Centraliens - N°632 - La revue des Arts et Manufactures - Mars/Avril 2014 - IV

Cahier

La promotion 1961 en Andalousie
De Paris, nous partîmes 25, mais par un prompt renfort Toulousain, nous nous vîmes 291
en arrivant à Séville. C'était le 17 septembre. Nous quittions la grisaille pour passer
une petite semaine sous le soleil andalou.
récolte. Il est doux ou sec selon l'avancement de la
fermentation lors de cet ajout.

ous quittions la grisaille pour passer une petite
semaine sous le soleil andalou. Quelques-uns parmi
nous découvrent cette région avec plaisir, d'autres y
reviennent tout autant satisfaits. Tous nous partageons la joie de
retrouver nos camarades.
Un tour panoramique nous donne un aperçu des principaux édifices de la ville, du quartier partiellement à l'abandon de l'Exposition Universelle de 1992 et de celui, magnifique, de l'Exposition
Ibéro-Américaine de 1929. Nous nous installons pour trois nuits
dans un hôtel proche des pavillons de 1929.
Pendant quatre jours notre guide Virginie, chaleureuse et cultivée,
nous montrera l'extraordinaire imbrication des cultures romaine,
arabe, juive et chrétienne en Andalousie.
L'Alcazar de Séville en sera la première illustration. Ce palais
construit par les Omeyades d'Espagne à partir de 844 fut plusieurs
fois remanié et agrandi par les souverains arabes. Après la reconquête de Séville en 1 248 les rois chrétiens l'étendent et l'embellissent. Ils emploient des artistes arabes restés sur place, les « mudéjar ». Inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco cette résidence
royale depuis sept siècles, a vu le mariage de Charles Quint et d'Isabelle du Portugal.
Nous enchaînons avec la cathédrale de Séville construite à l'emplacement de la grande mosquée. L'ancien minaret, surmonté maintenant d'un clocher, en est son campanile. Coiffé d'une girouette de
grande taille il a donné le nom de « Giralda » à la cathédrale. Jadis
le muezzin y accédait à dos d'âne par un chemin pavé s'élevant le
long des parois de la tour. Certains d'entre nous montent jusqu'au
clocher par ce chemin, d'autres prennent le frais dans la cour des
orangers.
La journée se termine par un spectacle de flamenco dans le Musée
du Flamenco crée par Christina Hoyos. Virginie profitera de cette
occasion pour nous éclairer sur la minorité gitane espagnole.
Le deuxième jour nous mettons le cap à l'ouest vers Xérès de la
Frontera et Cadix. La journée commence par la visite d'une cave.
Le vin de Xérès est « muté », c'est-à-dire enrichi jusqu'à 15°5 ou 18°
par l'ajout d'une eau-de-vie issue de la distillation d'une partie de la

À l'École Royale d'art équestre de Jerez le spectacle « Comment dansent les chevaux andalous »
nous subjugue. Les chevaux, remarquablement
dressés, dansent sur un fond de musique espagnole. Les cavaliers et les conducteurs d'attelages, tous en costume, font preuve d'une très
grande maîtrise.
La journée se termine à Cadix. Cette ville
déposséda Séville de l'essentiel de son commerce avec l'outremer quand, devenus trop
gros, les bateaux ne purent plus remonter le
Guadalquivir2. Cadix fut alors la ville la plus riche d'Europe. Les
maisons patriciennes proches du port gardent encore les tours de
guet qui permettaient d'anticiper l'arrivée des galions ou plus exactement d'anticiper le cours des marchandises qu'ils rapportaient.
Le lendemain al Andalus se rappellera à nous. Ce sera Cordoue.
En route nous apercevons la tour d'une centrale solaire thermoélectrique violemment éclairée par les rayons du soleil que des
miroirs font converger sur elle. L'arrivée à Cordoue, par la rive sud
du Guadalquivir, offre une vue superbe sur la vieille ville dorée par
le soleil. La Mezquita, l'ancienne mosquée considérée comme la
plus grande du monde islamique, est une forêt de colonnes, les plus
anciennes provenant des temples romains de la ville. Il fallut en
abattre de nombreuses pour implanter la cathédrale de Cordoue
dans cette forêt. Charles Quint, nous dit-on, ne fut pas enchanté du
résultat. Pour notre dernière nuit andalouse nous rallions Mijas. Le
lendemain ce sera Ronda.
La encore nous retrouvons la superposition des cultures. Ronda est
coupée en deux par une gorge étroite et très profonde. Trois ponts
relient les deux rives : le romain tout en bas de la gorge, l'arabe à
mi-hauteur et tout en haut le « pont neuf ». Construit à la fin du
18e siècle il permet le passage sans dénivelée. Commentant l'architecture du pont arabe notre guide a cette phrase : « Heureusement
qu'en 732 vous nous avez renvoyé les Arabes, ils ont pu faire de
belles choses ici ».
La journée avait commencé par la visite des arènes de Ronda,
les plus anciennes d'Andalousie, sous la conduite d'un guide à la
voix de stentor. Les phases du spectacle taurin et la tarification des
places n'ont maintenant plus de secret pour nous.
Dans l'après-midi nous rejoignons Malaga d'où nous embarquons pour Paris. ¡ Arriba la 61 !
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André Gaulhet (61) et Jean Chavand (61)
1. Jacques Baret, Jean et Michèle Biabaut, Jean et Annie Chavand, Jean-Paul et
Michèle Credoz, Marie-Claude Delort, Jean-Louis et Geneviève Doury, Henry
Duquaire, Alain et Maguy Escande, Michel et Christiane Fassier, André et
Marie-Catherine Gaulhet, Jean-François et Brigitte Leconte, Jean-Paul et
Chantal Merlateau, Georges et Anne-Marie Milleret, Philippe et Anny Pantz,
Francine Poulain, Edouard Ricard, Jean Saugnac, Georges Vassiliadis.
2. D'après notre Guide « Guadalquivir » viendrait de l'arabe « Oued el kébir »
signifiant « Le grand Oued ».

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