NEOMA Alumni Mag - N°22 - Mars 2020 - 21

Philippe Bauduin

LE GROUPE VINCI IMMOBILIER

moi. Mais j'avais vraiment envie d'un poste opérationnel RH, avec une entité à taille humaine. Je
voulais pouvoir mettre en place des actions et en
percevoir après coup les effets, ce qui reste plus
dilué dans un très grand groupe comme Air
Liquide.
Vous avez commencé votre carrière dans la
finance. Pourquoi avoir basculé sur les
ressources humaines ?
J'ai toujours eu les RH en tête. Mon premier stage
à l'école était d'ailleurs dans ce domaine. J'ai, par la
suite, toujours eu l'impression que mes compétences et ce que j'aimais véritablement faire,
n'étaient pas forcément utilisées. La mobilité
interne chez Air Liquide m'a permis de faire cette
bascule de manière progressive. Je n'ai, par la suite,
jamais pensé à retourner vers mon métier d'origine. Pour moi, le rôle de DRH possède une vraie
dimension stratégique, centrale presque dans le
mode de fonctionnement actuel des entreprises.
Pensez-vous que les RH ont une mauvaise
image ?
Oui et j'ai pu le constater plusieurs fois, à la fois en
tant que DRH et aussi en tant que simple salariée.
La fonction RH en France est souvent très occupée par les fonctions administratives et sociales.
C'est difficile d'apporter de la valeur sur d'autres
sujets. Les RH sont donc méconnues pour tout ce
qu'elles peuvent véritablement apporter aux salariés.
Comment gère-t-on des manageurs toxiques ?
La souffrance au travail est inacceptable. Mais, ces
cas sont toujours très compliqués à gérer car rare-

Créé en 1972, VINCI Immobilier, filiale du groupe VINCI,
est un des principaux acteurs de la promotion immobilière en France, à la fois dans l'immobilier résidentiel et
l'immobilier d'entreprise. L'entreprise compte près de 1
000 salariés.

ment aussi manichéens qu'on le pense, avec le
méchant manageur d'un côté et le gentil salarié de
l'autre. Ce sont bien davantage des responsables
mal outillés, soumis à un énorme stress, qui le
répercutent sur les personnes dont ils ont la
charge. Souvent, un long travail d'écoute et de
recul permet des prises de conscience sur la situation. En tant que RH, il nous faut arriver le plus en
amont possible pour anticiper les risques. Le
manageur a une responsabilité forte, mais ils sont
souvent mal accompagnés pour ce faire. Souvent
dans les entreprises, un salarié sera promu mana-

On ne s'improvise pas manageur. Cela
s'apprend et on doit continuer d'apprendre
tout au long d'une vie professionnelle.
geur grâce à sa performance individuelle. Or, on ne
s'improvise pas manageur. Cela s'apprend et on
doit continuer d'apprendre tout au long d'une vie
professionnelle. C'est la responsabilité de l'entreprise d'accompagner les personnes qu'elle nomme
managers.
Le métier de RH fait que parfois vous devez
entrer dans la vie intime du salarié. Comment
faites-vous pour mettre une barrière entre la
vie privée et la vie professionnelle ?
Ce n'est jamais simple. Du recul est souvent nécessaire pour ne pas être affecté par un cas difficile.
On aide rarement les gens en plongeant avec eux,
mais en essayant d'apporter des réponses rationnelles, en passant du temps à écouter. Cela ❱❱❱

V.C : Je suis convaincue qu'il s'agit d'un bénéfice énorme pour tout le monde. Il y a deux prérequis pour
moi au télétravail : premièrement, le mode de management doit être moderne, à la fois dans la collaboration et la confiance, et deuxièmement, les outils doivent être pratiques et organisés dans ce sens. Pour
la RH, il y a un vrai travail de sensibilisation à faire sur le sujet à l'ensemble des équipes, en combattant
beaucoup d'idées reçues. Il faut l'encourager au maximum pour ceux qui le veulent, mais cela doit rester
optionnel.

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