Centraliens - N°628 - La revue des Arts et Manufactures - Août/Septembre 2013 - 18

Dossier

L’entreprise et son expertise
technologique au service de l’artiste

L’art numérique, virtuel, exige de l’artiste d’aborder le temps et l’espace de l’œuvre dans une nouvelle
dimension. Et d’entretenir avec les informaticiens ce dialogue particulier qui féconde son œuvre.
Rencontre avec l’un d’entre eux.
Miguel Chevalier
AWe

Miguel Chevalier est
né à Mexico en 1959.
Il travaille principalement à Paris où il est
installé depuis 1985.
Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris 80 et
de l’École Nationale Supérieure des
Arts Décoratifs 83, il a reçu la bourse
Lavoisier pour le Pratt Institute à New
York en 84 et a été lauréat de la villa
Kujoyama à Kyoto au Japon en 94.
contact@miguel-chevalier.com
www.miguel-chevalier.com

epuis 1978, avec l’informatique,
Miguel Chevalier aborde les problématiques de l’image hybride,
générative et interactive (jamais
totalement achevée, toujours en devenir).
Ses thèmes se rapportent à son observation
de la nature (les plantes…), des flux et des
réseaux qui organisent nos sociétés contemporaines comme les villes virtuelles, dont il
reformule à l’aide de l’outil informatique les
données essentielles.
Il s’est imposé internationalement comme
l’un des pionniers de l’art virtuel et du numérique. Les images qu’il nous livre interrogent
perpétuellement notre relation au monde.
Ce qui est important dans cet art du virtuel,
c’est que nous ne sommes plus dans un déroulement linéaire du temps, déjà préétabli.
On se situe dans un rapport de potentialités
à explorer. C’est une de ses caractéristiques.
La notion d’espace s’étire dans d’autres dimensions que la linéarité d’un film ou d’une
bande-vidéo. C’est un aspect tout à fait inédit et spécifique de cette création impossible
à réaliser avec les autres médiums.
Miguel Chevalier a un grand atelier, « La
Fabrika » sorte de laboratoire, où il peut

expérimenter ses œuvres et les projeter à
grande échelle.
C’est un chef d’entreprise qui fait beaucoup
de recherche et développement avec une
équipe réduite de collaborateurs.
Pour ce chef d’entreprise, le virtuel et le numérique peuvent générer de nouvelles idées.
C’est en cela qu’il intéresse beaucoup les
entreprises qui le consultent.
Mais il travaille aussi pour les villes. L’artiste
est susceptible de livrer des pistes de travail
bien plus ambitieuses pour renouveler le regard sur la ville et sur l’architecture, révéler
des réalités secrètes, proposer des directions
nouvelles et des glissements de frontières,
enfin agir à part entière pour guider le devenir des villes à une ère où la perte des certitudes règne et où la créativité la plus large est
de mise pour réinventer la ville de demain.
Il pense que tout ce monde, qui jusqu’à présent faisait abstraction du champ du virtuel,
est en train de changer radicalement, et en
partie grâce à quelque chose que l’on tient
entre les mains quotidiennement : le téléphone portable. L’évolution de la téléphonie,
avec notamment les smartphones de type
iPhone ou Blackberry, caractérisés par leurs

Centraliens no628 [août/septembre 201
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