L’école aujourd’hui - n°3 - Novembre 2009 - (Page 36)

PÉDAgOgIE L’Enfant philosophe, avenir de l’humanité ? Jacques Lévine, coll. Pédagogies, ESF éditeur, 2008, 164 p., 22 €. les enseignants engagés dans l’exercice du débat philosophique en classe trouveront dans ce livre un ensemble de réflexions qui leur permettront de situer leur pratique et d’envisager son évolution. d’entrée de jeu est montré ce qui distingue les différents types d’ateliers : en gros, une tradition issue de lipman, la pratique du concept, et celle qui a la faveur des auteurs, réfléchir aux grandes questions sur le monde et la vie. la dénomination qu’ils proposent pour cette pratique nous semble en lien avec le vœu de heidegger, “libérer dans l’initial” la condi, tion de tout exercice de pensée. en effet, en intitulant leur pratique, “ateliers de réflexion sur la condition humaine” (arch), ils font entendre une résonance avec le mot grec de commenlien qui existe entre l’exercice de la pensée et la construction de soi, de développer une pensée recueillie sur elle-même et sur celle des autres, si éloignée des comportements violemment extravertis (faute de penser) qu’elle contribue d’ailleurs à régler, et de comprendre notre co-responsabilité à l’égard des problèmes qui se posent aujourd’hui. les auteurs s’attachent à montrer l’importance du choix du thème à aborder, sa formulation de départ, l’accompagnement silencieux de l’enseignant permettant que circule la parole entre les enfants. comme le note P. Meirieu dans sa préface, ce livre montre qu’il est des lieux de l’école où l’on ne renonce pas à l’humain. Sélection Alfred Binet. De la suggestion à la cognition. 1857-1911 Bernard Andrieu, Chronique Sociale, 2009, 224 p., 16,80 €. cement, archè : ce vers quoi convergent la méditation et le questionnement. les objectifs de ces ateliers se situent, en simplifiant, sur ces trois axes : celui du soi, des autres, du monde. il s’agit en effet de saisir le Marie-José Minassian Pascal, Frida Kahlo et les autres… ou quand la vulnérabilité devient force Charles Gardou, Érès, 2009, 224 p., 20 €. manité” et nombre d’entre elles tirent de leur déficience les capacités étonnantes qui donnent sens à leur vie. ainsi de démosthène, enfant malingre et bègue, qui parvient à faire vibrer les athéniens et à leur communiquer, pour un temps encore, l’élan de leurs devoirs envers la démocratie. ce qui caractérise le handicap, c’est son universalité, non sa marginalité, il est un aspect de l’humaine condition. aussi ne devons-nous pas vivre dans deux mondes séparés, l’un de l’efficience normée, l’autre de la fragilité qui indispose. car si le handicap limite, il ouvre aussi la voie de “facultés de suppléance” et s’incarne en , œuvre. Pour le montrer, avec un parti pris sans doute lié à ses propres émotions, l’auteur s’est intéressé à huit créateurs dont la vie et l’œuvre constituent “une même aventure” : démosthène, Pascal, Schumann, rousseau, dostoïevsky, et plus près de nous, frida Kahlo, helen Keller et joë Bousquet. tous ont travaillé “leur sentiment de dévastation”, faisant œuvre. l’exemple le plus extrême est, sans doute, celui d’helen Keller parvenant à sortir de sa seule peau qui constitue les limites de son univers. le dernier chapitre renforce la démonstration en évoquant plus brièvement d’autres figures, de la mythologie ou de l’histoire de l’humanité. il ne s’agit pas de limiter la créativité au champ restreint de la déficience, mais de montrer la lutte, éminemment humaine, pour la dépasser. ce beau livre porte un message fort où l’auteur propose, entre autres, une intelligence de la fragilité. les personnes marquées par une grande vulnérabilité ne font qu’incarner “un des multiples visages d’une même hu36 l’école aujourd’hui n°3 alfred Binet commence son parcours comme juriste, mais démissionne du Barreau de Paris et se consacre à des études de médecine, puis de psychophysiologie et de clinique psychiatrique. Par la suite, il développe un grand intérêt pour la pédagogie et les fins sociales de l’éducation, en lien avec la “Société libre pour l’étude psychologique de l’enfant” que ferdinand Buisson venait de créer. il fonde la psychologie différentielle de l’intelligence et montre que les intelligences se différencient par leur fonctionnement cognitif. de même, que certaines variations cognitives peuvent reposer sur des différences sociales. en six chapitres très denses et fort bien renseignés, les auteurs font le point sur ses conceptions, notamment dans le domaine de l’éducabilité et de la suggestibilité. concernant cette dernière, la suggestion judiciaire était pour lui un sujet de préoccupation, et des affaires récentes en france ont montré que la question n’est pas résolue. une grande partie présente le corpus de l’œuvre de Binet et des études qui lui ont été consacrées. Patricia Nicolas Cemile Dalkiliç novembre 2009

Table des matières de la publication L’école aujourd’hui - n°3 - Novembre 2009

Couverture
Édito
Sommaire
ACTU
- En bref 3 questions à Sylvie Vassallo
- Le billet du médecin Pourquoi rêve-t-on ?
- Une année en IUFM Prendre sa classe en main
- L’école ailleurs La différence au quotidien
DOSSIER - Au plaisir du texte
- Introduction
- Entretien Robin Renucci
- Analyse Développer le plaisir des textes à l’école
- Reportage Le goût des mots
- Bloc-notes Le texte dans tous ses éclats
PRATIQUES PÉDAGOGIQUES - Les sentiments en débat
- Introduction 3 questions à Claudine Leleux
- Progressions cycles 1, 2 et 3
- Outils pour la classe
SÉLECTION
- Nouvelles technologies
- Pédagogie
- Jeunesse cycle 1
- Jeunesse cycles 2 et 3
- Coin thématique
- Choix des correspondants
LA RÉCRÉ
- Jeux
- Bulletin d'abonnement

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