Centraliens - La revue des Arts et Manufactures - Juillet 2013 / N°627 - 42

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point de vue des entreprises

Dossier énergie

Énergie verte : le pari marocain

Saïd Mouline

Face à des ressources énergétiques mondiales qui se raréfient et leurs
coûts de plus en plus élevés – la facture énergétique marocaine a
dépassé les 100 milliards de dirhams en 2012 -, le Maroc s’est engagé
dans un modèle économique vert qui lui est propre.
Explications de Saïd MoulinE, Directeur Général de l’Agence nationale pour le Développement des Energies Renouvelables
et de l’Efficacité Energétique (ADEREE).

Directeur Général
Dans quel contexte a été créé l’ADEREE ?

BIO EXPRESS

Said Mouline est Ingénieur spécialisé
dans l’énergie et les secteurs de la protection de l’Environnement, diplômé
de l’Institut National Polytechnique de
Grenoble et de l’Université de Pennsylvanie à Philadelphie. Depuis 2009, il
est Directeur Général de l’Aderee. Par
ailleurs, il préside la Commission Economie Verte à la CGEM (confédération
patronale marocaine).

ADEREE en bref :

Objectifs chiffrés des énergies renouvelables en 2020 :
Solaire : 2000 MW – en cours
Hydraulique : 2000 MW – 1700 MW
aujourd’hui
Éolien : 2000 - +300 MW aujourd’hui
www.aderee.ma

Depuis 1982, suite au deuxième choc pétrolier, le Maroc s’est intéressé aux énergies renouvelables aussi pour réduire sa dépendance énergétique. Dans cet esprit, le Centre de Développement des Énergies Renouvelables a été créé (CDER). Puis, en 2009, la volonté royale d’axer les
priorités sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique par une approche structurelle
de fond s’est affirmée. C’est ainsi que le CDER a été transformé en Agence (ADEREE) en parallèle avec la création de MASEN (Moroccan Agency for Solar Energy), de la SIE (Société
d’Investissements Énergétiques) et de l’IRESEN (Institut de Recherche en Énergie Solaire et
Énergie.
Quels sont les atouts du Maroc pour réussir ce pari vert ?

Tout d’abord, son potentiel en ressources renouvelables (solaire, hydraulique, éolien) lui permet de développer des projets avec une bonne productivité. Mais, sa plus grande chance est
que l’électricité est vendue à un prix proche de celui des renouvelables. Cela pousse à faire des
économies d’énergie et à utiliser les énergies vertes. On assiste donc à l’émergence d’un véritable
pôle économique structuré, créateur de valeur, autour de ce secteur.
Comment s’organise la filière ?

D’un point de vue réglementaire, la loi n°13-09 vise à encadrer l’optimisation énergétique par
l’adoption d’un « cadre juridique offrant des perspectives de réalisation et d’exploitation d’installations de production d’énergie électrique à partir de sources d’énergies renouvelables par
des personnes physiques ou morales, publiques ou privées ». D’un point de vue technique,
nous misons sur les efforts conjugués public-privé pour le développement d’une industrie locale à forte valeur ajoutée et à l’expertise reconnue. Voilà pourquoi, dans les grands projets
d’infrastructures industrielles, il est demandé aux promoteurs d’intégrer des zones dédiées aux
énergies renouvelables, à l’instar du site d’Oujda. Enfin, pour qu’il y ait une économie verte,
il faut une expertise. Ainsi, certaines écoles d’ingénieurs ont été amenées à ajouter dans leurs
formations des modules liés aux énergies renouvelables. Des instituts pour les techniciens sont
aussi en cours de création.
Existe-t-il un plan d’aide pour le privé et les particuliers pour faciliter l’accès aux
énergies vertes ?

Nous ne souhaitons pas subventionner ce secteur à l’instar du modèle européen par un feed
in tarif. Maintenant, comment accéder à l’investissement pour s’équiper en installation verte ?
Pour le pompage solaire dans l’agriculture, nous avons mis en place une formule de subvention
à l’investissement associé à un financement à crédit pour accompagner les petites structures.
Par ailleurs, il a été rendu obligatoire la pré-installation solaire dans les nouveaux bâtiments.
On commence à voir des promoteurs proposer des logements sociaux équipés en chauffe-eaux
solaires comme à Tamansourt.
Quels sont vos projets à court terme ?

L’ADEREE et la commune urbaine d’Oujda travaillent à la mise en place d’un PPP pour développer l’éclairage public au Maroc. Nous réfléchissons également à la valorisation en électricité
du méthane des décharges. Enfin, pour parvenir à une réelle efficacité énergétique, il faut changer les comportements. Nous avons donc mis en place le Projet Jiha Tinou dont l’objectif est
d’accompagner chaque région dans l’audit de son potentiel énergétique et d’aider les décideurs
institutionnels à obtenir la certification Mena Energy Awards.
Centraliens no627 [Juillet 201
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http://www.aderee.ma

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