REFLETS MAGAZINE - Revue d'information et de réflexion économique - n°100 - 65

Une solution intermédiaire
Cela ne signifie pas que tout citoyen pourra s’improviser designer ou ingénieur. Il faut des professionnels
pour développer les logiciels et proposer des prototypes. Les imprimantes à domicile restent rares :
Makerbot, leader mondial, n’en a vendu que 15 000
depuis son lancement en 2009, essentiellement à
des entreprises. Seulement, la chaîne de distribution
se simplifie : Top Office vient de lancer un service
d’impression 3D à destination des particuliers.
On n’imprime pas des cartouches
Ces intermédiaires resteront d’autant plus incontournables que nombreux sont les produits dont la
circulation est soumise à réglementation. Le département d’État américain a signifié à Defense Distributed, qui délivrait des guides de fabrication d’armes
à feu, que la diffusion de ces documents sur Internet
entrait en infraction avec la loi.
Sur Thingiverse, on peut remplacer l’étui à carte SIM
de son smartphone en téléchargeant un fichier prêt
à imprimer. Cela pose des questions de propriété
intellectuelle. Le fabricant du composant concerné
se retournera-t-il contre le site ?
Il y a fort à parier que les grands groupes tenteront
plutôt de s’approprier ce nouveau débouché. Certains constructeurs automobiles assurent déjà la
mise à disposition de pièces détachées qui, jusquelà, n’étaient fabriquées qu’à la demande.
Durable, cette révolution ?
De l’époque de la production de masse, on passe
ainsi à celle de la personnalisation de masse, et de
la fabrication d’objets à la demande, sans stocks,
évitant le gaspillage et limitant les déchets. L’impression 3D se veut durable.
Récemment, la toile s’est enthousiasmée pour un
adaptateur obtenu par impression 3D, sans lequel
les docks des iPhones 3 et 4 devenaient obsolètes : on augmente la durée de vie des produits,

N° 100 - juillet/août 2013

De l'époque de la production
de masse, on passe à celle
de la personnalisation de masse.
désormais réparables ou modulables, plutôt
que jetables.
La simplicité et le faible coût du procédé permettent
une relocalisation de la fabrication, remettant en
cause le modèle d’une production outre-mer et de
son acheminement par avions et bateaux. Les
hommes politiques comme Barack Obama aux
États-Unis, ou comme Fleur Pellerin et Arnaud
Montebourg, chantre du « Made in France », l’ont
bien compris.
Quand le monde change de dimension
Ces perspectives entretiennent un certain esprit chez
les entrepreneurs de l’impression 3D. L’ambition
partagée est bien de changer le monde. Dans son
ouvrage Makers, la nouvelle révolution industrielle,
Chris Anderson remarque qu’en encourageant la
création individuelle et en réactivant les réseaux de
fabrication locaux, on bouleverse les paradigmes
économiques et on questionne les fondements de la
société de consommation. L’impression 3D a décidément de nombreuses dimensions. 

Marine Coré-Baillais >e95
marine.corebaillais@gmail.com

REPèREs / ScuLpteo
Sculpteo, plateforme
d’impression 3D en ligne,
invite des designers à créer des fichiers
d’objets destinés à être finalisés et
personnalisés par le grand public. Présent
sur mobile à travers l’application 3DP Case,
élu meilleure innovation au CES de Las
Vegas 2013, le site rend accessible aux
particuliers une technologie jusqu’ici

réservée aux entreprises. Implantée en
France où elle recrée de l’emploi industriel,
l’entreprise a des ateliers affiliés aux ÉtatsUnis (50 % du chiffre d’affaires), en Israël et
aux Pays-Bas.

Pour en savoir plus

www.sculpteo.com/fr/
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http://www.sculpteo.com/fr/

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