NEOMA Alumni Mag - N°27 - Juin 2021 - 27

La France dénombre
27
smart cities, dont la moitié compte
moins de 250 000 habitants ***
*** Journal du net, novembre 2017, Smart city en France :
où sont-elles, que font-elles ?
ou d'incliner les volets par exemple. Ce bâtiment
est certes plus efficient énergétiquement que ce
qu'on pouvait construire dans les années 1950,
mais c'est surtout son utilisation au quotidien par
ses habitants qui le rend véritablement intelligent.
En outre : « On observe que lorsqu'on joue sur l'un
des facteurs, ici le logement, au bout de quelques
années, les personnes sont suffisamment
informées et intéressées par ces sujets pour évoluer
également sur des sujets connexes : elles vont
commencer à s'intéresser à
la mobilité douce, à leur alimentation,
à leur façon de
consommer », s'enthousiasme
Cécile Philibert. Il est
également essentiel d'effectuer
ce travail de sensibilisation
auprès du personnel
des
collectivités locales.
La smart governance
est un des enjeux majeurs
de la smart city.
Manon Plain
Guillaume Perdreau (TEMA
19), consultant Smart City &
Industrie 4.0 pour Eridanis, constate en effet que
« le personnel de mairie est assez peu sensibilisé à
l'importance de la donnée. Notre travail consiste à
identifier les données pertinentes dans chaque
service et à déterminer les synergies possibles
entre elles. Par exemple, il peut être intéressant de
faire dialoguer le service éducation et le service
logement pour prédire les zones où on va avoir
besoin d'un nouveau groupe scolaire, en croisant
des données qui ne le sont pas aujourd'hui. Transmettre
cette sensibilité à la valorisation de la donnée
est essentiel pour que la solution que l'on
propose soit adoptée par les agents de mairie. »
UNE VILLE LOW TECH ET RÉSILIENTE
Cécile Philibert précise : « L'idée de la ville intelligente
n'est pas simplement d'agréger et de stocker
de la donnée, c'est de réfléchir à ce qu'on en fait. »
Les villes ont en effet accès à un volume très
important de données et leur stockage peut rapidement
devenir coûteux d'un point de vue tant
économique et qu'écologique. On en revient au
statut paradoxal de la solution digitale dans le
cadre de la transition écologique : s'il permet de
réduire les coûts du transport routier ou d'optimiser
le fonctionnement énergétique des bâtiments
par exemple, le tout numérique a lui-même
un coût environnemental non négligeable : on
estime que d'ici trois ou quatre ans le numérique
consommera autant que le transport routier. C'est
un aspect dont ont bien conscience les acteurs de
la smart city comme Lionel Bry : « La façon dont on
conçoit le code informatique peut avoir un impact
sur la consommation énergétique. On évite par
exemple de créer du code qui fasse constamment
appel à des serveurs distants. On travaille plus sur
de l'intelligence diffuse et locale. » De même, il peut
être intéressant de mutualiser les outils. Guillaume
Perdreau donne l'exemple de FIWARE, une plateforme
de données financée par l'Union européenne
qui utilise un seul et même format de données qui
peut être partagé entre les
villes. Se poser la question
des moyens mis en œuvre et
pas seulement du résultat
invite à adopter des solutions
simples adaptées à
chaque cas d'usage. La ville
de Santander (Espagne) a
par exemple installé des
capteurs qui signalent aux
automobilistes lorsqu'une
place de parking est libre, et leur évite ainsi de
tourner en rond à la recherche d'une place,
phénomène qui engendre beaucoup de pollution.
« La technologie utilisée dans ce cas est relativement
simple. La ville intelligente n'a de sens selon
moi que si elle rime avec ville résiliente, et en ça
elle se voudrait plus low tech que high tech en
réalité », indique Cécile Philibert. Assurer une résilience
forte des villes grâce à des moyens sobres et
simples est un des objectifs premiers de la smart
city. Pour Lionel Bry : « L'épisode Covid-19 nous l'a
bien montré : qu'il s'agisse de pandémies, de
tempêtes, d'inondations, ou d'accidents industriels,
la ville résiliente et sobre devra être en capacité
d'affronter des évènements de plus en plus soudains
et d'ampleur difficile à anticiper. » ❚
Guillaume Perdreau
(TEMA 19)
LA PLUS PETITE SMART CITY DU MONDE
Nul besoin d'être une mégapole pour être smart ! C'est ce que
prouve l'expérience « Smart Saint-Sulpice », qui a reçu le label Or
des Territoires Innovants en 2017. Suite à une fuite d'eau dans la
salle polyvalente constatée un an après sa survenue, le maire de
cette commune bretonne de 1 339 habitants a choisi d'équiper sa
ville de capteurs destinés à remonter des données en temps réel et
éviter ainsi le gaspillage. Grâce à un partenariat avec des entreprises
innovantes du bassin rennais, la commune a gagné le pari
d'une transition écologique à bas coût et qui réduit par la même
occasion la facture énergétique de ses habitants.
NEOMA ALUMNI mag JUIN 2021 - 27 -
NEOMA Alumni Mag - N°27 - Juin 2021

Table des matières de la publication NEOMA Alumni Mag - N°27 - Juin 2021
