Centraliens - N°632 - La revue des Arts et Manufactures - Mars/Avril 2014 - 10

Parcours de Centralien

Bernard

arbier

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L'ex directeur technique de la DGSE nous confie son parcours
de centralien au sein d'une organisation secrète

Chercheur, « monsieur grandes
oreilles » de la DGSE, expert en
cyberséurité... Qui est Bernard
Barbier ?
Il voulait être chercheur. À suivi l'option
physique de la matière à Centrale, obtient
un DEA de physique et intègre tout naturellement le CEA en 1977 pour se consacrer
aux applications nucléaires.
Chercheur pendant 5 ans, il gravit les échelons, dirige un secteur et manage une dizaine de chercheurs. Son parcours de chercheur aurait pu se poursuivre de manière
linéaire mais sa rencontre en 1987 avec
François Mermet, alors patron de la DGSE,
provoquera l'envie de choix nouveaux et
Alain Bugard (administrateur général du
CEA) finira par le convaincre de relever ce
défi qu'on lui propose.
La DGSE recherchait une expérience comme
la mienne, mais la maison était dans la tourmente avec l'affaire du Rainbow Warrior. Ca
ne me tentait pas vraiment... J'ai fini par accepter en me disant que je ne resterai que 3 ans.
Il rejoint la DGSE en 1988 pour prendre en
charge l'acquisition du premier super calculateur Cray (Cray a produit un certain
nombre des superordinateurs dont dispose
la NSA).

Je voulais partir au bout de 3 mois ! 20 ans de
retard. Il y avait trois ou quatre ingénieurs
épaulés par des appelés scientifiques. On était
à l'âge de pierre.
La guerre du Golfe va accélérer les choses. Le
super calculateur est arrivé, Michel Rocard
(Premier ministre) décide d'avoir un « renseignement » français digne de ce nom.
J'ai recruté 200 personnes. Ce fut une période
passionnante. Après la désillusion des premiers mois, j'étais enthousiaste !
Bernard Barbier (contractuel et non fonctionnaire) doit regagner CEA. Et c'est à
Grenoble (la sillicon valley française) qu'il
s'installera.
Le CEA Grenoble est à la pointe de la recherche technologique. L'essentiel de ses
recherches est dédié au développement des
nouvelles technologies (des batteries électriques aux nanotechnologies en passant par
les matériaux et les biotechnologies), il participe aussi au transfert de ces connaissances
vers l'industrie.
Bernard Barbier est à la tête d'une équipe de
300 personnes.
J'étais en charge de l'activité médicale, c'està-dire l'électronique dans le médical, les nouvelles générations de télécom...
Je suis resté 4 ans à Grenoble. En 2000, le
CEA a décidé de créer un département DSI et
m'a demandé d'en prendre la tête.
Une opportunité formidable, même si ça a
été dur. Projet de réformer la gestion de l'administration du CEA.
Bernard Barbier revient à Paris et prend à
bras-le-corps ce défi complexe. La relation
humaine était primordiale dans la conduite
de ce projet. On me propose de repartir à
nouveau à Grenoble. La recherche sur les na-

notechnologies était très en pointe avec une
mission axée sur l'international via le développement de coopérations avec l'Europe, la
Chine, les États-Unis...
Seule ombre au tableau, la famille ne suivra pas.
Grâce aux coopérations internationales développées avec l'Allemagne, la Finlande, la
Grande-Bretagne ou les États-Unis, j'ai découvert que les ingénieurs français sont très
bons. Ils peuvent faire jeu égal avec n'importe
quel ingénieur américain ou chinois.
Et la formation à Centrale permet une vue
globale sur tous les sujets.
Trois ans plus tard, j'avais l'impression
d'avoir fait le tour, j'avais gardé des contacts
avec la DGSE, le directeur partait et j'ai alors
candidaté...
Bernard Barbier est nommé directeur technique de la DGSE. Il dirige 1 600 personnes, poste
et mission comparables à la NSA aux USA !
Nicolas Sarkozy (Président) demande un
livre blanc sur la sécurité. Une opportunité
unique que Bernard Barbier va saisir : il travaille d'arrache pied avec ses équipes et réalisera le projet avec un an d'avance !
Avec mes équipes nous avons fait un saut
technologique : 500 millions en termes d'investissements et 500 personnes pour mener
le projet. J'étais le seul directeur de l'administration à recruter 300 ingénieurs et 100
exploitants.
J'ai mis en place une organisation en mode
gestion de projet, cela nous a permis d'aller
plus vite, c'était la première fois qu'on terminait en avance un projet.
Je me laissais 7 ans, après j'aspirais à travailler dans le privé. Étant toujours contractuel,
je pouvais rester au-delà de mes 60 ans à la
DGSE mais j'étais aussi conscient que 60 ans
Centraliens no632 [mars/avril 201
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