ESCP ALUMNI magazine - #193 - 1er trimestre 2021 - 46

Carrière ❙ Créateurs

Par Maxime Brigand

Blutopia,
pour changer de voie
Créé en 2018, ce média positif s'est donné un objectif d'époque : centraliser les bonnes solutions
pour protéger l'océan et aider les citoyens à réduire leur consommation de plastique.
Rencontre avec Malaury MORIN (07) et Julien GERBET, co-fondateurs de Blutopiala.

Malaury MAURIN (07)
et Julien GERBET
Co-fondateurs de Blutopia

a claque a été prise il y a quelques
années, dans une chambre de
Rome, entre des documentaires
et des rapports évoquant la pollution plastique ainsi que ses conséquences sur les
océans. Malaury Morin l'avoue : « Là, j'ai
pris conscience de pas mal de choses. Et du
jour au lendemain, avec Julien, mon compagnon, nous avons décidé de nous engager
dans une démarche zéro déchet et de devenir végétalien et végétalienne. » Mais aussi
de s'associer pour lancer un média positif
et à but non lucratif dont la mission est
simple : « centraliser les vraies solutions »
plutôt que de parler une énième fois des

problèmes. Pas de constat, uniquement des
actions et surtout des clés pour changer les
choses. Ainsi Blutopia est sorti de la tête
du jeune couple, qui s'est rencontré il y a
plusieurs années à Bordeaux, où Malaury
et Julien suivaient ensemble une prépa ECS.
Malaury a ensuite rejoint ESCP et Paris, où
elle a découvert l'association MakeSense,
avec qui elle a continué à collaborer lorsqu'elle est partie faire un échange à Rome
avec la LUISS Business School. Julien, lui
est devenu instructeur de plongée, notamment aux Maldives. Là-bas, le duo a découvert « un enfer »: « On s'est rendus compte de
l'impact du réchauffement climatique sur les
récifs coralliens et aussi de l'affreuse gestion
des déchets. Aux Maldives, toutes les îles-hôtel
envoient leurs déchets sur une seule et même
île, qui est une grosse décharge à ciel ouvert. »
Il fallait donc trouver des solutions, et vite.
Alors, à l'issue des études de Malaury,
le coupe a décidé de partir pendant sept
mois, dans sept pays. « On voulait voir la
réalité des choses, explique la cofondatrice de
Blutopia. Donc de janvier à juillet 2019, nous
sommes partis en Birmanie, en Thaïlande, au
Cambodge, au Vitenam, aux Philippines, en

Indonésie et en Australie, dans les pays dits
" les plus pollueurs " que l'on montre du doigt
lorsqu'on est dans un pays développé comme la
France. L'objectif était de comprendre l'ampleur
du problème et de voir ce que les gens dans ces
pays-là faisaient pour pouvoir le résoudre. Au
début, on avait prévu de voir vingt projets. Au
final, on en a vu soixante ! » L'expédition est
divisée en quatre grands thèmes : la collecte
des déchets, leur revalorisation, la réduction
de la consommation plastique et l'éducation
des citoyens pour éviter de reproduire les
erreurs. Parmi les nombreux acteurs locaux
rencontrés, une a particulièrement marqué
Malaury : Vichka Vantha, mannequin très
influente au Cambodge, qui a décidé
d'utiliser sa notoriété pour « encourager
la jeunesse à limiter sa consommation
de plastique ». Elle a notamment créé
Dai Khmer, une marque de produits
cosmétiques naturels emballés avec des
emballages 100 % compostables, créés à
partir de feuilles de bananier et de déchets
papiers. « Un mois avant d'arriver dans le
pays, on contactait les gens qu'on avait envie de
voir et on organisait notre itinéraire en fonction
de ça, précise la jeune femme. En moyenne, on a
rencontré deux ou trois personnes par semaine.

Nous avons décidé de nous engager
dans une démarche zéro déchet et de
devenir végétalien et végétalienne.

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