NEOMA Alumni Mag - N°33 - Décembre 2022 - 79

Accueillir davantage de
diversité sociale en prépas
permettrait de renforcer
l'ascenseur social et d'élargir
l'accès aux grandes écoles.
aux écoles normales supérieures est très limité. Et
n'oublions pas que ce qui a été appris en classes
préparatoires l'est pour toujours : des méthodes de
travail, une capacité à problématiser et à résoudre
des problèmes complexes, des compétences à
l'oral (à travers les « khôlles »), et, très souvent, la
découverte de son potentiel. En somme, des atouts
pour toute la vie.
N'oublions pas non plus que les prépas forment à
des matières dites « fondamentales » et que,
contrairement à la plupart des études supérieures,
ces matières sont multiples : mathématiques,
humanités, compréhension du monde (via des
enseignements de sciences de géopolitique,
d'histoire ou d'économie) pour les prépas économiques
et commerciales, mathématiques, sciences
physiques et chimie pour les math sup, ou encore
littérature, philosophie, histoire et géographie
pour les khâgnes, langues pour toutes les
prépas... matières fondamentales variées qui
seront ensuite complétées par un enseignement
« orienté métiers » dans les grandes écoles de commerce
et d'ingénieurs.
COMPRÉHENSION DU MONDE ET MÉTHODES
DE TRAVAIL
Ce parcours en deux phases distinctes et complémentaires
n'est pas une exception française. C'est
déjà une organisation qui prévaut dans les grandes
universités anglo-saxonnes : à Oxford ou Cambridge,
on étudie les humanités (« Liberal Arts »),
parfois le grec ancien, avant de se destiner à une
carrière en finance ou dans le conseil. Aux ÉtatsUnis,
le « College » est en général très ouvert et
pluridisciplinaire les premières années, et c'est
souvent dans un second temps, au niveau Master,
que les étudiants s'orientent vers des « Law
schools », « Medical schools » ou « Business
schools ».
Autrement dit, en France avec la prépa, comme
dans le monde anglo-saxon avec des enseignements
d'abord pluridisciplinaires et ouverts sur le
monde, l'objectif est d'abord de former des jeunes
gens aptes à comprendre le monde, polyvalents,
ayant d'excellentes méthodes de travail, avant de
les former au management ou au métier d'ingénieur.
RATTRAPER
LE RETARD ET RÉALISER
SON POTENTIEL
Sans doute convient-il donc de s'interroger sur le
sens de ce mot « préparatoire » : à l'image du CP, qui
prépare à l'enseignement primaire en apprenant à
lire, à écrire et à compter ; les classes prépas préparent
à l'enseignement supérieur, en apprenant à
apprendre par soi-même et à pousser plus loin sa
réflexion personnelle.
À cet égard, contrairement à de nombreux
clichés et comme le montrent certaines études, les
prépas permettent aux étudiants issus des classes
sociales les moins favorisées de rattraper le retard
accumulé dans le secondaire et de réaliser leur
potentiel : ils bénéficient du taux d'encadrement
exceptionnel offert par la prépa, des méthodes de
travail, de leur environnement stimulant, et y
trouvent la rampe de lancement qui leur permettra
de réussir leurs études supérieures.
Reste à y accueillir davantage d'étudiants de tous
milieux et à y renforcer encore la diversité sociale
qui nous est chère : les classes préparatoires
accueillent aujourd'hui 26 % de boursiers, tandis
que le taux dans le supérieur est d'environ 38 %.
Accueillir davantage de diversité sociale en prépas
permettrait donc de renforcer l'ascenseur social et
d'élargir l'accès aux grandes écoles.
Delphine Manceau
Julien Manteau
L'objectif des prépas est
d'abord de former des jeunes
gens aptes à comprendre le
monde, polyvalents, ayant
d'excellentes méthodes
de travail, avant de les former
au management ou au métier
d'ingénieur.
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