NEOMA Alumni Mag - N°23 - Juin 2020 - 10

PROFILS - PORTRAITS -

Cofondatrice de Make.org, une
plateforme de consultation indépendante qui a pris de l'importance ces
dernières années, ALICIA COMBAZ
(PGE 07) raconte la façon dont son
entreprise contribue à changer la
société.
« J'ai toujours cherché à me confronter à
de grands challenges professionnels et à
investir des secteurs dans lesquels ma
zone de confort était faible. Lorsque j'ai
quitté mon précédent emploi, pour
cofonder Make.org, personne ne comprenait ce que je faisais tant le sujet abordé
était complexe », raconte l'alumna. En
poste chez Deezer en tant que Head of
Product Growth, Alicia est chargée de
faire croître l'audience de la plateforme
française d'écoute de musique en streaming. « J'ai rejoint l'entreprise alors qu'elle
n'était qu'une start-up. Elle était sur le
point d'exploser et ce fut mon métier de
trouver, pour elle, des chemins de croissance. En utilisant la data des utilisateurs,
j'ai rationalisé le succès du début pour
l'inscrire dans le temps. Nous avions par

exemple remarqué que 80 % des personnes qui s'inscrivaient sur le site ne
lançaient même pas un stream. Il fallut
donc trouver des solutions pour pallier à
ce manque. » Au sein de l'entreprise, elle
rencontre Axel Dauchez, président de
Deezer à l'époque. « Nous avions pas mal
de discussions sur le désengagement
croissant des citoyens pour la politique,
alors qu'en parallèle - et les études le
montraient - ils étaient prêts à davantage investir pour des causes importantes à leurs yeux », explique-t-elle. De
là est venue l'idée d'utiliser les outils
numériques au service de la démocratie
pour créer la plateforme. « Nous n'avions
que peu de marge au début, mais nous
avons tiré le fil tous ensemble pour aboutir à ce que nous sommes aujourd'hui. »
Make.org propose des grandes causes
pour directement transformer la société
civile. « En ce moment, nous travaillons
sur 9 causes : donner une chance à
chaque jeune, rendre la culture accessible
à tous, ou encore lutter contre les violences faites aux femmes ; nous sommes

CROIRE ET AGIR

en train de déployer cinquante actions
concrètes sur le terrain, avec par exemple
des outils de formations aux policiers.
Mais nous avons bien d'autres sujets
sur la table, la question du post-covid
notamment. Je ne pensais vraiment pas
travailler dans ce secteur, qui n'existait
absolument pas il y a quelques années.
J'ai toujours fait en sorte de trouver des
sujets qui dépassaient ma personne et
Make.org remplit parfaitement cette
fonction », conclut-elle. ❚

CULTURELLEMENT INDIGNÉ

« Y a-t-il eu erreur de casting ? (Rires)
Au fond, je ne crois pas !, s'amuse
PHILIPPE GUIHÉNEUF (PGE 90).
Ce que j'ai appris à l'école m'a servi
dans toutes les initiatives que j'ai
prises... » Des initiatives et des projets,
Philippe n'en a effectivement pas
manqué pendant sa carrière. Portrait.

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« Cela ne m'intéresse pas de rester à un
endroit quand les choses vont bien. » Philippe Guihéneuf a beaucoup changé de
métiers et de passions. À sa sortie de
l'école de commerce, il est d'abord chef de
produit dans une agence de publicité puis
responsable commercial d'une radio,
avant de changer radicalement de braquet pour monter un one man show à
Lyon. Il devient intermittent : tourne un
court métrage, s'occupe de la figuration
sur Astérix et Obélix contre César de
Claude Zidi, travaille avec Xavier Beauvois, Yolande Zauberman et surtout avec
Patrice Chéreau sur plusieurs de ses
projets comme régisseur général, puis
devient directeur du Terrain Neutre
Théâtre à Nantes et part à Avignon. En
2011, à la suite d'une affaire de reportage
monté de toutes pièces par TF1 dans son
émission Appels d'urgence, il crée Les
Indignés du PAF pour dénoncer les dérapages déontologiques des médias et proposer des solutions à ce problème. « Nous
avons été très actifs lors de la campagne

présidentielle de 2012, avec une charte
que nous avons fait signer à la quasi
majorité des candidats, explique l'alumnus. Nous avons, à l'époque, rencontré
beaucoup de monde et contribué à faire
émerger une meilleure forme de déontologie dans les rédactions. » En parallèle, il
s'investit beaucoup pour la défense des
antennes locales de la radio Fip. « Ce
qu'on dit dans les médias du monde doit
en être la représentation exacte. La qualité de l'information rendue est un pivot
de notre démocratie. Je me suis toujours
battu pour cette idée, quels que soient les
métiers que j'ai pu exercer. » Actuellement
sur un projet d'outil d'information culturelle, Culture Etc., Philippe n'a absolument
pas perdu son envie de faire évoluer la
société dans laquelle il vit. « Avec le temps,
j'ai compris la nécessité absolue d'être au
cœur du système pour participer à son
changement. C'est, je crois, essentiel : le
meilleur moyen de défendre ses idées,
c'est d'entreprendre. » ❚

http://www.Make.org https://www.cultureetc.fr

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