REFLETS MAGAZINE - Revue d'information et de réflexion économique - n°96 - (Page 14)

L’invité Pierre Mattei >E88 Le choix des ports : la recherche de ports alternatifs – Toulon à 65 kms de Marseille, Savone à 30 kms de Gênes, etc. - et la négociation avec ceux-ci font baisser le coût des escales. La politique de distribution : nous avons inventé le ticketfax et le tick-email pour remplacer les billets classiques. Notre site internet est accessible aux agences de voyages et aux particuliers. La gestion des coûts : nous repensons chaque année l’ensemble des budgets et les renégociations avec chaque service. RM. Comment appréhendez-vous les prix du carburant ? P. Mattei : Nous y sommes très sensibles; c’est un travail de tous les jours. Dans ce domaine aussi on a innové très vite. Un des directeurs de la compagnie travaille avec moi là-dessus. Dès qu’on a compris que c’était à ce point fondamental, que cela allait conditionner toute notre activité dans le futur, on s’est mis en quête de solutions qui nous permettent de réduire la consommation et de l’acheter au mieux, en se garantissant contre les fluctuations de prix dans l’année. On fait du hedging très simple : on se protège contre une hausse. On ne prend pas de positions, on ne fait pas de swap. On veut pouvoir bénéficier de la baisse si cela marche, on achète des calls en règle générale… Mais surtout on essaie de réduire la consommation en amont. En matière d’économie d’énergie, il n’y a pas de solution miracle. Ce sont 10, 20, 30 choses mises bout à bout qui permettent d’arriver à des économies globales. RM. Quelle est l’organisation interne de Corisca Ferries ? P. Mattei : En Corse, nous sommes 250. Beaucoup interviennent sur les call centers, les escales. Le président et moi, manageons 3 directeurs à Bastia et 4 directeurs en Italie, qui sont chacun des directeurs de fonction. A Bastia, siège de la compagnie, se trouvent les services : DAF, marketing, contrôle de gestion. En Italie, c’est l’opérationnel : une autre partie du marketing, et Août/Septembre 2012 pAge 14 puis les services généraux, c’est-à-dire l’hôtellerie-restauration, et le technique - une composante essentielle pour nous – qui traite à la fois les questions de sécurité mécanique et l’armement, nom qui désigne la DRH de la compagnie maritime. Nous appliquons les lois sociales de l’Italie en Italie, et celles françaises en France. Avec une particularité, que je souligne pour dénoncer les mensonges que font courir les syndicats de nos concurrents, c’est que le règlement européen prévoit que lorsqu’un bateau italien fait du trafic en France, il doit appliquer les lois françaises. C’est un décret de 1999. Cela n’a certes pas intéressé les pays plus libéraux comme le Danemark, la Suède ; en revanche les pays du Sud l’ont tous appliquée : ainsi les Italiens, les Portugais ou les Français qui travaillent chez nous, sur un navire de pavillon italien, se voient appliquer les conventions collectives françaises, signées par les mêmes syndicats qui n’arrêtent pas de nous dénigrer. RM. Comment appréciez-vous le marché des croisières dans le contexte actuel de crise économique ? Sera-t-il affecté de la même façon que d’autres formes de tourisme ? P. Mattei : Le marché des croisières semble être un peu à contre-tendance, c’est-à-dire qu’il prend des parts de marché à d’autres types de tourisme. La croisière offre un certain nombre d’avantages : l’opportunité de voir beaucoup de destinations sans avoir à refaire ses bagages, d’être dans un cocon, de bénéficier d’un service tout compris, en pension complète, d’avoir accès à des excursions organisées et gérées … les notions de sécurité et de découverte sont liées. En outre, les bateaux deviennent des destinations en soi, les navires sont devenus des villes flottantes. RM : Parlons un peu de vous. Quelles ont été les principales étapes de votre parcours ? P. Mattei : Après une maîtrise d’économétrie, j’ai intégré l’ESSEC en AST. C’était un peu le choc des cultures… Venant de Corse et de la fac, la grande école, c’était un saut dans la quatrième dimension. Sans parler de Cergy dont l’accès était à l’époque compliqué.… Je venais tout juste de décrocher mon diplôme et j’envisageais de travailler dans une banque. Ma rencontre avec Pascal Lota a bousculé ce plan : lors de nos entretiens, j’ai découvert une personnalité exceptionnelle, un entrepreneur de talent ; j’ai accepté son offre et intégré l’entreprise ; j’avais 23 ans. Tout a été ensuite très vite : j’ai été happé par la vie professionnelle ; le président m’a tout suite fait confiance ; j’ai pris des responsabilités importantes ; j’ai successivement occupé la fonction de contrôleur de gestion, puis de directeur financier. Je suis directeur général depuis 20 ans. RM : Comment assurez-vous la direction de l’entreprise ? Quel est votre style de management ? P. Mattei : Beaucoup de délégation fonctionnelle, avec du reporting. Les gens sont autonomes à l’intérieur d’un budget dont on discute en début d’année. Ceci dit, il n’y a pas de processus de décision très formel, il n’y a pas de board, le management est de type familial. On a grandi avec l’entreprise, on y est tous très attachés, et très motivés et très accessibles, à n’importe quel moment, y compris le week-end. Nous fonctionnons beaucoup par réunions ponctuelles, appels téléphoniques, visioconférences… C’est vraiment l’entreprise familiale, sur un modèle plutôt italien. RM : Que représente ce modèle italien ? Quels en sont les avantages ? P. Mattei : Je dirais d’abord que nous n’avons pas le même rapport que l’Italie à la mer. Là-bas, il y a 10 fois plus de marins, et 20 fois plus d’armateurs qu’en France. C’est ce qui fait qu’en matière maritime, l’Italie est beaucoup plus dynamique que la France. Et puis on trouve en Italie une sorte d’Eldorado en terme de réseaux de fournisseurs, de sous-t ra ita nce, de cha nt iers navals… On trouve des gens extrême-

Table des matières de la publication REFLETS MAGAZINE - Revue d'information et de réflexion économique - n°96

Couverture
Sommaire
TRIBUNE Le bébé et l’eau du bain
ACTUALITE
TRAJECTOIRE Nelson Burton, navigateur
CREATION D'ENTREPRISE Romain Pilliard
L'INVITE Pierre Mattei, DG de Corsica Ferries
DOSSIER SPECIAL Maroc, terre d'opportunités
PHARMACIE/SANTE A l'heure des mutations
MOUVEMENTS
VIE DES ENTREPRISES
CAMPUS
ALUMNI
A LIRE
Ils ont participé à la rédaction de ce numéro

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