REFLETS MAGAZINE - Revue d'information et de réflexion économique - n°98 - (Page 8)

Trajectoire Jean Harambat >E99 Des crampons aux CRayonS Journaliste, illustrateur et auteur de bandes dessinées, Jean Harambat aime jouer avec les frontières. philosophe à l’essec puis rugbyman dans l’hémisphère sud, il emmène désormais voyager ses lecteurs, au fil de ses reportages et de ses bandes dessinées. mais où s’arrêtera-t-il ? Reflets Magazine : Vous êtes fils d’agriculteurs. Comment êtes-vous passé de la ferme familiale au campus de l’ESSEC ? Jean Harambat : Mon père était adhérent à une coopérative agricole qui déjà avait un rôle international. Ma mère était impliquée dans une association d’aide au développement en Afrique. Ils m’ont sensibilisé aux problématiques agricoles à la fois en France et dans les pays émergents. En intégrant une école de commerce, j’avais dans l’idée d’approfondir mes connaissances économiques dans ce domaine pour, à terme, partir à l’étranger. RM : Comment s’est passée votre intégration ? J. Harambat : J’ai découvert une école humaniste, notamment à travers les personnalités de Laurent Bibard et de Michel Calamy. Issu de khâgne B/L, je souhaitais suivre un cursus de philosophie en parallèle de mes études : ils m’y ont encouragé, Laurent Bibard allant jusqu’à diriger officieusement mon travail de DEA. J’ai d’autant plus apprécié cette ouverture que j’avais parfois le sentiment d’un décalage avec certains de mes camarades. Nous provenions de mondes si différents. Heureusement, nous avons trouvé un terrain d’entente – celui du rugby… J’ai intégré l’équipe de l’école, dont je me suis occupé ; nous étions un triumvirat de capitaines à janvier/février 2013 page 8 organiser entraînements, déplacements et tournées. RM : Et vous vous êtes littéralement pris au jeu, embrassant bientôt une carrière sportive… J. Harambat : L’idée est venue en conversant avec des Argentins, rencontrés lors d’un échange universitaire en Espagne. Ceux-ci m’ont proposé de m’aider à intégrer leur ancien club, et à trouver un travail. Le rugby est foncièrement amateur là-bas malgré l’excellent niveau des joueurs. Après un an en Argentine, je suis parti jouer en Australie. Le rugby s’est révélé un excellent vecteur d’intégration : l’esprit de corps et le combat physique qui lui sont propres permettent de créer des liens forts immédiats. Je n’aurais pu trouver meilleur moyen pour m’immerger dans la population locale, pour en partager la vie quotidienne. RM : En 2002, une blessure met fin à l’aventure. Mais vous n’étiez pas prêt à rentrer en France… J. Harambat : J’avais toujours la même instabilité géographique et professionnelle. Un camarade de l’ESSEC, également coéquipier de rugby, Olivier Lenoir, m’a alors convaincu de nous lancer dans le grand reportage. Nous sommes partis au Sahara afin d’enquêter sur l’immigration clandestine à destination des îles Canaries. Nous avons aussi fait un repor- tage sur les traces d’Albert Cohen en Grèce. À notre retour, nous avons épluché les ours des journaux et écumé les rédactions dans l’espoir de placer nos papiers. Lui faisait les photos, et moi j’écrivais le texte et dessinais. Nos reportages ont été pris. Ça a été une révélation : je pouvais donc vivre de l’écriture et du dessin. RM : Comment vous êtes-vous formé aux arts graphiques ? J. Harambat : J’ai toujours dessiné, sans faire de formation spécifique ni même l’envisager, ni imaginer de débouchés possibles. À l’ESSEC, je dessinais des couvertures pour L’Impertinent lorsque les rédacteurs me le demandaient. De là à m’orienter vers le journalisme… Je tente de me perfectionner continuellement. Aujourd’hui encore, ce que je préfère dans mon métier, c’est apprendre, mais c’est douloureux. L’absence de formation est à la fois un obstacle et une chance ; la possibilité d’aller ailleurs, dans une voie propre. RM : Vous collaborez désormais avec L’Équipe, Le Monde ou encore Télérama. Êtes-vous affecté par la crise qui ébranle le secteur de la presse ? J. Harambat : Le numérique change la donne. Nous traversons une période de bouillonnement mais cela fait songer à la révolution des rotatives dans la presse : à l’époque, grâce au progrès technique, il y

Table des matières de la publication REFLETS MAGAZINE - Revue d'information et de réflexion économique - n°98

Couverture
Editorial
Sommaire
Tribune libre
Trajectoire : Jean Harambat
Création d'entreprise
Idées
L'invité : Charles Bouaziz
Dossier spécial marché de l'art
Banque
Luxe
Mouvements
Campus
Alumni
A lire

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