ParaMag - n°308 - Janvier 2013 - 42

MONDIAL 2012

Lors du jugement, la quasi-totalité de la délégation française est autour de nous. L’annonce du résultat est un shoot d’adrénaline. Des cris de joie, des larmes, beaucoup de larmes dans les bras des uns des autres. Je ne sais plus où j’habite, je suis sur un nuage ! Et je finis dans les bras de mon papa, venu pour l’occasion. (NDLR : Le papa de Stéphanie est le très connu Jean Texier). Que se passe t-il dans ta tête au moment du break de la 10ème manche et durant les quelques secondes de dérive qui suivent ? Stéphanie : Ce fut pour moi comme une pause dans le temps, une poignée de secondes suspendues entre ciel et terre. J’ai croisé le regard complice de mes coéquipières, je ne réalisais pas encore, j’y ai lu de la joie, je ne réalisais toujours pas. Je suis partie en dérive et petit à petit je me rendais compte qu’avec le saut que l’on venait de faire, il était invraisemblable que les Américaines nous reprennent 5 points ! À l’ouverture, j’explosais de joie et l’impatience m’envahissait : me poser, retrouver mes coéquipières et surtout… voir le jugement ! L’Équipe de France Militaire de Parachutisme (EFMP) et ses dirigeants sont évidemment fiers de toi. Comment s’est manifesté leur soutien durant la compétition ? Stéphanie : Une grande partie le l’EFMP était sur place, nous avons pu nous soutenir mutuellement pour nos sauts respectifs. Ceux qui étaient restés en France nous ont soutenues par le biais de messages, essentiellement via Facebook et par SMS. Je pense qu’effectivement ils sont fiers de moi, mais c’est un résultat qui, personnellement, a aussi pris sa source au sein de l’entité que représente l’Équipe de France Militaire de Parachutisme. L’EFMP est mon travail, mon quotidien, ma vie. Grâce à ceux qui constituent l’EFMP, grâce à leur soutien et leur énergie, j’ai pu donner le meilleur de moi-même et m’engager totalement dans cette extraordinaire aventure.

Phoebus Communication pour la FFP

un bonheur décuplé par l’annonce de notre score de 30 points qui nous projette à 5 points devant nos adversaires. Je sens que la victoire est à portée de main, mais il faut retenir toutes les émotions positives tant que le 10ème saut n’est pas effectué. Cette manche 10 ne présente aucun souci technique pour nous. Nous partons à l’embarquement confiantes, portées par l’enthousiasme de tous ceux qui nous accompagnent jusqu’à l’avion. Cette énergie me donne des ailes.

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Rémy Grancler, vidéoman irréprochable du VR4 féminin, et sa coéquipière Perrine.

Parallèlement à l’EFMP, il y a eu les encouragements de toute la communauté parachutiste française. Les nombreux messages nous ont portées vers la victoire. Un grand MERCI à tous.

ParaMag : Jusqu’à la 7ème manche, les Knights ne fléchissent pas. Le titre de championnes du monde n’était pas gagné d’avance pour vous. Comment as-tu vécu cette pression ? Perrine : Nous savions que cette compétition serait difficile. Nous avons eu un parcours semé d’embûches et nos derniers sauts d’entraînement de Deland n’étaient pas des plus rassurants. En parallèle, les Américaines s’étaient montrées très régulières aux nationaux US. Nous avons fait seulement deux sauts d’entraînement à Dubaï, mais deux bons sauts… parfait pour nous mettre en confiance ! Personnellement, je me sentais bien pour cette compétition, contrairement à la coupe du monde 2012 à Saarlouis où j’avais beaucoup plus de pression car c’était ma première grosse compétition. Cette année, je me suis sentie plus forte techniquement et j’avais confiance en moi. «Non je ne ferai pas d’erreur, je serai solide !» et je m’en suis persuadée. À Dubaï, mon stress fut modéré et je me suis sentie en pleine possession de mes moyens. Nous n’avons pas commencé par un premier saut très brillant, mais j’ai senti que les Golden Knights étaient prenables, à condition que nous ne fassions plus de faute. Nous étions capables d’être plus rapides. Nous avons ensuite abordé chaque saut un par un, concentrées, attentives à tous les pièges possibles, en ne laissant rien au hasard et en ayant conscience des difficultés de chaque

Perrine Sanchez

manche. Puis, nous avons fait de bons sauts, réguliers et nous étions au coude à coude avec les Américaines. Rémy était au top de sa forme, les vidéos étaient parfaites. Pas un seul instant nous n’avons douté de lui, ce qui était déjà très rassurant. La pause entre Deland et Dubaï fut bénéfique et a permis de faire mûrir tout ce que nous avons travaillé. Alors que nous tenions tête face aux Américaines, je me suis dit : «Et si nous étions prêtes juste au bon moment, en état de grâce recherché par tout sportif de haut niveau dans sa préparation ? J’y crois, nous pouvons le faire. Il faut tenir et ne pas se faire rattraper par nos vieux démons.» Quelle émotion as-tu ressentie durant le tournant de cette compétition quand à la 8ème manche, vous passez devant les USA de 1 point ? Perrine : La journée des manches 7 et 8 fut incroyable. Avec comme tirage C-G -1A, la 7ème manche présentait des pièges car Amélie était en cater dans mes jambes tout du long, avec donc des lâchers/reprises systématiques. Nous savions qu’il fallait que le rythme du saut et les flashs soient clairs. Malgré un début de saut très bon, on patauge sur la fin. Il en résulte une fin de saut catastrophique avec des fautes et des pertes de temps importantes. Au posé c’est la désillusion, je suis dépitée, on risque de perdre sur cette manche. La rumeur court que les Américaines ont également fait un mauvais saut. Et nous repartirons pour la 8ème manche sans en savoir plus. Boostées par l’idée de gommer le raté de cette 7ème manche, nous ferons un 8ème saut très satisfaisant, avec 3 blocs, ce qui n’était pourtant pas notre «spécial».

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