NEOMA Alumni Mag - N°22 - Mars 2020 - 24

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❱❱❱ ROBOT APRÈS TOUT

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Jean-Marie Brussieux
(PGE 08)

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David Denis
(PGE 09)

Alexis Pradaut
(PGE 18)

Depuis une vingtaine d'années, l'IA s'est considérablement développée pour s'appliquer à des
champs jusqu'ici inconnus. La principale rupture
technologique de ces dernières années a été le
cloud computing, avec la mise en place d'infrastructures personnalisées ; puis le machine learning, c'est-à-dire l'auto-apprentissage de l'IA, s'est
considérablement développé. « L'automatisation
s'applique non plus seulement à des travaux physiques mais de plus en plus à des tâches comme
par exemple : comptabilité, centres d'appels, gestion des ressources humaines, etc. », explique Thomas Castejon. Un ensemble de métiers, jusqu'alors
non spécifiquement concernés par les IA, se
retrouvent désormais directement et quasiment
concurrencés par les intelligences artificielles.
« Aujourd'hui, la différence c'est qu'on n'automatise
plus des métiers, mais des tâches. Dans les services financiers par exemple, le rôle du comptable
est désormais de piloter un certain nombre de
logiciels, et c'est finalement tout à fait comparable
au travail de l'ouvrier qualifié du bâtiment qui
pilote une grue », ajoute Thomas. IBM a, par
exemple, indiqué en janvier dernier avoir ajouté
des nouvelles fonctions à son IA de gestion immobilière, afin de permettre une meilleure optimisation des espaces de travail pour les entreprises.
Pour accompagner ces évolutions, les gouvernements ne restent pas sur le bas-côté. La Corée du
Sud a annoncé un plan national d'action sur les IA,
afin de s'inscrire dans une quatrième révolution
industrielle. En 2017, le budget sud-coréen alloué
à la recherche sur l'intelligence artificielle représentait 0,7 % du budget national, soit 107 millions
d'euros par an. Plusieurs pays ont effectué des
démarches similaires pour prendre le train en
marche, comme par exemple la stratégie Japan is
Back du premier ministre Shinzō Abe qui s'inscrit
pleinement dans cette démarche. On peut également citer Ies plans Industry 4.0 en Allemagne ou
Made in China 2025. En France, Emmanuel Macron,
à la suite d'un rapport supervisé par Cédric Villani,
a annoncé un plan de 1,5 milliard d'euros sur l'ensemble de son quinquennat. « L'environnement
législatif a d'ailleurs plutôt tendance à soutenir ces
évolutions et à les accélérer même parfois, comme
par exemple lorsque le gouvernement impose à
toutes les entreprises le recours aux factures
dématérialisées pour 2020, confirme Thomas Castajon. C'est bien entendu une contrainte pour les
entreprises, mais c'est surtout une opportunité car
elles n'auront ensuite plus à gérer de factures
papier. » Jean-Marie Brussieux (PGE 08), qui a
repris Robot Planet, une entreprise qui conçoit et
commercialise des robots pour le contrôle des
coques de navires (voir notre encadré) le confirme :
« En France, il y a beaucoup de start-up sur le marché et la technologie est de plus en plus accessible. Le tissu français est fort, avec des pouvoirs
publics via des organismes comme la BPi qui

poussent beaucoup. De toute façon, nous sommes
dans un pays qui forme énormément d'ingénieurs
français de qualité. » Le gouvernement pousse
également pour que la robotique soit enseignée
dans les écoles de manière obligatoire. « Une partie
de nos clients sont des écoles qui utilisent nos
robots pour initier les élèves à la robotique et au
codage », raconte David Denis (PGE 09), commercial chez Génération Robots, qui vend de la robotique de service à des entreprises et des écoles.
ET DEMAIN ?
Avec tous ces bouleversements, notre société de
demain sera forcément très différente. Les impacts
seront nombreux sur plusieurs aspects de notre
vie courante. « La mise en œuvre de ces technologies a permis la multiplication par un facteur deux
cents au niveau mondial de notre capacité à transformer notre environnement, explique Thomas
Castejon. Le principal sujet concerné est bien
entendu celui de l'emploi : quelle place pour
l'homme dans un monde où même des emplois du
secteur tertiaire peuvent être automatisés ? « Ma
conviction, c'est que globalement la robotisation et
l'automatisation n'aboutissent pas à des destructions nettes d'emplois dans l'économie, elle change
leur nature et en crée de nouveaux », théorise Thomas Castejon. Joseph Schumpeter, en 1942 dans
Capitalisme, socialisme et démocratie, parle ainsi
de destruction créatrice : l'innovation dans un secteur d'activité donné entraînerait mécaniquement
une destruction d'emplois, en les rendant obsolètes, mais dans le même temps ouvrirait la porte
vers de nouveaux marchés et donc à de nouveaux
emplois. Pour Thomas, « cette rupture technologique à venir pose surtout la question de l'adéquation entre la formation des citoyens et des emplois
que l'économie propose, qui peut potentiellement
laisser sur le carreau une partie de nos concitoyens
si on ne les aide pas. » Alexandre Gimblett confirme :
« Il n'y aura bientôt plus personne dans les usines.
Le data scientist tant à la mode aujourd'hui sera
l'ouvrier de demain et sera probablement de nationalité indienne. » « Je pense qu'on se dirige davantage vers un travail collaboratif : des robots à côté
des humains pour nous aider dans des tâches plus
ardues », nuance David Denis.
Certains théoriciens de l'IA vont même jusqu'à parler d'une quatrième révolution industrielle liée au
développement de la robotique et à ses conséquences sur la société. Cette affirmation est partagée par plusieurs des alumni interrogés pour cet
article, comme Jean-Marie Brussieux : « Tous les
chiffres le disent : nous ne sommes qu'à l'aube de
la domotisation du monde. » De son côté, Thomas
Castejon relativise : « Pour l'économiste Robert J.
Gordon, la révolution numérique aurait moins d'influence sur les facteurs de production que la
machine à vapeur ou l'électricité n'en ont eue en
leurs temps. Deux explications peuvent être avancées : la difficulté d'adaptation des hommes aux

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