NEOMA Alumni Mag - N°30 - Mars 2022 - 21

Vous avez passé une bonne partie de votre
carrière à l'étranger... ce qui s'observe aux
nombreux anglicismes que vous employez.
Comment expliquez-vous cette attirance
pour l'international ?
Cela répond d'abord à une nécessité opérationnelle.
Pour se développer dans d'autres marchés,
une entreprise jeune comme Vestiaire Collective
doit envoyer son ADN sur place. Je m'assure de
passer le relais aux équipes locales. Ensuite, j'ai
toujours été une entrepreneuse dans l'âme. J'aime
construire, et c'est dans cette optique que je me
suis installée à Londres puis à Hong Kong.
Quel a été votre meilleur moment
chez Vestiaire Collective ?
Quand je suis arrivée à Hong Kong, notre modèle
était en avance de phase. Les influenceurs, les
marques locales ne voulaient pas associer leur
image à la seconde main. Aujourd'hui les mentalités
ont changé. Notre pédagogie a payé. J'en suis
très fière.
Quelle a été votre plus grande difficulté ?
Je traverse les montagnes russes, comme tous les
entrepreneurs. Un jour, un problème technique
m'oblige à retirer une fonctionnalité. Le lendemain,
un investisseur nous fait un pont d'or. Je peux passer
de la désillusion à l'enthousiasme béat en
quelques heures. Mon principal défi, c'est de garder
ma vision à long terme tout en ayant le cœur
bien accroché pour affronter les petites contrariétés
du quotidien.
Vestiaire Collective a-t-elle vocation à être
rachetée un jour par un grand groupe comme
Kering ?
Non. Si nous avons recruté Max Bittner (NDLR :
ancien PDG du groupe asiatique Lazada, qui est
entré en fonction le 1er
janvier 2019), c'est pour
continuer à grandir et à convertir l'industrie de la
mode à la circularité.
Quel est votre meilleur souvenir de votre
scolarité à NEOMA ?
C'est à l'école que je me suis frottée pour la première
fois à l'entrepreneuriat. J'ai passé ma première
année à faire campagne, et ma deuxième
année à gérer le BDE « Midnight Excess », dont
j'étais vice-présidente. Une campagne BDE
implique de trouver des sponsors, de piloter un
budget, de séduire des « consommateurs » (les
élèves) et d'animer des équipes.
L'entrepreneuriat a vraiment changé ma vie, et
j'encourage mes deux filles à faire de même, à se
lancer dans le domaine qui les passionne. Mon
aînée de seize ans a créé un mini-site de revente
pour les uniformes de son lycée !
Vous faites partie de la sélection des
« 40 femmes dans le business » de Forbes
France en 2021. Quelle place occupent
les femmes chez Vestiaire Collective ?
Nous sommes la seule licorne française à compter
des femmes parmi ses fondateurs. Nos équipes
sont composées à 60 % de femmes. Nous avons
lancé l'association Women in VC qui propose à nos
salariés des moments d'échanges privilégiés avec
des femmes de différents horizons : Cécile Duflot,
Caroline Ramade, Roxanne Varza, Fleur Pellerin,
etc.
Vous décrivez-vous comme féministe ?
Mes parents m'ont éduquée exactement comme
mon frère. Le genre n'est pas un sujet pour moi.
Quand je rentre en conseil d'administration, je suis
parfois la seule femme et cela ne change rien au
sujet. J'ai une expertise à partager. Mon genre n'a
rien à voir avec ma contribution.
Bien sûr, si je sens du sexisme ou un quelconque
traitement différencié, j'ai le droit et même le devoir
d'intervenir !
Que faites-vous pendant le week-end ou les
vacances ? Vous sillonnez l'Asie en famille ?
J'aimerais bien mais nous sommes cloués à Hong
Kong à cause de la pandémie. Avant le Covid-19,
nous avons beaucoup voyagé dans la zone, c'était
super. À présent nous nous concentrons sur le
sport et les promenades dans la nature. Les parcs
occupent 40 % du territoire de Hong Kong, donc il
y a de quoi faire ! ❚
Propos recueillis par Thomas Lestavel
NEOMA ALUMNI mag MARS 2022 - 21 -
11
millions de membres
500
collaborateurs répartis
entre France, Allemagne,
États-Unis, Hong Kong
et Singapour
60%
de femmes dans
les effectifs
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