Centraliens - N°628 - La revue des Arts et Manufactures - Août/Septembre 2013 - 11

Jean-Pierre le Dantec

spécialiste de l'histoire de l'architecture et des
jardins. J'ai obtenu un diplôme d'architecte
par voie d’habilitation et, sur travaux, une
habilitation à diriger des recherches en histoire de l’art.
Il s'installe progressivement à l'ENS et publie
des essais ou des anthologies consacrés à
l’architecture et à l’art des jardins , tout en
étant éditorialiste des revues Archi-Créé puis
Techniques et architecture.
Citons, à titre d'exemple: Jardins et Paysages (anthologie critique, parue chez
Larousse en 1996 et rééditée aux éditions
de La Villette en 2002), Dédale le héros,
situations de l’architecture contemporaine
(Balland, 1991), Poétique des jardins (Actes
Sud, 2011).
En 1978, j'ai proposé à Gallimard de créer une
collection et on m’a demandé de diriger une
filiale du groupe, Les Presses d’aujourd’hui.
Puis, dans les années 1985-1995, je suis devenu conseiller littéraire pour les éditions Autrement et les éditions Balland.
Jean-Pierre Le Dantec se partage entre architecture, littérature et art des jardins.

Vous aviez le profil pour embrasser
une carrière politique, pourquoi ne
pas avoir choisi cette voie ?
Ça aurait pu être la politique en effet. Mais pas
la politique politicienne. J'ai été en désaccord
avec François Mitterrand par ex, je n'avais
pas envie de faire de la politique. J'étais plus à
ma place du côté des intellectuels. J'étais prêt
à m'engager à signer des pétitions pour des
causes comme les "boat people", par ex mais
pas à devenir politique, même si la politique
m'intéressait. J'aspirais à changer le monde,
à réhabiliter la politique en dehors de toute
logique partisane. Montrer l'engagement intelligent et sincère d'un homme.
Je pense qu'en est plus libre comme intellectuel critique qu’en tant que politique.
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De quoi êtes-vous le plus fier ?
Toutes les causes pour lesquelles je me suis
engagé étaient importantes. L'un de mes derniers combats fut d’obtenir la reconnaissance
officielle de la responsabilité de l’Etat français
de Vichy dans la Shoah.
J'ai été heureux et fier lorsque Jacques Chirac,
suivi par Nicolas Sarkozy et François Hollande,
a reconnu cette responsabilité que De Gaulle
et Mitterrand avaient refusée.

Le romancier que vous êtes dit
écrire des "romans vrais",
serait-ce parce que vos héros
et vous ne font qu'un ?
Non, même s'il y a toujours un peu de soi
dans ses romans.
J'aime bien reconstituer une vie, créer un personnage et le faire évoluer. Ainsi, dans "Ile
Grande", que j'ai repris en 2012, c’est Joseph
Conrad le personnage principal, et mes autres
romans ont tous des points de départ d'une
vie réelle.
Jean-Pierre Le Dantec est l'auteur d'une
vingtaine de livres dont quelques romans
(Les corps subtils, Etourdissements, L'Ile
Grande…).
Et lorsqu'on lui pose la question :

si vous deviez faire un choix,
qu'est-ce que vous garderiez
parmi tout ce que vous avez fait ?
Il répond sans hésiter : tout ! Je n'ai aucun
regret. Je suis toujours en activité, ma vie
m'intéresse et c'est l'essentiel.
Un roman est en gestation et je suis associé à
Roland Castro sur le projet du grand Paris.
Dans les années 80 on avait déjà travaillé
ensemble dans le cadre de Banlieues 89 où on
avait déjà abordé le problème du Grand Paris.
Aussi, quand Nicolas Sarkozy a demandé à une
dizaine d'équipes internationales d'architectes/
urbanistes de relancer ces travaux, c’est naturel-

lement que j’ai rejoint Roland Castro avec qui
j’ai enseigné le « projet architecturale et urbain »
pendant vingt ans.
"La semaine de l'Atelier International du
Grand Paris" s'est déroulée du 1 au 7 juillet
2013 au Centquatre. Un rendez-vous qui
permet aux franciliens de suivre le projet.
Colloques, films, débats, expositions… autant de propositions pour faire qu’« Habiter
le Grand Paris » devienne une réalité partagée par tous.
L’Atelier International du Grand Paris
(AIGP) a été créé en février 2010 sur volonté
du Président de la République pour donner
suite à la consultation lancée par le Ministère de la Culture et de la communication,
en 2008, sur le Grand Paris de l’agglomération parisienne. C’est une structure constituée sous forme d’un groupement d’intérêt
public.
Jean-Pierre Le Dantec a également participé
à l’élaboration de projets de paysage, d’urbanisme ou de jardins -par exemple, à l’aménagement des terrains Renault à Boulogne-Billancourt et à Meudon, ou à celui du nouveau
quartier des Capucins à Angers. Il est vice
président du Domaine de Chaumont-surLoire et administrateur de la Fondation des
parcs et jardins de France.
Des expériences multiples, des projets porteurs comme le grand Pari(s) Jean-Pierre Le
Dantec évoque l'Ecole et se réjouit de son
évolution et de sa modernité.
L'Ecole a beaucoup évolué, plus ouverte sur le
plan culturel, social et intellectuel. Elle a aussi
changé de dimension : promotions, implantations en province et à l'international. Le
rapprochement avec la recherche est un atout
supplémentaire. Nous étions des jeunes gens
bizarres parmi les blazers verts ; 68 a fait
changer les choses.
n

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