REFLETS MAGAZINE - N°138 - Mai/Juin 2021 - Revue d'information et de réflexion économique - Preview - XIII

VDE
LES MÉTIERS DE LA MODE
« Tout est complètement
bousculé et à réécrire »
Sandrine Lilienfeld (E89), PDG de Caroll, revient sur la situation
du secteur du prêt-à-porter plus d'un an après le début de la
pandémie. Elle nous explique aussi comment Caroll, forte de
ses valeurs et d'un positionnement solide, a traversé cette
période.
Tout est complètement bousculé et à
réécrire.
Le prêt-à-porter a été fortement
impacté par la crise. Plus d'un an
depuis le début de la crise, quel bilan
tirez-vous ?
Eff ectivement, le secteur du prêt-àporter
a été fortement touché. Cette
année, les temps d'ouverture ont
quasiment diminué de 40 à 50 % avec
des périodes où tout était à l'arrêt. Il
faut penser le monde diff éremment et
la question de la survie de l'entreprise
se pose de manière prégnante, alors
que la question ne se posait pas dans
le passé, car Caroll est une marque
solide. Après un tel choc, les choses
ne pourront plus être comme avant.
Les consommateurs ont pris de
nouvelles habitudes. Ils consomment
moins. Ils utilisent beaucoup plus les
canaux digitaux, ils télétravaillent.
Tous ces changements vont avoir
des conséquences sur l'évolution du
secteur. Nous repensons donc les
collections, le sens de notre mission
et la manière de vendre nos produits.
C'est une remise en question globale
de notre fonctionnement.
XIII
Comment se porte Caroll dans ce
contexte ? Comment avez-vous
vécu cette période ?
Caroll résiste bien au-delà des
attentes du premier choc de mars
2020. Cette marque fait preuve d'une
résilience extraordinaire. Nous avons
une base de clientèle extrêmement
attachée à la marque. Après le premier
choc subi, Caroll a su s'adapter et
développer
des
projets
ambitieux
plus rapidement qu'en période plus
calme.
Avec le comité de direction et tout
le monde en télétravail, nous avons
fourni, en quelques mois, l'équivalent
peut-être de 5 années de travail
habituel. Au-delà du côté stressant de
la gestion de trésorerie et du pilotage
de l'entreprise par le cash, une
obligation en période de crise, à titre
personnel, j'ai trouvé cette période
captivante. Elle a permis de lever tous
les freins et d'envisager l'avenir d'une
nouvelle manière. Elle a été aussi une
période libératrice de créativité et
d'agilité.
La crise et la pandémie ont renforcé
des attentes souvent sousjacentes
comme la digitalisation et
le parcours clients...
Ces sujets étaient déjà à l'ordre du
jour. Nous avons gagné du temps
dans leur mise en œuvre. Nous
sommes allés plus vite, notamment
sur la digitalisation du parcours
client, où nous avons été capables
de réaliser de prouesses en un temps
record.
Sur la dimension sociétale et
environnementale et la problématique
globale de RSE, je dirais que cette
période a mis en lumière les lacunes
de l'environnement du prêt-àporter.
Seule la vérité et la sincérité
des marques vaincront. Si la crise
n'a pas eu un eff et
d'accélération
sur ce sujet, porté par Caroll depuis
plusieurs années, elle a tout de même
mis en lumière la nécessité de mieux
communiquer sur nos actions dans
ce domaine.
Dans un contexte qui reste incertain,
comment voyez-vous évoluer
Caroll et son positionnement ?
Pendant cette période, avec le comité
de direction, nous avons beaucoup
réfl échi à l'essence même de Caroll
et son rôle en tant que marque. Nous
souhaitons nous positionner comme
une marque encore plus proche de
ses clients dans tous les domaines.
Nous avons toujours eu à cœur
de travailler en proximité avec nos
clients. Aujourd'hui, nous voulons
que le client soit au centre de toutes
nos décisions.
Encore plus qu'avant, nous devons
donner du sens à nos actions, qui
doivent clairement avoir un bénéfi ce
orienté clients pour mieux répondre
à leurs attentes.
REFLETS#138
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