et que votre
projet entrepreneurial est au point mort.
Ainsi six mois après avoir quitté Orange
pour créer Tofane, j'ai raté la première
acquisition que je visais. J'avais
largement entamé mes économies. Je
me suis dit : « j'ai une famille de 4 enfants,
j'arrête ou je continue ? » Beaucoup -
dont soi-même vous disent que c'est

plus raisonnable  de laisser tomber
et de retrouver un  travail salarié et
votre vie d'avant. Avec mon associé -
un ingénieur télécom belge, nous étions
presqu'au bout de nos ressources mais
nous avons décidé de faire une offre
pour une deuxième et dernière cible,
iBasis. Ayant appris de notre premier
échec, nous avons su convaincre
le board de la Royal KPN que nous
étions des entrepreneurs capables de
reprendre leur filiale de $600 millions et
d'en faire une plateforme indépendante.
Pour ne rien regretter, il faut savoir être
persévérant et prendre des risques.

Il vous est arrivé, de faire des
erreurs, de vous tromper ?
Les décisions que je regrette le plus sont
des recrutements ratés. Typiquement,
c'est le fait de recruter quelqu'un pour
répondre à un besoin mais sans être
convaincu que la personne correspondra
et réaliser peu de temps à près
qu'effectivement cela ne fonctionne
pas. Quand on engage une personne,
cela implique toute une équipe autour
et chacun y met du sien pour pallier
les difficultés qui apparaissent. Ce sont
les erreurs qui marquent le plus parce
qu'elles vous suivent longtemps.
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VOS CONSEILS
AUX DIPLÔMÉS
Avec le Covid, le contexte est
très spécial. Et pour plus de
temps qu'on ne le pensait.
La période actuelle est
tellement incertaine partout,
soyez celle ou celui qui propose
des solutions quelles que soient
les circonstances.
Être diplômé d'une grande
école européenne vous offre
beaucoup d'opportunités et
quelques devoirs. Il s'agit de
réussir et de partager un peu
en retour.
Autant commencer tôt, par
exemple avec la Fondation !

ESCP Alumni Magazine numéro 192  ❙  NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2020
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