Arts Magazine – Feuilleter le magazine – Fleurus Presse - (Page 52)

PAGE 52 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ MArs 2012 dOssier • jeunes artistes POur Faire Le Grand saut, OBjectiF réseau se faire repérer par magie ? impossible. Pour mettre un pied dans les réseaux de l’art contemporain, les jeunes artistes doivent retrousser leurs manches... Le moment de faire le grand plongeon est venu. L’école est finie – si toutefois on y est allé. Voici l’heure des grandes espérances et des angoisses. « Vais-je (sur)vivre de mon art ? Quelqu’un repèrerat-il un jour mon talent ? » Ces questions, tout artiste se les pose au début de sa carrière. « Beaucoup de mes camarades de l’École des beaux-arts de Paris, même très doués, ont abandonné », remarque avec amertume Laurence Cathala, artiste lyonnaise de 31 ans. Seuls 5 % des étudiants des écoles d’art réussiraient en effet à devenir effectivement artistes. « Mais certains se croient artistes et finissent dans le milieu de l’art, simplement parce qu’ils ne sont pas assez doués », analyse Gilles Fuchs, fondateur de l’Adiaf, l’association de collectionneurs à l’origine du prix Marcel Duchamp. « S’ils le sont vraiment, je suis convaincu qu’ils finissent par émerger ». Certes. Mais au prix de gros sacrifices. « Avant d’entrer en galerie, j’ai dû m’endetter de plusieurs milliers d’euros pour fabriquer mes sculptures animées. Comme j’avais absolument besoin d’un atelier, j’ai préféré renoncer à mon logement : je dormais au milieu de mes œuvres et prenais mes douches à la piscine », témoigne l’artiste Simon Nicaise, qui a également monté une galerie associative à Rouen pour montrer le travail des autres. La plupart des créateurs sont obligés d’enchaîner les petits boulots pour financer leurs œuvres – cours de dessins, montage d’exposition, peinture de cimaise, ou même jobs dans la restauration. D’autant plus que créer dans son coin et subvenir à ses besoins ne suffit pas. Il est aussi indispensable d’attirer l’attention des acteurs du monde de l’art sur son travail. Une tâche pour laquelle les néophytes doivent mobiliser une grande partie de leur énergie, pendant souvent de longues années. Pour exister en tant qu’artiste et espérer voir son œuvre repérée, il faut parvenir à la montrer. « Pour cela, je conseille aux novices d’exposer partout où ils peuvent, même dans les tout petits lieux : chez eux, chez leur mère, dans une exposition collective présentée dans Marie Zawisza  Aurélie Romanacce  les premiers pas une mairie, une bibliothèque, une salle associative…, et d’y inviter leurs amis, leurs anciens professeurs, les artistes qu’ils ont pu croiser… », insiste la galeriste Frédérique Valentin, qui déniche régulièrement les nouveaux talents. Parallèlement, il est bon d’envoyer des dossiers pour répondre à des appels à projet émanant de centres d’art, ou pour des salons dédiés aux artistes sans galerie, comme celui de Montrouge. Chaque événement est une occasion d’enrichir son réseau. « Si on ne s’en crée pas un, pour émerger, c’est mission impossible », relève Sylvie Fontaine, dont le métier consiste précisément à faire connaître de nouveaux talents (lire p. 56). La reconnaissance d’un artiste passe en effet par la convergence d’un faisceau de convictions – de collectionneurs, commissaires d’exposition, critiques… Bref, par le « milieu de l’art ». Pour espérer y mettre un pied, les néophytes doivent sortir de leur atelier, fréquenter les galeries et les centres d’art, serrer des mains pendant les vernissages, proposer des visites d’atelier et se montrer offensif avec tact. « Il est vrai que le système est fermé et difficile à pénétrer… mais je suis aussi frappé par la passivité des artistes ! Si envoyer des courriers en masse ne sert à rien, solliciter un rendez-vous avec quelqu’un, commissaire, artiste ou autre, dont on connaît bien le travail et dont on se sent proche, peut être extrêmement fructueux ! Les acteurs du monde de l’art demeurent accessibles, quand ils voient qu’on ne s’adresse pas à eux uniquement pour leur position sociale », affirme le directeur du Salon de Montrouge, Stéphane Corréard, qui raconte avoir ainsi rencontré, à 20 ans, des écrivains aussi célèbres que Nathalie Sarraute et Michel Leiris.

Table des matières de la publication Arts Magazine – Feuilleter le magazine – Fleurus Presse

Couverture
Sommaire
ACTUALITÉ
Le « mort-vivant »
Visite d’atelier
Collusion
Carte Blanche
DOSSIER JEUNES ARTISTES
À l’école / Presque artistes, déjà combattants
Les premiers pas / Pour faire le grand sauf, objectif réseau
Vers la consécration / Le galeriste, monsieur coup de pouce
« Aujourd’hui, le talent ne suffit plus »
MAGAZINE
Picasso intime
David Hockney, l’oeil à facettes
Artemisia, l’affranchie
Grenoble, la pionnière
Tim Burton, complètement crayonné
Voyage dans la Vienne de Klimt
Le coin des enfants
AGENDA
Paris/Île-de-France
Nord
Ouest
Est
Sud-Est
Sud-Ouest
Relecture, par Jochen Gerner

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