ParaMag - n°305 - Octobre 2012 - 25

pionnat du monde touchait à sa fin. Il passa quelques temps avec la délégation américaine pour discuter avec Airspeed et les Golden Knights juste après la dernière manche qui les couronna champions du monde. Dan BC, membre du 4 US, raconte sur son blog danbrodsky-chenfeld.com ce moment exceptionnel partagé avec l’astronaute : « Vous êtes incroyables ! confia Neil Armstrong aux membres d’Airspeed. Je ne peux pas croire tout ce que vous faites là-haut ! C’est étonnant, prodigieux. Félicitations pour votre victoire ! Vous nous rendez tous très fiers. - S’il vous plaît Monsieur, répondit Dan BC, avec tout le respect que je vous dois, est-ce que vous plaisantez ? Vous êtes Neil Armstrong. Non seulement vous avez marché sur la Lune, mais vous avez été le premier à le faire, en 1969 ! J’avais 7 ans et j’étais collé à la télévision pour vous regarder. Je pense qu’aucun être humain ne pourra réaliser à nouveau un tel exploit. »

La photo manquée
Moi qui écris cet article, j’en ai une bonne à vous raconter. J’étais également présent aux championnats du monde en Turquie. Comme Bruno Brokken, je travaillais pour cette société de production afin de filmer les équipes de toutes les disciplines pour le documentaire en question. Absorbé et occupé à être dans un max d’avions pour filmer les compétiteurs, je n’ai pas su que Neil Armstrong était présent sur le site durant une journée. Pour leur dernière manche à 8, je suivais les Golden Knights afin de les filmer dans l’avion et durant leur saut. J’ai encore les images à l’esprit du «slave driver» Scott Rhodes debout sur la rampe du Casa. Jambes écartées, mains aux hanches, sa longue silhouette se dessinait en contre-jour sur la lumière extérieure. Il regardait ses hommes assis et profondément plongés dans le rituel de leur concentration. Puis, sèchement, il leur donnait quelques dernières recommandations. Après un dernier saut carré, les Golden Knights atterrirent dans le cercle d’honneur formé par leurs supporters ainsi que par bien d’autres. Embrassades, félicitations, puis les Knights se sont regroupés pour les traditionnelles photos après le saut de la victoire. Tour à tour, des personnes importantes ou représentatives pour les Golden Knights venaient se joindre aux champions pour une photo.

Ces dernières années, les événements aéronautiques importants furent souvent médiatisés en compagnie de Neil Armstrong. On le voit ici aux côtés de Felix Baumgartner qui a sauté à 29 610 mètres, en juillet dernier, dans le contexte du projet Red Bull Stratos qui aboutira très certainement à un nouveau record du monde de saut en altitude.

Neil Armstrong à l’embarquement
En 97, le déjà très célèbre photographecaméraman Bruno Brokken était présent aux championnats du monde afin de réaliser des images pour une société de production en charge du documentaire de l’événement. Bruno accompagnait Neil Armstrong afin de l’emmener dans le Cessna Caravan qui allait larguer des équipes de freefly pour une manche des championnats. « Il y avait du monde à l’embarquement, raconte Bruno. Bien que les choses se soient faites discrètement, pas mal de gens avaient compris que Neil Armstrong allait faire une montée en avion avec des compétiteurs, à la demande du producteur en charge du documentaire. Armstrong était connu pour éviter de signer des autographes, mais cette fois il s’était prêté au jeu, sans doute parce qu’il était sollicité par des parachutistes. Certains avaient amené à l’embarquement carnet de saut et stylo qu’ils tendaient fiévreusement à l’astronaute. D’autres avaient récupéré ici ou là des markers pour avoir un autographe sur leur casque. (Dommage pour ceux qui ne se sont pas rendu compte qu'ils avaient récupéré des markers de tableau effaçables à sec...) J’emmenais donc Neil Armstrong vers l’avion et j’étais en charge de redescendre avec lui après le largage. Avant de grimper dans le Caravan, j’ai vite arraché un marker des mains de quelqu’un, avec la ferme intention d’avoir moi aussi un autographe du héros sur mon casque. Je devais redescendre avec lui, mais j’avais quand même pris mon casque avec tout le matos caméra afin de faire quelques images de lui dans l’avion,

Comme plusieurs autres photographes, j’étais là, en face de l’équipe pour prendre les photos les plus intéressantes. Puis un homme s’est avancé à son tour, il avait l’air simple et modeste, très souriant également. Je n’avais jamais vu ce type dans le milieu para. Il m’était inconnu. J’ai pensé que c’était un officiel de la ville d’Efes ou un quelconque représentant de l’aéroport. Je me suis dit aussi qu’il se sentait important parce qu’il s’éternisait tant soit peu avec l’équipe. Je me souviens même avoir pensé «C’est bon maintenant, casse-toi !» Le temps me paraissait d’autant plus long car, comme la pellicule 24x36 était encore loin du numérique à cette époque, j’avais choisi de l’économiser et de ne pas prendre de photo de cet illustre inconnu qui s’attardait avec les Knights. Quelques heures plus tard, j’apprenais que l’illustre inconnu n’était autre que Neil Armstrong… n

NASA

«J’ai sauté deux fois, mais c’était sans le vouloir» avait répondu Armstrong à Bruno Brokken, en Turquie… Voici la photo d'un de ses 2 sauts. En 1968, il s’entraîne pour la mission Apollo 11 qui emmènera son équipage sur la lune. Suite à une malfonction survenue à très basse hauteur, Neil Armstrong doit s’éjecter in extremis d’un module simulateur d’alunissage, juste avant que celui-ci se crash et explose, comme le montre cette image tirée d’un film 16mm. En tant que pilote, Neil Armstrong était connu pour son sang-froid à toute épreuve. Selon la NASA, il a posé le LEM sur la lune en pilotage 100% manuel et à vue, le système de guidage étant défaillant (Buzz Aldrin lui dictait simplement les données d'altitude et de vitesse), en évitant un cratère de 30 m de diamètre, et à la limite de la panne sèche (il restait 25 secondes de carburant au moment du contact avec le sol lunaire). De là à dire qu'ils se sont "vachés", il n'y a qu'un pas (grand ou petit) que nous ne franchirons pas !

Red Bull Stratos

pour la production. Après le largage des équipes de freestyle, alors que l’avion était tranquillement en descente, j’ai vaillamment demandé à Neil Armstrong de signer mon casque. Puis je lui ai demandé si, le fait de voir les parachutistes quitter l’avion, ça ne lui donnait pas envie de sauter. Il me répondit qu’il avait déjà sauté deux fois, mais que c’était sans le vouloir… »

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