NEOMA Alumni Mag - N°23 - Juin 2020 - 64

CAMPUS - FONDATION -

MONSIEUR
LE PROFESSEUR

PROFESSEUR À REIMS, DIRECTEUR DE LA RECHERCHE, PUIS DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT,
HERVÉ COLAS A ARPENTÉ LE CAMPUS DE REIMS PENDANT PRÈS DE QUINZE ANS.
POUR NOTRE MAGAZINE, IL REVIENT, AVEC ÉMOTION, SUR CE QU'IL CONSIDÈRE COMME
PARMI LES PLUS BELLES ANNÉES DE SA VIE.

EN REGARDANT VOTRE PARCOURS, ON SE REND
COMPTE QUE VOUS AVEZ FAIT UN MOUVEMENT DE
BALANCIER ENTRE VOTRE ENTREPRISE FAMILIALE CHD
ET L'ENSEIGNEMENT. ÊTES-VOUS D'ACCORD AVEC
CELA ?
Oui, tout à fait ! CHD est au service des entreprises depuis cinq
générations. Il y a quelques années de cela, mon père le
patriarche, qui travaillait avec mon frère dans l'entreprise, a eu
un problème de santé, ce qui m'a amené à reprendre progressivement les rênes de CHD, à la place de mes frères tous deux
décédés. Sans cela, je pense que je serais resté dans l'enseignement supérieur que j'aimais tant.
JUSTEMENT, COMMENT AVEZ-VOUS REJOINT
NEOMA BUSINESS SCHOOL ?
L'enseignement est ma vocation première depuis longtemps. Ma
formation à HEC m'avait conduit à exercer le métier d'auditeur
(chez EY à Toronto) puis de contrôleur de gestion en Allemagne,
et d'auditeur financier dans les collectivités locales. En 1997, on
me propose un poste à Reims pour enseigner la finance locale,
la gestion puis l'entrepreneuriat. Je suis arrivé avec une fonction
un peu polyvalente : j'ai accepté les missions qu'on m'a confiées
et sur lesquelles j'estimais disposer d'une forme de compétence.
J'ai mis en place avec beaucoup de passion des séminaires où
les étudiants travaillaient des cas réels en classe avec des créateurs expérimentés et des banquiers professionnels pour les
aider à développer cette créativité entrepreneuriale que je trouvais et trouve toujours fondamentale. En 2005, François Bonva-

J'avoue qu'il m'arrive encore
fréquemment de rêver de mes belles années
à l'école. Ce sont des moments précieux
dont je me souviens toujours avec beaucoup
émotion.
let, directeur de l'école à cette époque, m'a nommé directeur de
la recherche, à un moment clef puisque nous devions repasser
l'accréditation EQUIS. Je me suis très vite pris au jeu là aussi et
en 2007, j'ai été nommé directeur général adjoint. J'avais dans
ma feuille de route la gestion du portefeuille des programmes

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de l'école, et en particulier la direction déléguée du PGE. Je me
suis véritablement éclaté à ce poste à Sup de Co avec Isabelle
Chevalier et j'ai pu accompagner une promotion depuis leur
admission à l'école, jusqu'à leur diplomation. Je connaissais tous
mes élèves un à un. En 2012, j'ai malheureusement dû quitter
l'école pour aider mon père à réorganiser le groupe qui n'avait
plus de successeur. Après un court passage à France Business
School, je me suis (enfin...) inscrit à l'ordre des experts comptables et ai repris la présidence du Groupe CHD, cabinets d'experts comptable, audit et conseil, qui compte près de six cents
personnes.
VOUS SEMBLEZ GARDER UN SOUVENIR TRÈS ÉMU
DE VOS ANNÉES À REIMS ?
Je viens de Soissons à 60 km de Reims. J'ai intégré HEC (majeure
audit) ainsi qu'un master recherche d'économie mathématique.
Mon père me poussait beaucoup à devenir l'intello de la famille.
Il ne connaissait que HEC et les universités parisiennes. (Rires)
Sans cette pression familiale, je serais sans doute allé comme
mes copains à l'ESC Reims. Avant de venir y travailler, je ne
connaissais pas l'école. Sur le campus, j'ai vraiment trouvé une
atmosphère qui m'a immédiatement plu. J'étais beaucoup sur le
campus pour voir ce qu'il s'y passait et discuter des contenus
des cours, d'idées de développement avec les professeurs et les
élèves. Je me sentais à ma place. L'école, ça a vraiment été une
nouvelle famille. En fait, J'ai vécu une forme d'histoire d'amour
avec le campus de Reims. En devenant président de CHD, j'ai
intégré ce que ces années à l'école m'avaient appris. J'ai essayé
de sortir le groupe familial de l'approche verticale, patriarcale de
mon père. Pour le dire de façon concise : nous sommes passés
d'une logique, moderne, verticale, de contrat social à une
conception plus horizontale, postmoderne de charte, de pacte
fraternel. J'ai contribué à opérer un glissement culturel sans
heurt de la loi du père à celle de pacte entre pairs.
Étant une société familiale, l'esprit de CHD est à l'opposé de
l'idée de la société anonyme, d'une activité sans signataire. CHD
est une société à visages. Ce qui me donne une responsabilité
morale très lourde, mais que j'assume avec mes associés dans
un esprit de pérennité et de fierté de ce qui est fait au sein du
Groupe. Les salariés et associés savent que je suis très accessible et me connaissent personnellement puisque j'anime tous
les séminaires d'accueil de nouveaux salariés et vais rendre
visite à chacune et chacun lorsque je me rends sur un des trente
sites du groupe. Beaucoup de personnes ont passé toute leur

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