Centraliens - La revue des Arts et Manufactures - Juillet 2013 / N°627 - 54

Histoire

outre-mer. Abolitionniste et partisan de l’Union, Nelson collaborait
avec les représentants du gouvernement des États-Unis durant la guerre
civile américaine (1861-1865), pour empêcher les munitions et les bateaux fabriqués par des sociétés françaises de tomber dans les mains des
Confédérés.
Léonard et Arthur répondirent aux critères d’entrée, intégrèrent comme
prévu, firent leur trois années d’étude, terminées en 1866. En troisième année, Léonard choisit la spécialité métallurgie, Arthur celle de
constructeur. Ils furent des étudiants exemplaires : Léonard sortit premier de sa spécialité et de la promotion, Arthur second de la sienne et
troisième de la promotion.
C’était l’époque de l’Exposition universelle de 1867 qui se tenait à Paris,
Nelson M. Beckwith était commissaire général des États-Unis à l’exposition. Il n’est pas étonnant qu’il ait impliqué ses deux brillants garçons
dans le projet. Léonard et Arthur rédigèrent des rapports, publiés en
1868 pour les commissaires : Léonard sur le béton Coignet et Arthur sur
l’emploi de l’asphalte et du bitume à Paris (1). Le rapport de Léonard fut
le premier d’un Américain sur le béton Coignet.

Les débuts de jeunes entrepreneurs
A leur retour aux États-Unis en 1867, les deux frères s’engagèrent
dans une vie professionnelle active. Léonard fit partie de l’American
society of civils engineers (ASCE) et participa à leurs réunions. Très
rapidement il présenta une communication sur le béton Coignet.
Plus tard, il participa à un comité de l’ASCE pour établir un système
unifié de contrôle du ciment. Arthur assista aussi à des réunions de
l’ASCE, et présenta une communication sur la chimie des ciments,
mais il ne devint pas membre de l’ASCE et arrêta rapidement sa participation. Arthur se considérait plus comme architecte qu’ingénieur
civil. Au début des années 1870, Léonard épousa Margaretta Pierrepont, membre d’une éminente famille de New-York, les Pierrepont.
Ils eurent quatre enfants. Arthur ne se maria jamais.
C’est l’intérêt des deux frères dans les ciments, bétons, et céramiques
architecturales qui les amena à devenir les pionniers d’une nouvelle
industrie en Amérique : la fabrication de blocs structuraux creux.
En 1871, la ville de Chicago fut détruite dans un incendie, un des
plus grands désastres urbains dans l’histoire américaine. Peu de bâtiments américains étaient alors résistants au feu – définis comme
ceux dans lesquels tous les éléments structurels sont non combustibles. Le principal système pour réaliser des planchers résistants
au feu, pour remplacer les planchers en bois, consistaient en des
voûtains en briques entre poutres métalliques en I, mises à niveau
avec du béton. Ces planchers étaient très chers et donc peu utilisés,
étaient aussi très lourds, ce qui était particulièrement désavantageux
pour les grands bâtiments de grande hauteur. Après l’incendie de
Chicago, prévoyant une demande croissante de produits ignifuges
pour la construction, plusieurs compagnies furent fondées pour
fabriquer des blocs structuraux creux pour des constructions résistant au feu. L’objectif était d’introduire une variante sure aux lourds
voûtains et cloisons en briques.
Léonard et Arthur Beckwith créèrent une de ces sociétés. Ils commencèrent par obtenir des contrats en 1872, et l’année suivante fondèrent officiellement la Fire-Proof Building Company de New-York
(FPBCNY) qui fabriquait des corps creux « pour des murs résistant
au feu, des cloisons, planchers, plafonds, coupoles et toits de toute
forme ». Léonard était président et trésorier, Arthur intervenait
comme architecte conseil, et l’émigrant français constructeur Lucien
A. Tartière était responsable du contrôle des travaux. La société
fabriquait un produit complètement nouveau pour les USA : des
blocs constituant des voûtes très tendues ou plates, qui réalisaient

Leonard and Arthur met the entry requirements and enrolled in the
ECP as planned. They completed their three-year programs in 1866. In
their third years, Leonard chose metallurgy as his major field of study
and Arthur, construction. They were exemplary students: Leonard
ranked first overall in his graduating class and Arthur, third overall.
Leonard ranked first among the graduating metallurgists, and Arthur,
second among the constructeurs.
At this time, the Universal Exposition of 1867 was being organized in
Paris, and Nelson Beckwith served as Commissioner General of the
United States at the Exposition. It is not surprising that he involved
his brilliant sons in the project. Both Leonard and Arthur wrote reports, published in 1868, for the United States Commissioners: Leonard on béton-coignet, and Arthur on the uses of asphalt and bitumen
in Paris (1). Leonard’s report was the first by an American on bétoncoignet.
•••

After returning to the United States in 1867, the brothers became professionally active. Leonard joined the American Society of Civil Engineers (ASCE) and participated in their meetings; at an early date, he
presented a paper on béton-coignet. Later he served on an ASCE committee to establish a uniform system for testing cement. Arthur also
attended ASCE meetings and presented a paper on the chemistry of
cements, but he did not become a member and soon stopped participating. Arthur considered himself to be an architect more than a civil
engineer. In the early 1870s, Leonard married Margaretta Pierrepont,
part of a prominent New York family, the Pierreponts. They had four
children together. Arthur never married.
It was the brothers’ interest in cements, concrete, and architectural
ceramics that led them to become pioneers in a new industry in America: the manufacture of structural hollow blocks. In 1871, the city of
Chicago burned down in one of the largest urban conflagrations in
U.S. history. At that time, few American buildings were fireproof –
defined as ones in which all structural materials are noncombustible.
The principal system for making fireproof floors -- to replace ordinary,
combustible wooden floors -- consisted of brick arches between iron
I-beams, leveled up with concrete. These floors were very expensive
and consequently little used, and also very heavy, which was especially
disadvantageous for large and tall buildings. After the Chicago fire,
anticipating a growing demand for noncombustible building products,
several companies formed to manufacture structural hollow blocks for
fireproof construction. The object was to introduce a lighter but secure
alternative to the heavy brick arches and partitions.
Leonard and Arthur Beckwith established one of these companies.
They began to take contracts by 1872, and in the next year, formally
organized The Fire-Proof Building Company of New York (FPBCNY),
which manufactured hollow blocks “for Fire-Proof Walls, Partitions,
Floors, Ceilings, Domes, and Roofs of all Forms.” Leonard served as
the president and treasurer; Arthur as consulting architect; and the
French emigrant builder Lucien A. Tartière, was the superintendent
of the works. The company made a product that was entirely new to
the U.S.: flat aches of blocks that filled between iron beams, to create
floors. Another of the company’s innovations was to make its blocks
out of concrete rather than clay; it was the only manufacturer that
used concrete. Both of these techniques – the form of the arches,
and the use of concrete to make building blocks – drew on French
technology.
•••

Like the other Americans who started to manufacture hollow blocks
for fireproof floors, the Beckwiths adapted models of floor arches from
France. Most likely they would have first learned about hollow block
floors from Émile Muller, graduate of the ECP (1844) and professor of

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