NEOMA Alumni Mag - N°30 - Mars 2022 - 40

MAGAZINE
FRANCE-ESPAGNE, UNE LONGUE HISTOIRE
Christian Marion Carreras (CESEM 00), DG de la Chambre de commerce
et d'industrie française de Barcelone
Fils et petit-fils d'expatriés français en Espagne, Christian Marion est né à Barcelone. Après avoir lancé la
French Tech et cofondé l'application Famileo, il dirige aujourd'hui la Chambre de commerce et d'industrie
française, la plus ancienne au monde, datant de 1883. Il faut dire que les liens entre la France et le pays de
Cervantes sont très anciens et que Barcelone n'est pas la ville européenne qui accueille le plus d'Erasmus
français pour rien : « À partir des années 50, le marché espagnol a représenté un eldorado pour l'industrie
française, notamment l'automobile et l'agro-alimentaire », rappelle-t-il. Si la France est aujourd'hui davantage
concurrencée dans ces secteurs, il reste naturel pour les entreprises qui se sont lancées avec succès dans
l'Hexagone d'aller tenter leur chance de l'autre côté de la frontière, où elles peuvent bénéficier d'une main
d'œuvre formée et bon marché, explique le Catalan, citant l'exemple du digital avec des start-up comme
ManoMano. Reste que la pandémie a fortement impacté la capitale de la Catalogne, qui n'a pas encore
récupéré le nombre de visiteurs de 2019, dans un pays où le tourisme représente 13 % du PIB. Ainsi, la ville
qui avait élu la maire Ada Colau pour lutter contre la prédation des agences touristiques sur le centre a
aussi pris conscience de sa dépendance envers les touristes. Et cherche aujourd'hui à miser sur la qualité
plus que sur la quantité.
MALAGA, PARADIS
DES TÉLÉTRAVAILLEURS
UNE VISION DU TRAVAIL
COLLABORATIVE
Antony Dumas (PGE 92), CEO et fondateur de Webedia
Spain (entreprise spécialisée dans les médias en ligne)
Fin 2014, Antony Dumas rentre en France après six ans
au Brésil où il avait suivi son épouse, embauchée chez
PSA : « J'y avais lancé la filiale brésilienne d'allocine.fr, ce
qui m'a permis de rebondir chez Webedia qui venait de
le racheter », explique-t-il. En charge du développement
international, il propose de dupliquer le modèle de
l'entreprise en Espagne où il part en janvier 2016 : « Je
parle espagnol et j'avais beaucoup voyagé dans le pays.
Ce que j'y avais vu correspondait à mes aspirations :
une mentalité plus souple et ronde, des opportunités
intéressantes, la proximité avec la France et le fait que
les trimestres travaillés comptent pour ma retraite »,
détaille-t-il. À la tête d'une équipe de 200 personnes,
il gère les sites d'allocine.fr, jeuxvideo.com et purepeople.
com, mais aussi une agence de représentation d'influenceurs
: « C'est très agréable de travailler avec des
Espagnols, ils ont une vision collaborative et il y a une
admiration réciproque entre nos deux pays », affirme-t-il.
Autres traits caractéristiques des Espagnols selon lui,
une forte résilience et un optimisme en dépit des
épreuves : « La crise de 2010 a été suivie par un taux de
chômage de 25 % et des années très difficiles. Mais les
liens familiaux sont forts, ce qui permet d'amortir les
chocs », ajoute-t-il.
- 40 - NEOMA ALUMNI mag MARS 2022
Concha Mendez (CESEM 02), Senior Talent Acquisition
Specialist, Western Europe at Hill International
Après de nombreuses expériences d'expatriation avec
Stanislas Mainfroy en Europe et en Afrique du Nord,
Concha Mendez se laisse convaincre par ce dernier de
se rapprocher de sa famille, à Malaga : « J'avais quitté ma
ville natale à dix-sept ans et à l'époque la ville n'était pas
très internationale, donc j'y suis allée un peu à reculons
», raconte celle qui aurait préféré se rapprocher de
sa belle-famille à Paris. Six ans plus tard, elle ne regrette
pas d'avoir suivi son mari : « La ville s'est énormément
internationalisée grâce à l'arrivée des entreprises IT, il y
a un lycée français, de nombreux musées et même un
théâtre Broadway ouvert par Antonio Banderas »,
détaille-t-elle. Et bien sûr un climat idéal, de nombreux
espaces verts pour les loisirs et la plage. Pour autant, en
dehors du secteur de la tech, il n'est pas évident d'y
trouver un poste intéressant, c'est pourquoi beaucoup
comme Concha Mendez et son mari ont opté pour le
télétravail : « Quand j'ai postulé pour mon emploi actuel,
j'ai annoncé d'emblée que je souhaitais travailler à
distance. Sur le marché local j'aurais eu du mal à trouver
un travail rémunéré à la hauteur de nos études avec une
composante internationale », explique-t-elle.
Témoignages recueillis par Pauline Bandelier
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