NEOMA Alumni Mag - N°29 - Décembre 2021 - 36

PROFILS - ENTRETIEN -
❱❱❱
Qu'est-ce qui vous a donné envie de rejoindre
Michelin ?
Lafarge représente pour moi vingt-cinq années
d'expérience extraordinaires. Les trois dernières
ont été aussi mouvementées qu'enrichissantes.
Participer à la fusion de deux grandes organisations
très différentes m'a énormément appris en
termes de gestion des enjeux multiculturels. La
France, qui historiquement occupait une place à
part au sein de Lafarge, est devenue un pays
comme les autres dans la nouvelle entité. J'ai eu le
sentiment d'obtenir l'adhésion de mes collaborateurs
à cette nouvelle donne. En parallèle, Michelin
m'attirait beaucoup. Innovant, international, porté
par une belle histoire, ce groupe est au cœur d'un
secteur qui se met en ordre de marche pour
répondre aux défis de la transition énergétique,
une problématique à laquelle j'étais très sensible
pour l'avoir déjà travaillée chez Lafarge.
Comment avez-vous géré votre transition
du béton au pneumatique ?
Passer d'une industrie à une autre n'est jamais
évident, a fortiori sans formation d'ingénieur. Pour
atterrir chez Michelin j'ai d'abord été nommée
directrice financière déléguée. Un poste d'observation
et d'écoute, qui m'a aidée à me forger une
bonne vision d'ensemble du groupe. Au bout de
deux ans, j'ai pu prendre la tête de la Direction
Business, qui supervise le Transport Urbain et
Longue Distance et les régions Europe (Centrale,
Nord, Orientale, Sud).
Quelles activités recoupe ce périmètre ?
Pour éviter les silos et améliorer le partage des ressources
communes, Michelin s'est doté d'une organisation
matricielle qui croise activités
opérationnelles et divisions géographiques. Les
Lignes Business que je dirige au niveau mondial
couvrent le transport longue distance (camions)
ainsi que la mobilité urbaine (camionnettes, bus,
métro). Elles génèrent 6,5 milliards d'euros de
chiffre. Ma deuxième « casquette » est celle de
patron des équipes commerciales des quatre
régions européennes, opérant sur plus de 38 pays
pour un chiffre d'affaires de 7 milliards d'euros en
2019.
Quels sont vos objectifs prioritaires ?
Le premier, en tant que membre du comité exécutif
du groupe, est de contribuer à construire la stratégie
de Michelin à l'horizon 2030-2050 alors que
notre industrie se réinvente pour répondre aux
défis climatiques. Le groupe s'est donné pour mission
de définir la mobilité durable de demain. Pour
réussir, il faut à la fois être visionnaire et suffisamment
clair pour embarquer les collaborateurs dans
l'aventure. Car l'attention portée à chacun reste au
cœur des valeurs de Michelin. Notre deuxième
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L'empreinte carbone des
pneus de camions est
objectif est donc de construire les talents de
demain, en développant les forces vives en interne
tout en accueillant des talents extérieurs qui accéléreront
la transformation du groupe. Nous accompagnons
nos collaborateurs pour qu'ils se forment
et s'adaptent aux mutations de nos métiers via de
nombreux dispositifs et notamment notre université
interne, la Manufacture des Talents.
importante, particulièrement
à l'usage (la production ne
représente que 6 % à 10 % de
l'empreinte des pneus sur
l'environnement). Michelin
travaille à intégrer davantage
de matériaux recyclés dans
ses pneumatiques et
développer l'économie
circulaire.
Les fondateurs du groupe n'ont pas
seulement inventé le pneu moderne : ils ont
aussi créé leurs guides, lancé les bornes
kilométriques pour soutenir l'utilisation de leur
produit phare... Aujourd'hui, tout ce qui touche
à la mobilité durable concerne Michelin. "
Michelin vise la neutralité carbone et 100 % de
pneus recyclés en 2050. Comment vos Lignes
Business y participent-elles ?
L'activité de Transport Urbain se « verdit » de plus
en plus, suivant en cela les évolutions actuelles de
la mobilité urbaine. La concentration de la population
dans les grandes métropoles ne cesse d'augmenter.
Déjà, beaucoup de centres-villes à travers
le monde sont interdits aux voitures. Nous proposons
à nos clients tels que la RATP des produits et
solutions pour les accompagner dans la transition
de leur flotte de véhicules utilitaires vers la mobilité
électrique à batterie ; nous menons des
réflexions conjointes sur les problématiques de
recharge, etc.
Et pour le transport longue distance ?
L'empreinte carbone des pneus de camions est
importante. Dans le monde entier, nous travaillons
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