Centraliens - N°631 - La revue des Arts et Manufactures - Janvier/Février 2014 - 17

Dossier

Éditorial
Chers Centraliens,

C

'est pour moi un grand honneur et un grand plaisir que de
vous présenter ce numéro de votre revue, numéro consacré aux barrages hydrauliques. En effet, l'Ecole centrale est
cette école qui a fourni à la France et à de nombreux pays
dans le monde et en particulier en Afrique des ingénieurs talentueux
et ingénieux comme leur nom l'indique, qui ont contribué et contribuent à la mise en place et à la gestion d'infrastructures qui améliorent fondamentalement les conditions de vie de millions d'êtres
humains tout en préservant et en protégeant notre mère la nature.

Parmi les ouvrages d'art, les barrages se distinguent par plusieurs
aspects. Leur conception requiert une grande ingéniosité et la collaboration de plusieurs disciplines scientifiques et techniques pour
en garantir la sécurité, l'efficience économique et la durabilité. Leur
impact sur le milieu naturel et sur les sociétés locales sont souvent
significatifs. Enfin, leur utilité se révèle essentielle. Ils permettent
en effet de mobiliser les ressources en eau et de les contrôler pour
favoriser l'irrigation, de produire de l'électricité propre en quantité
et moins chère, de stocker de l'eau destinée aux usages domestiques
et industriels, de lutter contre les inondations, de faciliter la navigation fluviale, voire de créer des plans d'eau de loisir et aussi, souvent, de restaurer la nature et les écosystèmes dans les pays arides
et semi-arides. Ces ouvrages, dont on dénombre environ un million
de petits et cinquante mille classés comme grands barrages, sont
parmi ceux qui ont permis les transformations révolutionnaires du
20e siècle en Europe et en Amérique. Ils sont aujourd'hui en train de
transformer l'Asie. Ils changeront l'Afrique demain en permettant
aux populations de passer de la nécessité à une certaine liberté.
Vous trouverez dans les pages qui suivent des articles décrivant le
rôle historique et l'actualité de ces ouvrages. Mais quand on parle de
barrages, on parle surtout d'avenir. Bien sûr le potentiel est d'ores
et déjà largement exploité dans les pays développés, mais le parc
vieillissant et les nouvelles demandes en termes de protection contre
les inondations, de stockage de l'énergie intermittente et le renouveau du transport fluvial en Europe posent des enjeux nouveaux à
la profession. Le potentiel reste immense dans les autres parties du
monde. Pour prendre un exemple qui m'est cher, celui de l'Afrique,
on estime que le potentiel hydroélectrique n'y est exploité qu'à hauteur d'environ 7 à 8 %. Or les deux tiers de la population y sont
privés d'électricité, avec tout ce que cela représente en termes de
manque d'éclairage, de déficit en eau potable, de médiocres possibilités d'éducation, de frein à l'activité économique. Du fait de la
faible mobilisation de l'eau, seulement 10 % des terres arables en
Afrique sont sous irrigation, avec comme conséquences des famines
récurrentes et une malnutrition chronique pour la majorité des enfants et des femmes en grossesse. Un projet comme celui du Grand
Inga sur le fleuve Congo, d'une puissance installée de 40 000 MW,
pourrait pourtant produire de l'ordre de 280 TWh/an, et ceci au coût
extrêmement modique de 0,02 Dollars par kWh, alimentant ainsi
une bonne partie du continent.
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Convenablement maitrisée quant à ses conséquences environnementales et sociales, la construction de barrages représente un vaste
champ d'action dans toutes les régions émergentes, régions qui se
développent aujourd'hui à vive allure.

Leur mise en œuvre continue à faire appel à de belles innovations
technologiques, ce qui veut dire que les Centraliens y ont toute leur
place et y trouvent de grandes satisfactions professionnelles.
n
Je vous souhaite une bonne lecture.
Bien cordialement à vous,

Adama Nombré

Président du Comité National
des Barrages du Burkina

Président de la Commission Internationale
des Grands Barrages (CIGB-ICOLD)

Sommaire
p 18

Partager les savoirs constituer
l'expérience collective, faire émerger
l'expertise

p 20

Le bonheur des expatriés
Témoignages de trois jeunes
ingénieurs en poste au Nigéria,
en Équateur et au Népal

p 24

Barrages et développement durable

p 27

Le rôle de l'énergie hydraulique
dans le mix énergétique

p 30

Évolution actuelle et avenir
de l'hydroélecticité

p 32

Le « modèle CNR » porteur du
développement durable des territoires

p 35

Les barrages français et la sûreté

p 38

Déplacements de populations
et construction de grands barrages

p 42

Les barrages, un patrimoine essentiel,
ou l'avenir du passé

p 44

Les barrages naturels

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Centraliens - N°631 - La revue des Arts et Manufactures - Janvier/Février 2014

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