NEOMA Alumni Mag - N°28 - Septembre 2021 - 39

« LA MÉDIATION VA REMPLACER LA LANGUE »
Andrea Katzenberger, responsable du Centre de Langues de NEOMA Business School,
basée à Rouen
Vous êtes entrée à l'ESC Rouen en 1990 comme chargée d'enseignement en langue
allemande, en quoi l'apprentissage des langues à NEOMA a-t-il évolué depuis votre
arrivée ?
Dans les années 90, il y avait une grande ouverture sur l'international, et apprendre la langue du
pays où on allait étudier ou travailler était perçu comme nécessaire. Or, depuis une dizaine d'années, les
programmes internationaux proposent des cours en anglais, quel que soit le pays. À la suite de cela,
beaucoup d'élèves ont perdu la motivation pour apprendre une troisième langue. Aujourd'hui, nous
envoyons en stage ou en échange académique des étudiants qui ne parlent pas la langue du pays de
destination.
Pensez-vous que cette tendance va encore s'accentuer dans le futur ?
Je pense effectivement qu'avec les traducteurs en ligne, le côté linguistique va devenir moins important et
sera remplacé par la médiation, qui consiste à comprendre et à expliquer le sens derrière les mots et les
concepts inconnus dans une autre culture. Des notions de base dans une langue resteront utiles pour
appréhender la culture et la mentalité d'un pays mais la communication se fera essentiellement en anglais.
Quelles autres évolutions constatez-vous chez les étudiants ?
Ils sont plus à l'aise à l'oral. Pendant longtemps en France, on insistait sur la grammaire et l'écrit. Les élèves
n'étaient pas entraînés à parler et n'osaient pas s'exprimer spontanément. Cela a changé, sûrement car les
professeurs insistent davantage sur l'expression orale et ce dès le collège. En revanche, il est plus difficile de
retenir l'attention des jeunes, il faut changer régulièrement d'activité.
APPRENDRE AUX ÉLÈVES À APPRENDRE
Haithem Marzouki, directeur de la pédagogie innovante et professeur
de Finance depuis 2008
« Auparavant, nous préparions les étudiants à des emplois précis. Face à
l'évolution tellement rapide des métiers, on ne sait plus si ce à quoi on
les forme aujourd'hui existera toujours demain ! Depuis trois ans, nous
avons mis en place de nouvelles stratégies d'enseignement digital dans le
cadre du concept de l'apprentissage tout au long de la vie. L'objectif : apprendre
aux élèves à apprendre et les rendre autonomes. Ces techniques ont été imaginées au
sein des 10 meilleures universités américaines. La prochaine étape est de développer
notre propre plateforme interne au sein de l'école. »
L'apprentissage adaptatif
« La plateforme que nous utilisons permet aux étudiants d'apprendre à leur propre
rythme, en parallèle des séances en face à face. Les élèves se préparent au cours en
amont via la plateforme. Ils passent en permanence des tests qui leur permettent de
valider leur niveau et d'évaluer leurs acquis. Cela rend les classes plus interactives et plus
riches. »
Synchrone et Asynchrone
« C'est l'alternance entre des séances de travail en face en face avec le professeur, en
présentiel ou distanciel (synchrones), et en autonomie (asynchrones), évaluées par ce
dernier au travers d'un tableau de bord. Avec le Covid-19, l'aspect asynchrone s'est
développé, mais il n'est pas adapté à toutes les situations, et surtout pas dès la première
année. Les cours en présentiel sont notamment essentiels pour le développement des
savoir-être (soft skills), c'est-à-dire tout ce qui a trait à la prise de parole, l'argumentation,
la motivation d'équipes ou encore à la résolution de conflits. Progressivement, nous allons
introduire d'autres stratégies telle que la ludification (gamification), l'apprentissage par
résolution de problèmes, ou encore le développement de l'esprit critique. »
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