Centraliens - N°633 - La revue des Arts et Manufactures - Mai 2014 - 52

Histoire

Un chantier de 5 années
La Compagnie française des mines du Laurium, fondée le 28 août 1875 à Paris, se
charge de l'exploitation du plomb, du zinc,
de la calamine et des minerais manganésifères dans les concessions situées tout le
long de la côte orientale de l'Attique.

Figure 2 : Plan des installations de Cypriano.
© Exposition universelle.

Huet et Geyler dirigent des travaux d'exploitation et de traitement des minerais d'une
manière méthodique et régulière. En premier lieu, ils s'occupent de l'armement des
puits et mettent en œuvre un vaste projet de
renouvellement des appareils d'extraction
des mines, de nouvelles machines construites
dans les ateliers de la Société centrale des
constructions mécaniques. Jusqu'en 1876,
ils construisent douze fours de calcination
d'une hauteur de 4,58 m et d'un diamètre de
2,50 m à Cypriano et deux autres, d'une plus
grande capacité, au plateau de Camaresa. Ils
mettent ensuite en œuvre la construction
de deux laveries pour l'enrichissement des
minerais pauvres et la séparation mécanique
des minerais mixtes (figure 2).
L'outillage de ces laveries est plus compliqué
que dans les précédentes installations. Outre
les appareils de broyage et de classement,
l'enrichissement s'opère uniquement pour
les grenailles et les sables sur les cribles à grille
filtrante -brevet Huet et Geyler- et les roundbuddles servent à l'enrichissement des boues.
Le fonctionnement de l'usine s'accomplit
mécaniquement sans faire intervenir le travail
manuel. Les laveries de la Compagnie française des mines du Laurium n'emploient que
trente ouvriers chargés de la surveillance et du
bon fonctionnement des machines.

Figure 3 : L'ensemble des usines du Laurium.
© Mémoire et compte rendu des travaux
de la Société des ingénieurs civils.

Les laveries se composent de deux halles distinctes. L'une, destinée au lavage des matières
telles qu'elles arrivent des mines. L'autre, à la
réception des produits mixtes provenant du
premier lavage. La première laverie, dite laverie principale, occupe une surface de 1 215 m²,
elle est constituée d'appareils placés symétriquement de manière à traiter parallèlement
deux minerais de composition différente et
faire fonctionner une partie de l'usine sans
interrompre le travail. Les produits ramassés
tombent directement dans les wagonnets ; les

matières riches sont conduites aux magasins,
les stériles aux remblais et les mixtes à la laverie secondaire. Cette deuxième laverie, dite
laverie accessoire, occupe une surface de
970 m², elle extrait le produit final après un
broyage fin. Grâce à un système ferroviaire
intelligent, tout fonctionne mécaniquement,
rendant l'exécution plus rapide et la production plus économique (figure 3).
Les installations industrielles comprennent
aussi des ateliers de réparations et de
constructions, une fonderie, un laboratoire
d'analyses chimiques, des écuries et des remises.
L'usine est reliée par des lignes de chemin de
fer au port du Laurium, jusqu'à un appontement métallique, construction spéciale munie
de deux grues à vapeur, qui dessert les installations d'embarquement et débarquement des
matières et les magasins à minerais et à combustibles. Jusqu'en 1878, on compte plus que
quarante navires à destination des ports européens de Marseille, Swansea et Anvers.
À proximité de l'ensemble industriel, sont
également construits des habitations ouvrières, des écoles pour les élèves, une pharmacie, un hôpital et une société musicale
pour les mineurs.

Site classé monument historique
Le 19 février 1878, Alfred-Édouard Geyler
meurt, victime d'une congestion pulmonaire.
Cette disparition incite son camarade à se
retirer des affaires et à se consacrer à l'étude
de minerais du Laurion. En 1879, il présente
son premier mémoire sur les gisements métallifères du Laurion et une année plus tard un
second, qui lui vaudra une deuxième médaille
d'or de la Société des ingénieurs civils. Cette
étude est considérée comme la monographie
la plus remarquable jamais faite sur la formation et les allures des gisements calaminaires.
C'est sans doute grâce aux recherches laborieuses de Huet et Geyler que nous connaissons aujourd'hui les beaux minerais calaminaires du Laurion, dont la richesse et la qualité
est une des plus importantes dans le monde.
Le 5 juin 1887, Alfred Huet décède à Paris. Il
était, dès la première année de sa fondation, un
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