L’école aujourd’hui - n°5 - Janvier 2010 - (Page 20)

Dossier iUFM : qUel Avenir ? Témoignages Inquiétudes et expectatives La réforme sera-t-elle effective et applicable au 1er septembre 2010 ? Comment est-elle perçue dans les différents environnements professionnels touchés par cette réforme ? Quel impact aura-t-elle sur la formation ? le point de vue des formateurs une application chaotique et précipitée e suis convaincu que le gouvernement fera entrer en action la réforme à la rentrée prochaine. cela sera à mon sens assez chaotique et précipité. je tiens en préambule à rappeler que la mastérisation ne signifie pas la disparition des iuFM comme on le lit souvent. les iuFM sont intégrés désormais dans des universités. en revanche, il appartient effectivement aux universités de valoriser ou non cette nouvelle composante que constitue l’iuFM et les masters “enseignement” qu’elle propose(ra). ce dernier point est d’autant plus fondamental que c’est au niveau de l’iuFM que se trouvent les compétences pour former professionnellement. a l’heure actuelle, les propositions ministérielles de cadrage à la fois des masters mais aussi des concours obèrent sérieusement les possibilités de former décemment les futurs professeurs à leur métier. j je m’inquiète aussi de la richesse des formations professionnelles qui étaient nourries par la diversité des intervenants et la mutualisation de leurs savoirs. Nous risquons de tomber dans un schéma où le master laissera une place hégémonique aux universitaires, et une moindre aux professionnels du terrain. de plus, tout étudiant inscrit en master 2 pourra concourir, qu’il suive un master “enseignement” ou autre. or, seul le master “enseignement” proposera une formation préprofessionnelle (articulée autour des stages). ce qui signifie que des nouveaux professeurs pourront arriver dans la profession sans stage préalable. et ces stagiaires “nouvelles formules” passeront deux tiers de leur temps sur le terrain ! ils n’auront qu’une formation très limitée par rapport à ce qui se pratique. l’ensemble des dispositions tend en fait vers une formation professionnelle extrêmement légère, réduite à la portion congrue ! j’y vois en ce sens du point de vue de la formation une nette régression. Nous pensions d’abord que les nouveaux masters mis en place allieraient de façon équilibrée formation professionnelle et disciplinaire. ce qui n’est pas le cas. Nous allons au contraire vers un accroissement de la formation purement disciplinaire. or maîtriser les disciplines est une condition absolument nécessaire et même fondamentale mais pas suffisante pour devenir un enseignant. encore une fois, la précipitation, l’autisme vont engendrer des situations de souffrances pour les futurs enseignants. Eric Tisserand Chargé de mission du dossier master en IUFM, université de Strasbourg Dénier la spécificité même du métier S elon les termes de la réforme, les étudiants admis en M2, sans formation spécifique, passeront les épreuves d’admissibilité en septembre 2010 avec des résultats en novembre. une partie d’entre eux apprendra alors qu’elle a été recalée et devra continuer son M2 dans cet ensemble hétérogène. Pour en tenir compte, on nous demande de préparer à des métiers beaucoup plus larges que le professorat des écoles. or, ce métier demande des compétences très spécialisées. d’autre part, les actuels Pe1 qui auront échoué au concours de juin pourront présenter les épreuves en septembre 2010. ces derniers seront les mieux lotis mais comment faire avec un l’école aujourd’hui n°5 M2 gestion ou droit ? la rentrée sera extrêmement difficile. dans mon environnement professionnel, l’idée de faire correspondre les 5 années d’études nécessaires à un master a fini par être acceptée. cependant, durant la première période de la mise en place de la réforme, nous avons compris qu’elle visait surtout à faire des économies (réduction de postes dans les écoles, alourdissement des charges des professeurs stagiaires).. l’impact sur la formation est évident. Toute formation est pilotée par la nature des concours. or les épreuves (d’admissibilité et d’admission) ne s’intéressent plus à certaines disciplines, comme l’ePS ou la musique. comment dans ce contexte intéresser les étudiants à ces matières, alors qu’ils sont polarisés vers le concours ? de même, dans la mesure où la formation sur le terrain sera peu en lien avec les épreuves, elle risque d’être considérée par les étudiants comme secondaire. en somme l’idée qui domine est : si l’on fait des études supérieures, on est toujours assez prêt pour exercer le métier de professeur des écoles. c’est dénier la spécificité même de ce métier. Sylvie Plane Professeur des universités, responsable de maquette IUFM Paris janvier 2010

Table des matières de la publication L’école aujourd’hui - n°5 - Janvier 2010

Couverture
Sommaire
En bref 3 questions à ezilda Tribot
Le billet du médecin “accro” au sucre ?
Une année en IUFM les sciences en fête
L’école ailleurs Bilingue et biculturel - Washington
Introduction
Entretien Nicole orthous
Analyse le contexte incertain de la mastérisation
Reportage inquiétudes et expectatives
Bloc-notes Comprendre la réforme des iUFM
Introduction 3 questions à roland Charnay
Progressions cycles 1, 2 et 3
Outils pour la classe
Nouvelles technologies
Pédagogie
Jeunesse cycle 1
Jeunesse cycles 2 et 3
Coin thématique
Choix des correspondants
Jeux
Bulletin d’abonnement
Fiches

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