NEOMA Alumni Mag - N°28 - Septembre 2021 - 25

D
u point de vue de l'immigration, le
Canada mérite sa réputation d'ouverture. Que ce
soit en matière de regroupement familial, de
non-discrimination, d'accès à l'éducation, à la
nationalité, ou même de mobilité sur le marché
du travail, le Canada est un pays accueillant. C'est
en tout cas ce qu'affirme l'Index des politiques
d'intégration des migrants (MIPEX), qui place le
Canada à la quatrième place parmi les cinquantedeux
pays aux politiques migratoires évaluées.
Pour relancer son économie après la pandémie, le
gouvernement a d'ailleurs annoncé son objectif
d'attirer 401 000 résidents permanents en 2021,
411 000 en 2022 et 421 000 en 2023. Pour
comparaison, ils étaient 341 000 en 2019, sans
compter les titres de résidence provisoires, également
très nombreux chaque année. Parmi les
sésames pour accéder au pays, se trouve le Permis
vacances-travail (PVT), le « ticket d'or » qui a
permis à Anne-Sophie Rouget (MS MSRC 15)
de s'installer à Montréal. « C'est un permis pour
les moins de trente-cinq ans, qui permet soit de
travailler, soit de voyager », explique-t-elle.
Bien sûr, pour les plus de trente-cinq ans, il existe
d'autres recours. Pour Marc-André Nataf (PGE 90),
par exemple, il a suffi de réaliser quelques missions
avec un visa temporaire pour obtenir un emploi et
un permis de travail lui permettant d'émigrer avec
sa famille en 2018. « Quand vous avez un permis de
travail, les enfants sont embarqués dedans. » Après
un an dans une école canadienne publique, les
enfants de Marc-André ont rejoint l'un des deux
lycées français de Montréal. « C'est plus simple
pour les Français, avec la langue on n'est jamais
perdu. »
DES AMÉRICAINS QUI PARLENT FRANÇAIS
À n'en pas douter, le bilinguisme est un atout
migratoire. Entre 2000-2001 et 2015-2016,
la
population des émigrés nés en France a augmenté
de 75 % au Canada, d'après les chiffres de l'OCDE
et de la Direction générale du Trésor, qui placent
le Canada à la cinquième position des destinations
migratoires des Français en 2018, derrière quatre
pays européens. C'est bien là l'un des avantages du
pays à la feuille d'érable : nation multiculturelle, elle
fait le pont entre la France et les États-Unis. « C'est
un bon point de départ pour toucher le marché
américain, et la vie y est moins chère », affirme
Delphine Adenot-Owusu (CESEM 08), dont le
travail consiste à faciliter l'implantation au Canada
d'entreprises européennes.
Il ne faut cependant pas oublier l'adage rappelé
par Anne-Sophie comme Marc-André, qui veut
que « les Québécois ne sont pas des Français qui
vivent en Amérique, mais des Américains qui
parlent français. » « On ne trouve pas facilement
un emploi si on ne parle pas anglais à Montréal,
et à Toronto c'est impossible », prévient Émilie
Rosen (PGE 02). Elle est d'autant mieux placée
pour le savoir qu'elle a habité dans les deux villes.
« Montréal est très axée sur la nature, les activités
extérieures. Toronto est une ville plus grosse, plus
multiculturelle. » Valentin Caudan (PGE 13), qui
a été séduit il y a sept ans par le mode de vie
« nord-américain pur » de la capitale de l'Ontario,
conseille de « venir voir à quoi ressemble la vie »
dans différentes villes, aux cultures très différentes,
avant de choisir où s'installer.
LA FORCE DU RÉSEAU
À Vancouver, en Colombie-Britannique par
exemple, « la culture autochtone est très présente »,
décrit Benjamin Stoll (PGE 11), à qui cette
province rappelle en outre sa Bretagne natale. Son
conseil pour réussir son installation au Canada : « Il
faut prendre conscience que toute situation est
potentiellement une situation d'embauche. » Et
pour cause, au Canada, quelle que soit la province,
le réseau est le meilleur allié de l'expatrié.
« Il ne faut pas avoir peur d'aller à des événements
où l'on ne connaît personne », encourage AnneSophie.
« On peut appeler le PDG d'une boîte, il
sera content de parler », confirme Émilie. « Ici, bien
plus qu'en France, la force du réseau est impressionnante
», renchérit Valentin. Encore faut-il l'exploiter.
Comme le dit Benjamin : « La réussite de
l'immigration dépend de l'énergie qu'on y met. » Au
Canada, le rêve américain n'est jamais bien loin. ❚
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