NEOMA Alumni Mag - N°27 - Juin 2021 - 23

TRAVAILLER DANS LE MARKETING, UNE VOCATION ?
Laurent Barria À l'origine, le secteur ne
m'intéressait pas plus que cela. Le hasard a
voulu qu'on me propose un premier emploi
dans le marketing et je l'ai accepté. Par
contre, le secteur automobile lui me plaisait
énormément et à l'école, j'envisageais déjà
une carrière dans ce domaine.
Laurent Letourneur Je suis né dans
l'automobile. Toute ma famille y travaillait.
De fait, j'ai totalement orienté mes études
et mes choix de stages dans le but
d'intégrer le secteur. Contrairement à
Laurent, je voulais travailler dans le
marketing, mais ce n'est pas ce qu'on m'a
proposé. Je n'ai, de fait, fait que de la vente
pendant vingt ans. On vient tout récemment
de me proposer un poste dans le
marketing et j'ai bien évidemment sauté
sur cette belle occasion.
68%
des Français indiquaient vouloir
privilégier le recours à leur
voiture individuelle à la fin du
confinement
automobile reste à peu près stable, grâce à l'augmentation de la
population. Cette mobilité sera peut-être source d'opportunité,
avec des clients davantage désireux d'avoir du choix diversifié.
Laurent Barria C'est pour cela qu'on a lancé un produit comme
AMI, accessible pour tous. Effectivement,
l'enjeu pour nous tous est de trouver les
clefs de la mobilité de demain et on travaille
tous là-dessus. Les besoins de mobilité
vont grandissant et ne vont pas se tarir.
Laurent Letourneur Peu importe, en fait, si ce qu'il y a dessous
la voiture (les softwares, l'électronique, etc.) est partagé, l'important
pour une marque est de ne pas perdre son âme et de garder
son ADN. C'est ce qui enrobe le véhicule, la carrosserie et
son agencement, qui va faire cette différence-là.
L'automobile,
On
remarque de plus en plus un
rapprochement des grands groupes,
comme la fusion début 2021 de PSA et
Fiat Chrysler pour donner le groupe
Stellantis. Pensez-vous qu'il s'agit
de quelque chose qui est destiné à
s'intensifier ?
Laurent Barria Les besoins en recherche
et développement depuis deux ou trois ans
sont monstrueux. Pour investir autant d'argent dans la mobilité
de demain, il faut des capitaux. La concentration - et ce n'est
pas nouveau - amène des capacités d'investissement supplémentaires
et une manière de partager collectivement les plateformes
de production.
Laurent Letourneur Cela me semble inévitable. Cela permet à
des marques de continuer à exister. Sans regroupement, les plus
petits ne pourraient plus suivre le rythme d'investissement. Cela
ne passe d'ailleurs pas forcément par des rachats, mais aussi par
des échanges capitalistiques. En tout cas, l'indépendance coûte
de plus en plus cher.
Laurent Barria Ce que dit Laurent est très vrai : au-delà des
fusions, il y a de plus en plus de partage de technologie entre
les constructeurs, invisible pour le consommateur, mais bien
réel. Mercedes, par exemple, partage ses utilitaires avec Renault.
C'est aussi le rôle du marketing de pouvoir raconter des histoires
différentes pour distinguer les différents produits.
dès l'horizon 2030,
va complètement
être revue.
Laurent Letourneur
Vous n'avez, tous les deux, presque
jamais changé d'entreprise. La fidélité à
une marque est importante pour vous ?
Laurent Barria Nous avons démarré notre
carrière à une époque de grande fidélité à
une entreprise donnée, une sorte de
modèle à la japonaise. Les choses, sur ce
point, ont aujourd'hui changé. C'est aussi
quelque chose de très personnel : il y a des
gens qui cherchent à élargir leur horizon et
d'autres qui préfèrent mieux connaître une
entreprise pour y évoluer. Quoiqu'il en soit,
la structure du travail est en train d'exploser, avec, par exemple,
une augmentation de l'externalisation des métiers. Cela étant
dit, dans l'automobile, le temps d'apprentissage et le cycle de
production d'une voiture est très long. Il faut je pense une bonne
dizaine d'années pour bien appréhender l'ensemble des données
du métier, ce qui implique automatiquement de rester un
peu plus longtemps que dans les autres secteurs. J'ai également
bossé dans plusieurs pays, sur différents postes, ce qui m'a permis
de me renouveler.
Laurent Letourneur Il faut principalement avoir l'envie de
travailler le matin, avec des collègues qu'on apprécie et pour
des marques qu'on aime. Quand on se sent bien, autant rester
là où l'on est, surtout si votre entreprise vous propose des belles
perspectives d'évolution. C'est une question d'équilibre et
d'épanouissement. ❚
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