NEOMA Alumni Mag - N°27 - Juin 2021 - 16

PROFILS - PORTRAITS -
PRENDRE SES MARCS EN VOL
«Le secteur de l'aviation a connu pas mal de turbulences
ces dernières années : crise chez Airbus, Covid ou
flygskam. Pilote chez Air France depuis plus de seize ans,
MARC DAGUET (PGE 02) revient sur son métier et sur les
changements actuels.
J'ai eu l'immense chance d'être le co-pilote de mon père, également
pilote chez Air France, lors de son dernier vol. C'est sans
aucun doute un de mes plus beaux souvenirs
», raconte ému Marc Daguet. Tout petit,
il se rêvait déjà pilote. « Je ne sais pas si je
peux le dire dans vos pages, mais NEOMA
était au départ ma voie de secours, si jamais
je n'avais pas le concours ! Au final j'y ai
beaucoup appris. » Une solution B qui lui permet
aussi de faire la rencontre de son
épouse, Lise Daguet (PGE 03), et qui lui
fournit également des compétences managériales
qu'il utilise dans son métier. Une fois
le concours en poche, Marc est embauché
chez Air France, d'abord sur les courts et
moyens courriers, puis sur du long. En parallèle,
il est également instructeur et entraîne
les pilotes sur toutes les compétences techniques.
En 2020, comme pour beaucoup
d'autres secteurs, tout s'arrête. « Dans le secteur
de l'aviation, cela a été très brutal. Les pilotes ont un minimum
d'heures à effectuer par an et j'ai dû consacrer plus de
temps à l'instruction au simulateur de vol, afin que nos pilotes
restent entraînés. » Rapidement, Air France passe un contrat
avec l'État et organise de la livraison de matériel médical (les
masques notamment) depuis la Chine. « Nous avons également
organisé le rapatriement de quelques 120 000 Français bloqués
à l'étranger en début de crise », indique Marc, qui reste assez
optimiste quant à l'après-crise : « Les gens ont besoin d'échanges,
de se voir et de garder un contact direct. L'histoire de l'humanité
n'est faite que de cela. » Au-delà de la crise, l'aviation fait face à
un autre problème : le flygskam (selon le terme suédois) ou en
français la honte de prendre l'avion. Perçu
comme très polluant, de plus en plus de
monde, notamment dans le Nord de l'Europe,
se refuse désormais à prendre l'avion.
Marc nuance : « L'aviation représente moins
de 2 % des émissions mondiales de CO2
, ce
qui est beaucoup moins par exemple que
le transport routier (11 %), ou que le numérique.
Cela ne remet pas en cause la nécessité
absolue de continuer à progresser vers
une aviation plus propre. Le secteur progresse
d'ailleurs plus que n'importe quel
autre. À titre d'exemple, nos nouveaux
A220 émettront 20 % de CO2
en moins,
50 % de monoxyde d'azote en moins et
seront deux fois moins bruyants. Par ailleurs,
les constructeurs travaillent d'arrache-pied
sur des avions zéro-émissions. »
Avec un taux de croissance des vols supérieur à 5 % (soit plus
que le PIB mondial), l'aviation doit en tout cas progresser dans
ce sens. « Les pilotes sont de plus en plus sollicités sur l'éco-pilotage
(optimisation des plans de vol, du carburant, etc.), ce qui
rend notre métier encore plus passionnant. » ❚
OUTSTANDING
CAREER
Récemment honoré par le classement
Yahoo Business « OUTStanding Top
100 LGBT and Future Leaders List
2020 », CHRISTOPHER SAYASITH
(PGE 11), directeur exécutif international
pour les marchés émergents
pour le groupe Estée Lauder Companies,
nous raconte son parcours,
parsemés d'échecs et de réussites,
qui lui ont permis de mieux s'affirmer.
Il l'avoue sans détour : Christopher a redoublé sa première année à NEOMA. « Je
me suis énormément impliqué dans la campagne du Bureau des Elèves (BDE).
On a gagné mais j'ai manqué beaucoup de cours et on ne m'a pas fait de cadeau.
Après un parcours académique sans faille, j'ai vraiment très mal vécu cet échec.
À l'époque, je pensais que c'était la fin pour moi » Christopher valide sa première
année la deuxième fois haut la main et décroche un apprentissage en audit.
« C'est Isabelle Tracq-Sengeissen (PGE 90), associée chez EY, qui m'a convaincu
de choisir cette voie. Je ne l'ai jamais regretté. Isabelle a été mon premier mentor
au cours de ma carrière et je ne l'oublierai jamais. » Après deux ans chez EY à
Paris, il rejoint Accenture en conseil en stratégie à New-York. « Un énorme choc
culturel, confesse-t-il. J'avais vingt-deux ans et je n'avais jamais travaillé à l'étranger.
Les Américains travaillaient différemment, l'anglais était technique, et mon
rythme de travail était intense : lever lundi à 4h du matin pour prendre un avion
à 6h, qui m'amenait à un coin différent des États-Unis, chez mes clients, afin de
leur expliquer comment faire leur travail. J'y restais jusqu'au jeudi soir où je rentrais
pour le week-end, mort de fatigue. » L'alumnus tient le rythme et développe
ses compétences à vitesse grand V pendant cinq ans. « Cette expérience m'a
appris à relever les défis professionnels et à m'adapter, reproduire les comportements
des leaders autours de moi ». En 2015, Christopher poursuit sa carrière
chez le géant mondial des cosmétiques du luxe Estée Lauder Companies : « J'ai
postulé trois fois. À chaque fois, je me retrouvais en concurrence avec des diplômés
d'Harvard ou de Columbia Business School où mon diplôme français ne
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